Destination l'île Maurice pour écoles et universités françaises

Murielle Wolski Publié le
Destination l'île Maurice pour écoles et universités françaises
Le site de l'Education Village à l'île Maurice // DR // © 
Attirées par le projet d'"Education Village" du gouvernement local et du groupe privé Medine, universités et grandes écoles françaises ont trouvé un nouveau port d'attache : l'île Maurice.

C'est signé : Centrale Nantes va ouvrir une implantation à 10.000 km de Paris. À l'île Maurice, sur un campus flambant neuf entre ciel et mer bleus. "L'idée est de faire venir des étudiants d'Afrique, explique son directeur, Arnaud Poitou. Avec une offre bachelor et master pour coller à ce qu'attend le marché." Première rentrée pour ce nouveau bachelor en ingénierie prévue en septembre 2015.

Ce n'est pas le seul établissement français à opter pour cette destination paradisiaque. Certains sont même déjà sur place. Ainsi, l'Essec a déjà diplômé deux promotions d'un executive education pour répondre aux demandes d'entrepreneurs locaux et va compléter son offre en 2016 avec un Bachelor in Business Administration. L'offre de l'ESCP Europe se focalise sur un master spécialisé "Strategy & organisational consulting", ouvert depuis février 2014. Salles de classe et amphithéâtre ont vu le jour en quelques semaines. Autre établissement : Vatel, spécialisé dans l'hôtellerie et le management, qui compte actuellement 250 étudiants inscrits.

Un "Education Village" en construction

En deux ans, l'"Education Village" mauricien a pris forme. L'idée de départ ? Dans un souci de diversification de l'économie locale, le gouvernement mauricien table sur la création d'un "Education Knowledge Hub", en direction de l'Afrique. Un projet de longue haleine, porté à 100% par un promoteur privé, Medine, spécialisé jusque-là dans l'agriculture, les loisirs et le tourisme, et l'immobilier."L'accès pour les étudiants africains aux études en Europe ou aux États-Unis est de plus en plus compliqué, détaille Thierry Sauzier, numéro deux de ce groupe centenaire. C'est trop coûteux. Et les restrictions en matière de visas de plus en plus prégnantes. Or l'île Maurice peut offrir autre chose que des cocotiers." 2.500 m² de bâtiments sont déjà sortis de terre pour ce projet d'envergure. 3.000 m² sont en cours de construction. 

Les établissements français ont été les premiers à répondre positivement à l'appel du gouvernement mauricien. Outre l'Essec, l'ESCP Europe et Vatel déjà sur place, des négociations sont en cours, à différents stades d'avancement. Ainsi, l'université Paris 2-Panthéon-Assas a prévu de lancer une licence en droit en septembre 2015, l'université Paris-Descartes des formations en médecine, pharmacie, pour les sages-femmes et les infirmiers. SupInfo (informatique), l'école Ferrandi (gastronomie) ou bien encore l'Isit (management interculturel et traduction) devraient s'ajouter à cette liste franco-française, aux côtés des universités britanniques de Coventry et du Middlesex. Un homme est à l'origine de cette omniprésence tricolore : Pierre Tapie. L'ancien directeur de l'Essec et de la Conférence des grandes écoles a joué "les entremetteurs". "Il nous a donné accès aux plus hautes instances", confie Thierry Sauzier.

Avec des cursus qui seront payants et une attente du marché africain, l'offre avait de quoi séduire universités et écoles françaises. Quant au groupe Medine, il compte sur ce pôle pour développer ensuite des programmes immobiliers pour loger ces nouveaux Mauriciens, de nouvelles infrastructures culturelles, sportives... Son retour sur investissement est étalé dans le temps. Mais, déjà, l'Education Village s'attèle à l'étape suivante : les universités américaines. 

8.000 "bacheliers" mauriciens

Quel marché pour les établissements français qui s'installent à l'île Maurice ? 8.000 jeunes Mauriciens décrochent chaque année l'équivalent du baccalauréat. 47% entament des études supérieures. Et l'objectif fixé par le gouvernement de cette jeune république, indépendante depuis 1968, est d'atteindre les 70% d'ici à quinze ans.

Murielle Wolski | Publié le