Ostéopathie : vers une diminution du nombre d'écoles

Virginie Bertereau Publié le
Les nouveaux critères d’agrément des écoles d’ostéopathie, attendus depuis 2012, seront bientôt publiés. Le projet de décret est en cours d'examen en Conseil d'état. Plus contraignants, ils devraient engendrer une diminution du nombre d’établissements délivrant le diplôme d’ostéopathe, ainsi que du nombre de diplômés.

Remise à plat dans la formation en ostéopathie. Le décret dans lequel figureront les 24 nouveaux critères d'agrément des écoles, garants de la qualité de la formation dispensée, est attendu en février 2014. Le projet est en cours d'examen au Conseil d'État.

En attendant, le ministère des Affaires sociales et de la Santé en a envoyé une présentation aux établissements “afin de leur permettre d'anticiper ce changement de réglementation et de s'y préparer le plus en amont”. “Les critères, plus exigeants qu'auparavant, portent sur la qualification des enseignants, l'encadrement, la formation pratique clinique – notamment le nombre minimal de consultations à effectuer –, les locaux, l'évaluation des compétences, l'insertion professionnelle, etc.", indique Roger Caporossi, vice-président du SNESO (Syndicat national de l'enseignement supérieur en ostéopathie). On se rapprocherait ainsi du décret des chiropracteurs.

Par ailleurs, la durée des études devrait être fixée à 5 ans (soit la durée de validité des agréments) contre 3 à 6 années actuellement, conformément aux recommandations de l'OMS (Organisation mondiale de la santé). En revanche, il n'y aura toujours pas de diplôme d'État à la clé (un master d'ostéopathie, par exemple), car la formation n'est pas universitaire. Un référentiel du métier a lui d'ores et déjà été rédigé.

Vers Une quinzaine d'écoles d'ostéopathie ?

Cette réforme fait suite notamment au rapport de l'IGAS (Inspection générale des affaires sociales) de 2010, publié en 2012 après de longs mois passés sur le bureau du ministre de la Santé... Du reste, l'IGAS pourrait se voir confier la distribution des agréments et le contrôle des formations.

La plupart des écoles, dont les agréments en cours expirent à la rentrée 2014, vont être obligées de se mettre à niveau et de déposer de nouveaux dossiers pour le mois d'avril. Certaines, comme Ostéobio et Atman, dont les agréments ont été renouvelés plus récemment, en sont dispensées... pour le moment.

Quels établissements devraient obtenir le précieux sésame pour la rentrée ? “Les écoles qui ont probablement le plus de chances d'obtenir un agrément sont celles qui ont noué des partenariats avec l'université, sont inscrites au RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) au niveau 1, ont signé la charte Erasmus... Bref, celles qui se sont inscrites très tôt dans une dynamique de qualité. Soit entre 10 et 15 écoles en formation initiale”, estime Philippe Sterlingot, président du SFDO (Syndicat français des ostéopathes). Une trentaine d'établissements en formation initiale étaient jusqu'ici agréés.

Moins d'ostéopathes sur le marché

Que vont devenir les étudiants des écoles qui vont perdre leur agrément ? “Le ministère demande à ce qu'aucun d'entre eux ne soit laissé sur la route”, confie Roger Caporossi. “Les écoles agréées seront obligées d'intégrer ces étudiants en priorité, dans l'année de formation qui leur paraîtra la plus adaptée et dans la limite des capacités d'accueil”, déclare David Dessauge, directeur adjoint d'Ostéobio. Pas simple à organiser, puisque la liste des écoles agréées ne sera publiée qu'en juillet 2014.

Prochaine étape : après le décret sur les agréments viendra celui sur le référentiel de la formation, au printemps, ainsi qu'une réflexion sur les passerelles avec les autres formations en santé.

À terme, cette réforme, qui vise à mieux cadrer la formation d'ostéopathie, devrait également aboutir à un nombre de professionnels plus adapté aux besoins de la population française. “Aujourd'hui, un peu plus de 2.000 ostéopathes s'installent chaque année. Il ne faudrait pas plus de 700 à 800 diplômés par an. Si rien n'était fait, nous risquerions d'assister à une régulation économique du secteur, alors que cette réglementation devrait permettre une sélection des écoles sur des critères de qualité”, assure Philippe Sterlingot. Et d'ajouter : “Ce qui va se jouer va modifier le paysage de l'ostéopathie.”

Virginie Bertereau | Publié le