Écoles et universités dans la French Tech connection

Sophie Blitman Publié le
Écoles et universités dans la French Tech connection
Salon Blend Web Mix 2014 à lyon, le 30 octobre 2014 // ©  Laurent Cérino / R.E.A
Davantage d'échanges avec les entreprises du numérique, notamment les start-up, une image plus moderne, voire des subsides indirects. Écoles et universités implantées dans des villes French Tech en attendent des retombées qui vont bien au-delà du label.

"Faire de la France entière un vaste accélérateur de start-up" en s'appuyant sur "un réseau de quelques écosystèmes attractifs" : tel est l'objectif de la French Tech, initiative portée par Axelle Lemaire, la secrétaire d'État au Numérique. Neuf "métropoles French Tech" (Aix-Marseille, Bordeaux, Grenoble, Lille, Lyon, Nantes, Montpellier, Rennes et Toulouse) ont été labellisées, le 12 novembre 2014. Une distinction qui n'apporte pas de subventions supplémentaires mais consacre à la fois un potentiel et des actions dans le domaine du numérique, assortis à une culture de l'entrepreneuriat.

Pour les établissements d'enseignement supérieur des villes lauréates, la reconnaissance est aussi celle de la formation et de la recherche : "Acteur incontournable du numérique nantais, l'université se place au cœur du projet Nantes Tech' porté par la Ville", affirme son président Olivier Laboux. "Nos écoles ont contribué à l'obtention du label", estime aussi François Cansell, directeur général de l'INP (Institut national polytechnique) Bordeaux. Deux d'entre elles sont plus particulièrement impliquées dans le projet : l'ENSC (École nationale supérieure de cognitique) et l'Enseirb-Matméca, dont les plateformes constituent "l'une des briques de Bordeaux Métropole numérique", souligne ce spécialiste du transfert technologique.

Dynamique locale

Un peu partout, élaborer un dossier French Tech a renforcé les liens que les établissements d'enseignement supérieur entretenaient déjà avec les entreprises et les collectivités territoriales

logo Lyon French Tech"Une réelle dynamique s'est construite autour de cette candidature qui a rassemblé tous les acteurs concernés, dans le monde politique, académique et économique", témoigne Khaled Bouabdallah, président de la Comue (Communauté d'universités et établissements) de Lyon Saint-Étienne. “Dans le cadre de la réflexion sur la ville intelligente, des chercheurs en informatique ont travaillé avec les équipes du Grand Lyon sur les questions de circulation et de pollution, tandis que le comportement du consommateur a fait l'objet de discussions avec des chercheurs en sciences humaines et sociales."

Celui qui préside aussi l'université de Saint-Étienne observe le même élan dans sa ville, quoique celle-ci n'ait pas été labellisée : "Bien sûr, il aurait été préférable que Saint-Étienne l'emporte également. Mais des projets ont pu émerger grâce au travail engagé dans le cadre de la French Tech, en lien avec d'une part la santé, d'autre part le design. Ces thématiques ont beaucoup mobilisé et vont continuer à être soutenues par les différents acteurs".

À Nantes également, Franckie Trichet, vice-président numérique de l'université et par ailleurs adjoint au maire en charge de l'innovation, est convaincu des bénéfices en termes d'échanges. "La continuité entre une équipe de recherche qui travaille sur une technologie d'avenir et les start-up est moins marquée en France qu'aux États-Unis ou en Israël, observe-t-il. La marque French Tech va stimuler les deux univers et multiplier les passerelles entre chercheurs et start-upers."

"La marque French Tech va multiplier les passerelles entre chercheurs et start-upers."
(F. Trichet)

Attractivité renforcée

Plus largement, Franckie Trichet considère que "ce label d'exigence va nous obliger à être plus attentifs aux évolutions des métiers du numérique, et donc à nous montrer plus agiles sur notre offre de formation". Un argument de taille pour les établissements soucieux de se montrer en phase avec les besoins du marché. "Porté par des métropoles, le label est revendiqué par des entrepreneurs qui affichent cette marque sur leurs sites Web et sont de potentiels recruteurs", fait valoir le vice-président nantais.

Selon lui, les étudiants vont également être sensibles à l'aspect non institutionnel de la French Tech qui est "dans l'air du temps". "Cela donne une coloration technologique et très contemporaine, abonde Khaled Bouabdallah. Le label signale une ville bien dans son siècle, capable d'attirer des talents."French Tech - logo Bordeaux métropole numérique

De quoi changer l'image bourgeoise de Bordeaux ? "C'est un élément de plus qui montre que la ville a beaucoup évolué depuis 20 ans, elle qui se situe maintenant dans le top 5 des sites universitaires où les jeunes souhaitent étudier", affirme François Cansell. En outre, alors que la métropole aquitaine reste largement associée au vin, la French Tech met en avant des compétences high tech peu connues du grand public. Celles-ci sont en effet "fortement liées à des activités militaires sur lesquelles des entreprises comme Dassault, Safran ou Airbus communiquent peu", explique le directeur de l'INP, qui se réjouit de cette nouvelle visibilité.

Le label donne une assise plus forte pour aller capter des financements publics, notamment européens.
(K. Bouabdallah)

Retombées financières indirectes

Si le label French Tech n'apporte pas d'euros sonnants et trébuchants, les établissements d'enseignement supérieur comptent tout de même sur des retombées financières indirectes. Tout d'abord en raison des synergies mises en place : "C'est un cercle vertueux qui pourra apporter des partenariats avec des entreprises, et donc indirectement des moyens", espère François Cansell.

D'autre part, écoles et universités ne manqueront pas de brandir cet argument au moment de répondre à des appels à projets. "Cela donne une assise plus forte pour aller capter des financements publics, notamment européens", assure Khaled Bouabdallah, qui donne l'exemple du programme de recherche Horizon 2020, lié aux technologies de l'information et de la communication.

French Tech - logo Nantes TechIdem pour les Investissements d'avenir. "La labellisation de Nantes mais aussi de Rennes apporte une crédibilité pour notre dossier d'Idex (Initiative d'excellence) qui associe les deux villes et comporte un volet numérique, rappelle Franckie Trichet. Cela montre que les deux grandes métropoles de l'Ouest sont déjà connectées, au sens propre comme au figuré."

En Rhône-Alpes, c'est la stratégie inverse qui a prévalu : alors que Lyon et Saint-Étienne appartiennent à la même Comue, titulaire d'une Idex prometteuse, les deux villes ont chacune présenté leur candidature à la French Tech. "Peut-être aurait-il fallu monter un dossier unique", suggère Khaled Bouabdallah. Ou comment l'enseignement supérieur aurait pu servir d'exemple.

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