Mooc : la start-up française Unow lève 800.000 euros

Aurore Abdoul-Maninroudine Publié le
Mooc : la start-up française Unow lève 800.000 euros
Jérémie Sicsic, cofondateur de Unow // ©  Photo fournie par le témoin
Jérémie Sicsic, cofondateur de Unow, une des start-up pionnières des Mooc, compte utiliser sa première levée de fonds pour devenir un acteur majeur de la formation continue. Une collecte qui démontre le début d'une structuration d'une filière EdTech à la française.

Vous venez de réaliser une levée de fonds de 800 000 euros auprès de Bpifrance, de News Invest et d'autres business angels. Avez-vous eu du mal à convaincre les investisseurs ?

Pas du tout, ce qui est très enthousiasmant pour une première levée de fonds. Tout s'est fait très rapidement, en deux mois. Les investisseurs sont conscients que le marché de la formation à distance est en pleine croissance, et de manière plus générale, la dimension EdTech les intéresse beaucoup.

À quoi vont servir ces 800.000 euros ?

Notre objectif est de devenir le leader français des Mooc professionnels. À l'origine, Unow était plutôt sur les Mooc académiques. Nous avons collaboré avec HEC, Centrale Lille, Grenoble École de management ou encore l'Institut Mines-Télécom... Mais les grandes écoles et les universités sont de plus en plus autonomes et tendent à développer en interne les ressources nécessaires pour créer elles-mêmes leurs Mooc.

À côté, notre activité d'édition de contenus à destination des entreprises monte en puissance. C'est ce que nous appelons les Spoc (Small private online courses), que nous avons regroupés dans notre marque "Captain Spoc". Ce sont des Mooc prêts à l'emploi que nous avons créés, mais qui ne sont pas en libre accès, et pour lesquels les entreprises peuvent acheter une session privée afin de former un petit nombre de collaborateurs. Nous constatons une vraie maturité des entreprises sur le sujet. Nous avons déjà comme clients BNP Paribas, Total, Safran...

Nous sommes convaincus que le principal levier de croissance de la formation à distance réside dans la formation continue, qui représente 13 milliards d'euros en France ! Les établissements d'enseignement supérieur en ont d'ailleurs conscience. Beaucoup d'écoles viennent nous voir précisément pour concevoir des Mooc de formation continue qu'elles souhaitent vendre aux entreprises.

Quel est votre business model actuellement ?

Une première source de revenus est issue de la création de Mooc en partenariat avec des établissements d'enseignement supérieur. Nous avons un savoir-faire qui va de l'ingénierie pédagogique à la monétisation du Mooc, en passant par la production de contenus et l'hébergement sur notre plateforme. En cela, nous sommes profondément différents de Coursera ou de FUN (France Université Numérique), qui sont seulement des plateformes d'hébergement.

La vente de sessions privées aux entreprises constitue une deuxième source de revenus. Celles-ci peuvent acheter nos Spoc ou des licences pour l'utilisation de Mooc. La licence va permettre à l'entreprise d'avoir accès aux données de ses collaborateurs, de suivre leur avancée.

Le principal levier de croissance de la formation à distance réside dans la formation continue.

Envisagez-vous déjà une deuxième levée de fonds ?

Oui, nous l'envisageons assez rapidement, avec un objectif précis : s'internationaliser. 30% de nos 200.000 utilisateurs sont en Afrique, et il s'agit d'un public mature pour l'achat de certifications. La francophonie est pour nous un sérieux atout.

Nous voulons aussi proposer plus de cours en anglais. Nous avons déjà une forte demande des entreprises clientes qui souhaiteraient utiliser le même Mooc sur leurs sites français ou étrangers.

Comment se porte le secteur des EdTech en France ?

Nous sommes au début des EdTech en France. Le secteur est en pleine croissance, il n'y a aucun doute là-dessus, mais les start-up sont encore peu nombreuses.

Pour essayer de peser sur les enjeux publics, nous essayons de nous fédérer. Nous sommes ainsi une centaine de start-up centrées sur les problématiques RH réunies au sein du Lab RH. La problématique de la formation dans le retour à l'emploi est cruciale, et nous avons un rôle à jouer.

Autre difficulté rencontrée par les start-up : convaincre les établissements d'enseignement supérieur et les entreprises de l'intérêt de s'associer à elles. Certes, nous sommes concurrents mais, dans certains cas, nous pouvons aussi être partenaires.

Enfin, comparé aux Etats-Unis, où les levées de fonds représentent facilement des dizaines de millions, nous devons faire face à la taille du marché français. Les start-up américaines ont tout de suite accès à un marché homogène de la dimension de l'Union européenne. Malgré tout, on sent que les choses bougent en France avec, par exemple, le réseau de la French Tech, dont on est membre, et les financements Bpifrance.

Unow en 2015
Créée en 2013, par deux anciens de l'EM Lyon, Jérémie Sicsic et Yannick Petit, Unow compte, en 2015, 200.000 utilisateurs. Elle propose 25 Spoc et 15 Mooc. Elle emploie 15 salariés.
Aurore Abdoul-Maninroudine | Publié le