EdTech : Maskott joue la carte du tactile

Céline Authemayou - Mis à jour le
EdTech : Maskott joue la carte du tactile
Pour poursuivre l’amélioration de son outil, Maskott travaille en collaboration avec le laboratoire des sciences cognitives de l’université de Clermont-Ferrand. // ©  Maskott / Capture d'écran
Éditrice de logiciels et de contenus grâce à sa plate-forme numérique d’apprentissage Tactiléo, Maskott est, depuis la rentrée 2016, présente dans 7.000 collèges de France. Créée en 2004 sous l’ère des CD-ROM éducatifs, la start-up auvergnate s’attaque désormais au marché de l’enseignement supérieur. Suite de notre série “Les EdTech françaises”.

Près de 7.000 collèges, 70.000 enseignants, 2,4 millions de collégiens… et maintenant les étudiants. Pascal Bringer prend un plaisir non feint à égrener ces quelques chiffres. Le fondateur de Maskott n’est pas peu fier de la réussite de sa société. Installée au Puy-en-Velay (43), cette dernière compte aujourd’hui une trentaine de collaborateurs et des bureaux à Lyon (69), Paris, Porto (Portugal). “Et peut-être bientôt aux États-Unis”, sourit l’entrepreneur, qui avait fait le déplacement à Las Vegas début 2017, pour participer au très couru CES (salon mondial des nouvelles technologies).

La petite structure auvergnate est à la fois éditrice de logiciels et de contenus. Elle propose ses services à tous les secteurs éducatifs, du collège à la formation continue, en passant par l’enseignement supérieur. Grâce à sa plate-forme pédagogique Tactiléo, Maskott permet aux enseignants de créer leurs propres cours sur outil numérique, et met également à leur disposition des ressources dans différentes disciplines, élaborées par ses propres équipes.

Du CD-ROM à la plate-forme numérique

En 2004, Pascal Bringer n’est encore que professeur de biologie en lycée lorsqu’il imagine Maskott. Il cherche alors à faire évoluer ses cours et crée des CD-ROM éducatifs, qu’il met à disposition de ses élèves et de ses collègues. La greffe prend. Au fil des années, il élargit le spectre à d’autres matières que la biologie et balaye tous les programmes du collège et du lycée.

Mais un événement va changer la donne. En 2013, plusieurs écoles du Puy-en-Velay sont équipées de tablettes tactiles. “Nous avons très vite observé qu’aucun contenu pédagogique, qu’aucune interface n’avaient été conçus pour s’adapter à ce nouveau matériel, se souvient Pascal Bringer. L’arrivée du tactile dans les classes a soulevé la question des usages.”

La start-up répond alors à l’appel à projets e-Éducation, lancé par le ministère de l’Éducation nationale dans le cadre des Investissements d’avenir. C’est ainsi que naît, en 2013, l’interface tactile Tactiléo, portée par la petite entreprise qui ne compte alors que quatre salariés.

Aux côtés des gros éditeurs du marché

En septembre 2016, après 2,5 millions d’euros de budget propre consacrés à la recherche et au développement, Tactiléo a fait son entrée dans 7.000 collèges de France. Suite à l’appel d’offre banque de ressources numériques pour le collège, lancé par le ministère de l’Éducation, Maskott s’est vu confier la réalisation de contenus pédagogiques pour les élèves de cinquième, quatrième et troisième, en physique-chimie, SVT et technologie. Elle a pour cela fait appel à une cinquantaine d’enseignants. Les cours ainsi créés sont hébergés sur la plate-forme Tactiléo. Une manière habile de promouvoir les deux savoir-faire de l’entreprise : contenu et contenant.

La start-up travaille ainsi avec les gros éditeurs du marché, à l’image de Hatier ou encore de Didier. “Pour nous, décrocher un tel marché est un gage de rigueur et un réel atout pour aller rencontrer de nouveaux partenaires”, concède Pascal Bringer, qui a déjà remporté, avec Maskott, trois appels à projets ministériels, dont un e-fran, il y a quelques mois.

Vers l’adaptive learning

Non contente d’avoir poussé les portes des collèges, l’entreprise s’attaque désormais à un nouveau marché, celui de l’enseignement supérieur. Elle a lancé à l’automne 2016 une nouvelle version de Tactiléo, baptisée Tactiléo pro. De nouvelles fonctionnalités ont été ajoutées à la plate-forme d’apprentissage originelle. Les enseignants peuvent créer du contenu, le diffuser en amphi sans avoir besoin d’une connexion Internet et aussi proposer des sondages et des exercices en ligne. Les étudiants, quant à eux, peuvent interagir sans avoir aucune application à installer sur leur smartphone.

L’Institut d’ostéopathie de Rennes (35) utilise d’ores et déjà la plate-forme, c’est également le cas de l’ESC Clermont (63), de l’école Michelin, à Clermont-Ferrand (63) ou encore de l’Esepag (École supérieure européenne de packaging), rattachée à l’université Clermont-Auvergne.

Nous voulons permettre aux étudiants
de consommer leur formation
comme ils consomment leur musique.
(R. Gibert) 

“Nous souhaitions créer un outil très portable, nomade, en limitant au maximum les contraintes techniques, explique Romain Gibert, responsable commercial chez Maskott et recruté il y a quelques mois pour développer l’activité enseignement supérieur. Nous voulons permettre aux étudiants de consommer leur formation comme ils consomment leur musique.” Selon les demandes de ses clients, Maskott peut uniquement fournir la plate-forme, mais elle offre également la possibilité de créer des ressources, selon les besoins des établissements.

Pour poursuivre l’amélioration de son outil, Maskott travaille en collaboration avec le laboratoire des sciences cognitives de l’université de Clermont-Ferrand, avec lequel elle est partenaire du projet primé par e-fran. Ensemble, ils réfléchissent à un système éducatif prenant mieux en compte l’hétérogénéité scolaire des classes. Pour cela, l’entreprise mise sur l’adaptive learning et l’intelligence artificielle. Elle accueille deux doctorants spécialisés en sciences cognitive et data sciences, pour plancher sur ce projet de R&D de quatre ans. “Nous voulons aller encore plus loin dans la personnalisation de l’apprentissage, avec un seul et unique objectif : aider les élèves à apprendre”, précise Pascal Bringer. Du CD-ROM éducatif à l’application numérique adaptative, il n’y a qu’un pas…

Céline Authemayou | - Mis à jour le