Entrée à l'université : début de mobilisation timide contre la réforme

Laura Taillandier Publié le
Entrée à l'université : début de mobilisation timide contre la réforme
La manifestation parisienne a réuni entre 2.400 et 10.000 lycéens et étudiants, jeudi 1er février 2018. // ©  erwin canard
Le mouvement contre la réforme du premier cycle gagne très doucement du terrain à l'université. Si dans certains établissements, les assemblées générales ont fait le plein d'étudiants en quête d'informations, la manifestation parisienne a été peu suivie. Reportage.

À Paris 1, jeudi 1er février 2018, quelques centaines d'étudiants se pressent pour rentrer dans l'amphi N. Objectif : avoir une place sur les bancs pour en savoir plus sur la réforme de l'entrée à l'université. En cette journée de mobilisation à l'appel d'organisations syndicales étudiantes, lycéennes et enseignantes, plusieurs assemblées générales étaient organisées dans les universités, et notamment parisiennes, avant un départ pour aller battre le pavé en début d'après-midi.

Démêler le vrai du faux

Devant l'amphi, il y a ceux qui sont venus par "curiosité" pour voir ce qui se dit derrière la double porte comme Blaise, en L1, à Paris 1. "C'est la première fois qu'il y a une mobilisation aussi importante depuis mon entrée à l'université", témoigne le jeune homme. Il y a aussi les convaincus, comme Lune qui a déjà un point de vue bien tranché sur le projet de loi sur l'orientation. "C'est important de se mobiliser. Au-delà de la sélection des lycéens à l'entrée de l'université, il s'agit aussi de la suppression du système de compensation des notes", pointe l'étudiante, en L3 d'histoire.

À Tolbiac, l'assemblée générale a réuni près de 600 étudiants, ce jeudi 1er février 2018, mobilisés contre la réforme de l'entrée à l'université.
À Tolbiac, l'assemblée générale a réuni près de 600 étudiants, ce jeudi 1er février 2018, mobilisés contre la réforme de l'entrée à l'université. © Laura Taillandier

Dans leur grande majorité, les étudiants de Paris 1 massés devant l'amphi sont surtout en quête d'informations sur la réforme, à l'image de Clémence. Avec cette assemblée générale, l’étudiante en deuxième année de géographie, compte trier le vrai du faux avant de décider si elle prendra part au mouvement étudiant.

Des moyens pour accueillir les étudiants supplémentaires

L'AG a fait le plein et les interventions se succèdent à la tribune pour "dénoncer" la mise en œuvre d'une "sélection" à l'entrée à l'université, inciter les étudiants "à participer à la mobilisation" et réclamer des moyens supplémentaires pour faire face à l'augmentation des effectifs.

"On nous annonce une super-licence, avec un suivi individualisé. Vachement cool ! Mais quand on regarde dans le détail, on s'aperçoit qu'il n'y aura plus de diplôme national. Devant l'employeur, la licence n'aura que la valeur de l'établissement dans laquelle elle a été passée", pointe Annliese Nef, maître de conférence en histoire à l'université. "On prépare la destruction de l'université telle qu'elle existe aujourd'hui", assène-t-elle avant d'être applaudie par son auditoire.

Des arguments qui n'auront pas réussi à convaincre Pierre, en première année de licence administration économique et sociale qui, à la sortie, regrette un "manque d'objectivité".

Une mobilisation qui va se poursuivre

Si certaines assemblées générales ont fait le plein selon l'Unef, comme à Panthéon-Sorbonne ou Toulouse, ils étaient peu nombreux à rejoindre le cortège de la manifestation parisienne. 2.400 manifestants selon la police et 10.000 selon les syndicats ont ainsi défilé contre la réforme. Avec un mot d'ordre : "Non à la sélection !" "Pour une première date, c'est une mobilisation réussie", estime néanmoins Hervé Christofol, le secrétaire général du Snesup-FSU. L'organisation souhaite poursuivre son travail d'information dans les universités. "La mobilisation est pour l'instant difficile chez les enseignants", concède-t-il. "Ils ne connaissent pas encore vraiment le projet et ont l'illusion qu'ils auront ainsi de meilleurs étudiants."

Du côté de l'Unef, on garde en tête l'examen du projet de loi qui n'a pas encore fini sa course au Parlement. "La loi n'est pas votée. Des modifications peuvent encore être apportées", souligne sa présidente, Lilâ Le Bas. "L'élément crucial qui doit être retiré est l'autorisation des établissements à refuser les bacheliers, une fois que les capacités d'accueil sont atteintes." Selon elle, la mobilisation étudiante "commence à prendre dans les universités". "Le discours de la ministre se heurte à la réalité de Parcoursup." L'organisation étudiante entend ainsi multiplier les assemblées générales et poursuivre sa stratégie de blocage de conseils d'administration et de commissions au sein des universités. "C'est un outil d'expression des mécontentements et cela a permis d'éviter la mise en place d'attendus plus restrictifs dans les établissements", précise Lilâ Le Bas. La prochaine mobilisation est déjà fixée au 6 février, soit la veille de l'examen en séance publique du projet de loi au Sénat.

Laura Taillandier | Publié le