Et si l'apprentissage du code réduisait les inégalités sociales ?

Hélène Labriet-Gross Publié le
Et si l'apprentissage du code réduisait les inégalités sociales ?
La Johnson C. Smith University s'est donnée pour mission d'enseigner l'informatique et l'entreprenariat aux élèves de 5 à 22 ans. // ©  plainpicture/Blend Images/Jetta Productions
REPÉRÉ DANS LA PRESSE AMÉRICAINE. À Charlotte, la Johnson C. Smith University apprend à coder aux élèves d'écoles primaire et secondaire. L'objectif ? Sortir certaines communautés de la pauvreté en leur offrant de meilleures perspectives d'avenir.

En Caroline du Nord, Charlotte est une cité de contrastes : Bank of America y a son siège social et de nombreuses start-up participent à son dynamisme. Pourtant, le deuxième centre bancaire du pays arrive en queue de peloton dans un classement établi par des chercheurs du pays, analysant la mobilité économique de 50 villes américaines. Ici, les couches pauvres de la population ont peu d'opportunités de bénéficier de l'ascenseur social.

Forte de ce constat, la Johnson C. Smith University s'est donnée pour mission de réduire ces inégalités en apprenant aux enfants et aux étudiants à coder. Dans un article publié par le site d'informations Edsurge, Terik Tidwell, directeur de l'innovation liée aux STEM (Science, Technology, Engineering, Maths) au sein de l'établissement privé, affirme que l'apprentissage du code permet d'exposer les enfants à de nouvelles méthodes de pensée. Une façon, selon lui, d'élargir leurs perspectives d'emploi et d'avenir.

1,8 million de dollars pour l'université

Cette initiative s'inscrit dans une volonté plus large de la Caroline du Nord de développer l'enseignement des STEM dans toutes ses écoles. L'objectif : fournir les qualifications nécessaires à l'économie et aux emplois de demain, dans des industries complètement transformées par les nouvelles technologies. Le ministère de l'Éducation et la fondation Kenan, qui soutient de nombreux projets éducatifs, ont ainsi alloué 1,8 million de dollars à l'université Johnson C. Smith, afin de financer l'enseignement de l'informatique et de l'entreprenariat aux élèves de 5 à 22 ans.

La démarche prend plusieurs formes, grâce à la diversité des ressources mises en œuvre. Les professeurs de l'université collaborent avec les écoles primaires et secondaires pour enseigner l'informatique dans des établissements dont les enseignants ne maîtrisent pas forcément la matière. Les étudiants de Johnson Smith proposent également du soutien scolaire.

Des centres aérés gratuits dédiés aux sciences, aux technologies, à l'ingénierie et aux maths sont proposés pendant l'été, et une "prépa" intensive de trois semaines est organisée pour les futurs étudiants de l'université, pour qu'ils se familiarisent avec leur établissement avant d'y commencer leur scolarité.

Ouverture au code, et bien plus

Au-delà de l'apprentissage de l'informatique et du code, c'est aussi et surtout toute une culture qui vise à être transmise aux élèves. Selon les acteurs du projet, ces derniers y gagnent en concentration et en résolution de problèmes de plus en plus complexes. Quand l'université reçoit des enseignants ou chercheurs d'autres pays, elle organise des rencontres avec les élèves de la communauté qu'elle soutient, afin de les exposer à des cultures, des méthodes d'apprentissage et des perspectives différentes.

Pour la Johnson C. Smith University, participer à cette démocratisation de l'informatique est un enjeu est de taille. En Caroline du Nord, les minorités représentent moins de 5 % des lycéens qui passent l'examen standardisé AP (Applied placement) en informatique, l'équivalent d'une épreuve du baccalauréat validant les connaissances de la dernière année de lycée. Une sous-représentation qu'elle entend bien transformer.

Hélène Labriet-Gross | Publié le