Études de médecine : bientôt la fin de l’eldorado belge ?

Virginie Bertereau Publié le
Études de médecine : bientôt la fin de l’eldorado belge ?
Manifestation d'étudiants en médecine en Belgique en octobre 2014 // ©  Éric Herchaft / REPORTERS-REA
En Belgique francophone, le gouvernement réfléchit à instaurer une sélection à l’entrée des études de médecine et d’odontologie dès la rentrée 2015. Si les étudiants belges seraient les premiers concernés par cette mesure, celle-ci impacterait également de nombreux recalés français aux concours de Paces en quête d’une seconde chance.

Fermeture des vannes. Jusqu'ici, les universités belges francophones ne sélectionnaient pas leurs étudiants à l'entrée des filières médecine et odontologie. Certes, les non-résidents – en particulier les Français recalés en Paces (première année commune aux études de santé) – étaient soumis à un quota (30 %) et tirés au sort. Mais aucun concours n'était organisé pour personne. L'année 2015 verra-t-elle la fin de l'eldorado ? Les débats en cours en Belgique semblent aller dans ce sens.

au bout de six ans, une sélection qui coince

En décembre 2014, Jean-Claude Marcourt, le ministre de l'Enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles, a évoqué l'introduction d'un "filtre" aux études de médecine et d'odontologie. Maggie De Block, la ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, a même parlé plus explicitement d'un "concours à l'entrée". Objectif : diminuer et contrôler le nombre d'étudiants.

La Flandre a depuis longtemps instauré un examen d'entrée à ces filières. Pourquoi la Belgique francophone s'y résoudrait à son tour ? À cause d'une autre sélection, plus tardive, à l'issue des six premières années du cursus. En effet, en Belgique, les médecins et les dentistes doivent disposer d'un numéro "Inami", qui permet le remboursement des soins prodigués aux patients, pour exercer leur métier. Sans ce numéro, ils ne peuvent "que" faire de la recherche médicale, de la médecine du travail, de l'enseignement, de l'expertise, etc. Or, un nombre restreint de numéros est octroyé chaque année aux étudiants à l'issue des six ans de formation de base. Il y a moins de numéros disponibles que de candidats... Une situation qui a provoqué des manifestations d'étudiants en médecine en Belgique à l'automne 2014. Sans réforme, en effet, "d'ici 2018, on va avoir 1.500 étudiants en surplus côté francophone", estime Maggie De Block.

des modalités À definir

Avant toute prise de décision, Jean-Claude Marcourt a réclamé un "cadastre dynamique" des médecins pour connaître les besoins réels en praticiens. Celui-ci doit être livré mi-2015. La mise en place de la sélection, annoncée pour la rentrée prochaine, en dépendrait. Tout reste à faire concernant les modalités de mise en œuvre du filtre. S'agira-t-il d'un examen d'entrée ? D'un examen en cours ou fin de première année comme en France ? Un quota de non-résidents sera-t-il maintenu ? Le gouvernement, les universités et les représentants des étudiants doivent trancher ensemble.

Les études de médecine en Belgique
Les études de médecine en Belgique durent de 9 à 12 ans. Elles débutent par deux cycles universitaires (bachelier et master). Cette formation de base a été réduite à 6 ans, contre 7 avant l'année 2012-2013. S'ensuit un cycle de spécialisation. Celui-ci dure au minimum 3 ans – par exemple pour devenir médecin généraliste – et au maximum 6 ans si l'on veut obtenir certaines spécialités comme la chirurgie. De 20 à 30 % des étudiants en médecine sont français. En général, ceux-ci retournent exercer dans l'Hexagone une fois diplômés.

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