Études de médecine : l’Allemagne assouplit les conditions d’admission

De notre correspondante en Allemagne, Marie Luginsland Publié le
Une moyenne de 1 à l’Abitur (le bac allemand), soit l’équivalent du 20/20 français, c’est jusqu’à présent la barre d’admissibilité requise pour entrer en première année de médecine dans une université allemande. Elle est appelée «numerus clausus» (1). Une barrière bien difficile à franchir pour les candidats qui n’ont plus qu’à prendre leur mal en patience. En effet, le système prévoit que chaque année d’attente améliore d’un dixième la moyenne obtenue à l’Abitur. L’autre solution qui s'offre aux candidats aux études de médecine est de porter plainte contre les instances compétentes parfois avec succès, car certains cabinets d’avocats sont spécialisés dans ce domaine.

La situation s’est encore détériorée au cours des dernières années. Face à l’inflation de moyennes excellentes – le nombre de bacheliers détenant un 20/20 est ainsi passé pour le seul Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie de 386 en 2004 à 795 en 2009 –, aucune admission en médecine n’est plus garantie même pour les meilleurs des élèves.

Les choses devraient cependant bientôt changer. Avec le départ à la retraite des baby-boomers, 22.000 médecins manqueront dans les cinq prochaines années et, déjà, des régions rurales, notamment dans l’Est du pays, souffrent de désertification médicale.

Médecins de campagne

Pour pallier cette pénurie programmée de médecins dans un pays gagné par le vieillissement galopant de sa population, le gouvernement a invité les Länder – compétents en matière d’enseignement – à élargir le «numerus clausus». Il les enjoint de prendre en compte, pour une partie des étudiants sélectionnés, d’autres critères de sélection que la seule moyenne obtenue au bac, comme la motivation à l’exercice d’une profession de santé ou encore les compétences sociales du candidat. Ces nouveaux paramètres ont également été repris dans une proposition de résolution sur les médecins ruraux, votée début décembre par le Parlement.

Par ailleurs, les Länder pourront adopter des mesures donnant priorité à l’admission à l’université aux candidats qui se porteront volontaires pour pratiquer pendant leurs premières années d’exercice dans les zones rurales.

Qui plus est, un décret gouvernemental a élargi, le 20 décembre 2011, le nombre d’hôpitaux dans lesquels les étudiants en médecine peuvent effectuer leur année pratique (externat). Les établissements hospitaliers de zones rurales seront désormais habilités à recevoir des étudiants. Il sera également possible d’effectuer cette année pratique à temps partiel afin d’améliorer la compatibilité entre les études et la vie familiale.


(1) Contrairement à la France, ce «numerus clausus» est en Allemagne une note, en l’occurrence la moyenne obtenue à l’Abitur (ainsi, dans certains Länder, le NC médecine est fixé à 1,1, dans d’autres à 1,2, voire dans de rares Länder à 1,3.


Des «Apps» pour améliorer la clinique pratique

Trois universités du Land de Hesse – Francfort, Giessen et Marbourg – sont parvenues à se faire entendre au niveau fédéral. Elles viennent de remporter un budget de deux millions d’euros destiné à renforcer, sur cinq ans, les connaissances pratiques en médecine clinique de leurs étudiants.

En collaboration avec la Société allemande de chirurgie (Deutsche Gesellschaft für Chirurgie), la Société allemande de formation en médecine (Gesellschaft für Medizinische Ausbildung) et la Fédération nationale des étudiants en médecine (Bundesverband Medizinstudierende), ces trois universités vont développer un portail doté de vidéos, séquences de films et photos accessibles aux étudiants grâce à un «App» sur leur smartphone. Par ailleurs, des standards de qualité vont être élaborés pour l'enseignement de la chirurgie et seront diffusés à l'aide d'un programme train-the-teacher à l’intention des enseignants.

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