Exclusif. À Nantes, Centrale et l'université veulent regrouper leurs filières scientifiques

Laura Makary Publié le
Exclusif. À Nantes, Centrale et l'université veulent regrouper leurs filières scientifiques
D'après ce projet, l'UFR de Sciences et techniques de l'université de Nantes serait intégrée à Centrale Nantes. // ©  Thomas Louapre / Divergence pour l'Étudiant
L'École centrale et l'université de Nantes travaillent à un rapprochement pour 2019, d'après une feuille de route qu'EducPros s'est procurée. L'école d'ingénieurs deviendrait un pôle de l'université, absorbant la faculté des sciences et techniques, Polytech Nantes et trois IUT. Un conseil d'administration exceptionnel dédié au projet se tiendra le 3 février 2017.

Créer "un nouveau modèle d'université de Nantes" et "refonder d'ici à deux ans les liens université-école". C'est l'objet d'une feuille de route confidentielle, datée du 18 janvier 2017, qu'EducPros s'est procurée. Dans ce document, Olivier Laboux, président de l'université de Nantes, et Arnaud Poitou, directeur de Centrale Nantes, détaillent un projet qui vise à rapprocher leurs deux structures en janvier 2018. 

Envoyée aux administrateurs des deux établissements le 24 janvier 2017, cette feuille de route décrit un projet d'"organisation générale de la nouvelle université à Nantes", qui prévoit la création de quatre pôles : humanités, droit, économie, gestion, santé, et enfin sciences et technologies.

C'est sur ce dernier pôle que porte le projet. Il regrouperait, sous le nom d'École centrale de Nantes, l'actuelle Centrale Nantes, Polytech Nantes, les écoles d'ingénieurs interne à l'université, l'actuelle faculté des sciences et techniques, mais aussi les IUT (instituts universitaires de technologie) de Nantes, Saint-Nazaire et La Roche-sur-Yon. Le nouvel ensemble jouirait du statut d'EPSCP (Établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel), qui est celui de Centrale Nantes aujourd'hui.

Plusieurs compétences, dont la politique RH

Par son statut, ce pôle scientifique disposerait d'un certain nombre de compétences : notamment l'organisation et la gestion interne, tout comme le "pilotage du budget alloué par l'université", qui comprend la masse salariale, la dotation de fonctionnement et ses ressources propres, la politique RH, dont les recrutements et la gestion des carrières. Autres compétences de l'EPSCP : la "gestion autonome de la recherche, de la valorisation et du transfert" ainsi que le "pilotage de l'offre de formation et de la formation tout au long de la vie".

"La future École centrale de Nantes, bien que reliée à l'université, n'en serait pas une composante et disposerait de ses propres instances et de ses personnels affectés. En revanche, la dotation de l'école serait globalisée auprès de la nouvelle université de Nantes, qui la reverserait ensuite à l'école", détaille Arnaud Poitou à EducPros.

Dans ce scénario, à charge pour l'université de Nantes d'assumer "le projet stratégique d'établissement, le contrat quinquennal de site conclu avec l'État, le budget, le plan pluriannuel d'investissements", mais aussi "l'inscription des étudiants et la délivrance des diplômes", ou encore la signature des publications et les projets immobiliers.

Le document précise que le directeur de la future École centrale de Nantes, ou pôle sciences et technologie, sera "nommé sur proposition du président de la nouvelle université à Nantes, par le ministre en charge de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, après avis du conseil d'administration de l'école." Arnaud Poitou, qui est chargé de la préfiguration du pôle, arrivera à la fin de son premier mandat à la tête de Centrale en septembre 2018.

une préfiguration dès juin 2017

Pour ce qui est du calendrier, la création de ce pôle "École centrale de Nantes" pourrait avoir lieu en janvier 2019, d'après le président de l'université"Notre objectif est de converger sur les statuts début 2018, pour être opérationnels une année après, fin 2018 ou début 2019", précise Olivier Laboux. Sa préfiguration devrait débuter dès juin 2017. Quant aux trois autres pôles, leur préfiguration est prévue pour septembre 2017, pour émerger sur des statuts en juin 2018

Si les rapprochements et les fusions continuent de se développer dans le monde des écoles d'ingénieurs, à ce jour, le projet nantais reste inédit. Il s'inscrit dans un contexte régional particulier, après la fusion de deux grandes écoles d'ingénieurs au 1er janvier 2017, Mines Nantes et Télécom Bretagne ayant donné naissance à IMT Atlantique.

Difficile, également, de ne pas rapprocher ce projet d'un autre dossier structurant pour ces établissements : l'obtention du label Isite. Finaliste avec huit autres candidats dans le cadre de la deuxième vague d'appel à projets Idex-Isite, le regroupement nantais a déposé son dossier le 29 novembre 2016. Il sera audité par le jury international du programme d'investissements d'avenir (PIA) fin février 2017, pour un résultat attendu les jours suivants. "L'Isite est un catalyseur, un moyen, mais pas une fin. L'enjeu de ce projet est avant tout de créer un enseignement supérieur nantais qui rayonne aux niveaux national et international", ajoute Arnaud Poitou.

Les administrateurs des deux établissements sont appelés à se prononcer sur cette feuille de route vendredi 3 février, à l'occasion d'un conseil d'administration exceptionnel. Contactés par EducPros, plusieurs d'entre eux ne souhaitent pas s'exprimer, estimant qu'il s'agit d'un "sujet important et d'envergure", mais aussi "lourd de sens pour l'avenir". La direction de Polytech Nantes préfère, elle aussi, ne pas communiquer

Les deux porteurs du projet croient pour leur part en une issue positive. "C'est un nouveau modèle d'université, plus lisible pour les familles et à l'international, une nouvelle vision de l'enseignement supérieur français", conclut Olivier Laboux.

Chiffres clés : effectifs des actuels établissements
- Faculté des sciences et techniques de l’université de Nantes : 4.500 étudiants
- Centrale Nantes : 2.050 étudiants
- IUT de Nantes : 1.900 étudiants
- IUT de Saint-Nazaire : 1.490 étudiants
- IUT de La Roche-sur-Yon : 560 étudiants
- Polytech Nantes : 1.480 étudiants.

La potentielle future École centrale de Nantes regrouperait 11.000 à 12.000 étudiants.

Laura Makary | Publié le