Face à la violence, les profs de la Cité scolaire Claude Monet à Paris marquent le coup

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Près de deux mois après le débrayage des enseignants du lycée Adolphe-Chérioux à Vitry-sur-Seine , suite à l’agression d’un élève, ce sont les professeurs du collège et lycée Claude Monet dans le 13ème arrondissement de Paris, qui ont usé de leur droit de retrait vendredi 19 mars après-midi. La décision a été prise suite à des violences perpétrées la veille, dans la cour, à l’encontre de correspondants italiens.

Pour un accueil, c’est un accueil. Insultes, propos racistes, gifles et attouchements, c’est ce qu’a subi jeudi 18 mars la quinzaine de correspondants italiens arrivés le jour même au collège Claude Monet, à Paris. Des faits perpétrés pendant la récréation de l’après midi par un groupe de 6 ou 7 collégiens de 4ème-3ème, sous le regard d’un groupe de spectateurs passifs. D’après Mme Huchet, CPE (conseillère principale d’éducation) du lycée, c’est cette passivité qui a principalement conduit l’ensemble des enseignants à user de leur droit de retrait. « Il est certain qu’aucun prof n’était menacé, mais le droit de retrait pour l’après-midi du vendredi a été décidé pour marquer le coup, parce que de nombreux élèves ont minimisé cet événement, sous prétexte qu’il n’a pas fait de blessé.»

Racket fréquent devant la Cité scolaire

Cet événement fait office de « goutte d’eau », d’autant qu’il s’inscrit dans une série de violences et d’incivilités récentes au sein de la Cité scolaire et à l’extérieur. Pour les élèves, la confusion était grande vendredi après le déjeuner. Avant que les professeurs n’expliquent pourquoi ils faisaient usage de leur droit de retrait pour l’après-midi, les élèves ont été accueillis par trois voitures de police postées devant l’établissement. « Depuis décembre 2009, les agressions de nos élèves sont malheureusement fréquentes à l’extérieur et s’accentuent depuis janvier. Des bandes de 4-5 jeunes extérieurs à l’établissement s’en prennent à des élèves de la Cité scolaire, pour leur voler leur portable, Ipod, etc. », explique la CPE, avant de préciser que « même s’il y a pu y avoir confusion dans l’esprit des élèves, le droit de retrait exercé par les professeurs n’était absolument pas à mettre en relation avec cet événement extérieur.

Comprendre, pour prévenir

Après une demi-journée destinée à « marquer le coup » et consacrée à la rédaction d’un courrier pour demander des moyens supplémentaires au recteur, les professeurs ont repris les cours samedi 27 mars au matin. Et chacun cherchait à expliquer, et non excuser, l’accueil particulièrement hostile réservé deux jours plus tôt aux correspondants étrangers. Sous couvert d’anonymat, un membre de l’équipe éducative avançait une explication à la hausse des tensions dans l’établissement et à l’extérieur. « Le fossé s’est creusé entre le collège et le lycée. Le collège accueille désormais de plus en plus d’élèves en difficultés scolaires et sociales, agressifs vis-à-vis des lycéens, qu’ils perçoivent comme des bourgeois. »

Responsables, mais pas coupables

Prochaines étapes : des conseils de discipline pour les auteurs des violences à l’égard du groupe de correspondants. Des échanges en classe sur le rôle de chacun pendant les agressions. Avec une insistance particulière sur la responsabilité des spectateurs passifs. Reste à savoir si l’établissement d’origine des correspondants italiens remettra ou non en cause cet échange avec le collège parisien.

Des états généraux de la sécurité à l’école

C’est le 16 février 2010, au lendemain de l'agression d'un lycéen dans le Val-de-Marne, qu’ont été annoncés les états généraux de la sécurité à l’école .

Un conseil scientifique de 15 experts de l'éducation, français et internationaux, a été installé par Luc Châtel, ministre de l’éducation, le jeudi 11 mars 2010. Présidé par Eric Debarbieux, président de l'Observatoire international de la violence à l'école et professeur en sciences de l'éducation à Bordeaux-II, le conseil scientifique est chargé de préparer et de suivre les états généraux de la sécurité à l'école . Les syndicats d'enseignants doivent également associés au travail du conseil.

Rendez-vous pris les 7 et 8 avril 2010 à la Sorbonne.

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