France Business School : clap de fin le 30 avril

Cécile Peltier Publié le
France Business School : clap de fin le 30 avril
FBS Amiens est redevenue l'ESC Amiens. L'association FBS sera dissoute le 30 avril 2015. // ©  ESC Amiens
Après avoir un temps envisagé de conserver un réseau et une marque FBS, les quatre écoles de commerce fondatrices ont opté pour faire table rase de France Business School. Le redressement en cours des établissements reste conditionné à la récupération ou non des visas et grades de master.

Le 30 avril 2015. C’est la date à laquelle l’association FBS (France Business School), née il y a deux ans et demi de la fusion des ESC Amiens, Brest, Clermont-Ferrand et Tours-Poitiers (Escem), disparaîtra officiellement, permettant aux écoles de retrouver leur autonomie juridique et financière. Les établissements qui, au moment de l’explosion de FBS à l'été 2014, avaient d’abord envisagé de conserver un groupement d’écoles dans une logique de “cobranding”, ont rapidement jeté l’éponge.

"Au début, l’idée était de capitaliser sur FBS. Les semaines passant, et compte tenu des forts enjeux liés à l’autonomie des quatre écoles, nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas réaliste de conserver une tête de réseau avec un siège à Paris sans cohérence géographique ni économique", analyse Françoise Roudier, directrice de l’ESC Clermont.

Le siège parisien de France Business School, dont les quelques personnels sont en cours de licenciement, fermera donc après la dissolution de FBS. "La volonté de faire table rase du passé a peu à peu triomphé, ajoute Richard Soparnot, directeur général de l’ESC Amiens. Maintenir une structure transversale aurait pourtant permis de mutualliser certains moyens pédagogiques ou informatiques, comme la base des anciens..."

Négociation sociale

Le 1er mai, l’ESC Amiens redeviendra une association et l’Escem un syndicat mixte paritaire. Brest et Clermont hésitent entre un retour dans le giron consulaire et la création d’une association. À plus long terme, Clermont s’intéresse aussi au nouveau statut d’EESC (École d’enseignement supérieur consulaire), dont les décrets d’application ne devraient pas sortir avant l’été. De ces statuts (consulaire, association ou syndicat mixte) dépendra la nature du contrat des personnels des quatre écoles, dont le basculement doit intervenir d’ici là. Solidaires sur ce dossier, les syndicats demandent des garanties écrites sur les conditions de ce transfert. "Une négociation sociale débute avec les représentants du personnel", précise Alain Normandon, directeur général par intérim de FBS, chargé d’assurer la transition.

Face à l’hémorragie des effectifs étudiants ces deux dernières années, les organisations syndicales redoutent aussi des suppressions de postes. Un scénario pour l’heure écarté avec plus ou moins de vigueur par les directeurs des écoles. "Ce n’est pas au programme pour l’instant", avance Gérard Hoffmann, codirecteur du campus de Tours de l’Escem. "À date, il n’a jamais été question de réduction de voilure significative", assure Richard Soparnot, alors que son collègue brestois, Luc Pontet, rejette totalement l’idée. "Si suppressions il y a, elles auront lieu après le transfert, et la situation est très variable d’un campus à l’autre", nuance Alain Normandon.

L'impact financier de l'échec de FBS occupe également les écoles. Le non-remplacement des départs, la réaffectation d’une partie des personnels sur la formation continue à l’Escem, ou encore des plans d’économies – à Clermont, par exemple – ont pour l’instant permis de parer au plus pressé. Les recettes générées par les Bachelors, dont le recrutement – essentiellement local – a moins souffert, et les activités de formation continue, en plein développement, ont notamment permis de compenser le manque à gagner. 

retour aux origines

Dans les faits, les écoles ont retrouvé dès septembre 2014 une large autonomie opérationnelle, notamment sur le plan pédagogique. Chacune a repris sa marque et s’est attelée à la reconstruction de ses outils de communication et de ses programmes. Sans renier certaines innovations pédagogiques de FBS, Clermont, l’Escem et Amiens affichent aujourd'hui leur volonté de renouer avec ce qu’elles étaient avant : "une école de milieu de tableau qui attire des étudiants de toute la France" pour Clermont ; "une école qui forme des étudiants opérationnels et à l’aise dans leur travail" pour Amiens, et "une école de province d’audience nationale connue pour son management humaniste" pour l’Escem.

L’ESC Brest, dont les sites ont été rebaptisés Brest Business School et Vannes Business School, est l'établissement qui revendique le plus fortement la filiation avec FBS : “Notre programme grande école est celui de FBS. Il correspond aux besoins des entreprises pour les 30 prochaines années, affirme Luc Pontet, son directeur et ancien responsable du programme grande école de FBS. Avant, on formait des managers, maintenant, on forme des managers-entrepreneurs."*

Nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas réaliste de conserver une tête de réseau avec un siège à Paris sans cohérence géographique ni économique.
(F. Roudier)


L’avenir passe, pour les quatre écoles, par la réintégration à court terme des banques d’épreuves communes. Recalées de la BCE (Banque commune d'épreuves) pour la session 2015, Brest, Amiens et Clermont ont tout de même décidé de s'appuyer sur ses résultats pour leur recrutement d'étudiants à la rentrée prochaine. Les candidats admissibles à au moins une école de commerce recrutant via ces banques (BCE-Ecricome/Tremplin-Passerelle pour Clermont ; BCE et Passerelle pour Amiens...) auront le droit de passer les oraux.

Soucieuse de ne pas passer jouer "les resquilleuses" aux yeux de BCE – et peut-être de marquer sa différence avec ses anciens collègues –, l’Escem a opté pour un concours maison en partenariat avec une douzaine de lycées référents au sein desquels se tiendront les épreuves.

UNE DIMINUTION DES FRAIS DE SCOLARITé

La reconquête passe partout par une diminution des frais de scolarité du programme grande école : une année coûtera 7.900 euros à Amiens et 8.500 euros à Clermont et à Brest, contre 10.000 euros environ au sein de FBS.

Malgré un gros travail de communication, les écoles restent très prudentes sur les résultats. Gérard Hoffmann, directeur adjoint du campus de Tours de l’Escem, sait qu’il sera difficile de remplir les 130 places pour les élèves issus de prépa et dans une moindre mesure les 220 réservées aux admissions parallèles. "Les professeurs de prépa ont bien compris notre démarche, mais maintenant, il faut mobiliser les étudiants qui ne nous connaissent plus." Clermont table sur 150 élèves à la rentrée 2015 et "250 en vitesse de croisière" contre 300 avant FBS, quand Amiens envisage de retrouver d’ici à cinq ans les 200 à 250 étudiants par promo de la "fin des années 2000". Brest mise à terme sur 150 étudiants dont au plus "30 à 50 prépa".

Les professeurs de prépa ont bien compris notre démarche, mais maintenant, il faut mobiliser les étudiants qui ne nous connaissent plus.
(G. Hoffmann)

Grade ou pas grade ?

Les écoles auront beau afficher un soutien tous azimuts, des anciens élèves en passant par les organes de tutelle et les entreprises locales, ce redressement est suspendu au renouvellement du visa des Bachelors, et surtout à la récupération du visa et du grade de master pour les programmes grande école. La décision de la CEFDG (Commission d'évaluation des formations et diplômes de gestion), très attendue, pourrait intervenir dans les prochains jours pour Brest et Clermont. Amiens et l’Escem, qui ont dû apporter un complément d’information au dossier, ne devraient pas avoir de réponse avant la mi-mars, la prochaine réunion étant prévue le 10 mars.

Les directeurs se refusent d'envisager le pire : "J’ai bon espoir pour le grade. L’impression de la CEFDG était favorable et nous sommes dans les clous dans la plupart des domaines", veut croire Gérard Hoffmann. "Je n’imagine pas que nous n’ayons pas le grade, même pour une durée  mimimum, lance Françoise Roudier. Nous sommes labellisés AACSB jusqu’en 2016, nous avons maintenu la qualité ESC Clermont pendant FBS et depuis, beaucoup d'innovations ont été mises en place. Si ce n’était pas le cas, ce serait très décourageant pour le personnel, nous aurions des problèmes avec les élèves du programme grande école et surtout beaucoup de difficultés à convaincre de nouveaux étudiants." Verdict d'ici quelques semaines.

Cécile Peltier | Publié le