Fernando-Pessoa à Béziers : une rentrée encore repoussée

Virginie Bertereau Publié le
A l'heure où la présidente de l’université Montpellier 3 annonce la possible fermeture de son antenne à Béziers en 2014, le CLESI (Centre libre d’enseignement supérieur international), rattaché à l’université privée portugaise Fernando-Pessoa, repousse pour la deuxième fois la date de sa première rentrée.

Le bras de fer se poursuit entre l'Etat et le CLESI (Centre libre d'enseignement supérieur international), l'ex-Centre universitaire Fernando Pessoa France rebaptisé pour des raisons "à la fois administratives, statutaires et identitaires". Selon le Midi Libre, le rectorat de l'académie de Montpellier a mis en garde les étudiants : le dossier administratif n'est toujours pas complet et la procédure judiciaire pour "non-respect des règles d'ouverture, non-respect des règles relatives à la publicité, pratiques commerciales trompeuses et tromperie sur les qualités substantielles d'une prestation de service" est toujours en cours.

Conséquence : l'antenne de Béziers du CLESI doit certes ouvrir ses portes lundi 23 septembre 2013, mais pour proposer des "cours libres" hors-cursus. La rentrée officielle des étudiants ne devrait finalement avoir lieu que le 14 octobre. "Au Portugal, l'université Fernando-Pessoa clôt en effet ses inscriptions le 15 octobre", s'est justifié Bruno Ravaz, le président du CLESI, auprès d'EducPpros. À l'origine, l'antenne de Béziers devait ouvrir le 16 septembre.

Deux fois moins d'heures de cours que dans les formations françaises

La formation proposée au CLESI, non habilitée par l'Etat français, est-elle comparable à celle dispensée dans les établissements de l'Hexagone ? En termes de matières enseignées, oui : les maquettes sont très semblables. Mais question volume horaire global des enseignements, le compte n'est pas bon.

Selon son président, le CLESI va dispenser 500 heures de cours par an aux étudiants pendant leurs deux années passées à Béziers, les trois années suivantes se déroulant à Porto, au Portugal... s'il y a suffisamment de places. En PACES, le nombre d'heures est équivalent. Mais ensuite, les UFR d'odontologie et les IFMK (Instituts de formation en masso-kinésithérapie) en proposent au moins le double ou quasi dans les textes.

La question des stages

Gauthier Dot, le président de l'UNECD (Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire) soulève également les problèmes de l'identité des enseignants, dont on ne connaît pas le profil, et "du lieu et de la réalité des stages cliniques, essentiels dans les formations en santé".

De son côté, Bruno Ravaz assure que les étudiants kinés du CLESI auront neuf mois de stages répartis sur trois ans (il faut compter 1.470 heures en France, soit environ 10,5 mois sur trois ans). Ceux-ci se dérouleront au Portugal. En dentaire, la maquette de l'établissement n'indique rien à ce sujet. "Un hôpital-école de 200 lits a été ouvert à Porto, permettant aux étudiants de se former à la clinique", assure le président. Une pratique déjà vue en France dans les écoles d'ostéopathie.

Enfin, reste le problème du doctorat en médecine dentaire qui serait "en cours d'habilitation" selon le site Internet de l'école. En attendant, le CLESI prévoit l'ouverture d'une formation psychologie/criminologie fin octobre 2013 à Toulon et d'une formation architecture, en septembre 2014, à Béziers. En revanche, aucune autre création d'antenne n'est à ce jour prévue.

Le CLESI : dernier bastion de formation à Béziers ?
Au total, 60 élèves en dentaire (pour 800 dossiers reçus, soit 7,5%) et 60 élèves en kinésithérapie (pour 400 dossiers reçus, soit 15%) sont attendus à Béziers. Beaucoup de jeunes de prépa kiné ou de PACES (Première année des études communes en santé) qui n'ont pas réussi à passer le cap des concours français. Ils sont accueillis sur l'ancien site de l'IUT (institut universitaire de technologie).
"Le sénateur-maire de la ville [Raymond Couderc, ndlr] est venu nous chercher l'an dernier, suite à l'ouverture de notre antenne à Toulon, car il avait des bâtiments disponibles", explique Bruno Ravaz. Lequel regrette l'annonce de la fermeture de l'antenne biterroise de Montpellier 3. "On aimerait que Béziers reste une ville universitaire et on avait imaginé des synergies, notamment avec le département de psychologie. Cela nous dessert plus que cela nous sert. Nous sommes pour la cohabitation", soutient-il.

Virginie Bertereau | Publié le