Université Paris-Saclay : un accord sur le fil

Marine Miller - Mis à jour le
Université Paris-Saclay : un accord sur le fil
Pour Gilles Bloch, président de l'université Paris-Saclay, "le modèle de la grande université de recherche mondiale intégrée a gagné." // ©  Gilles ROLLE/REA
Les 18 membres de l’Université Paris-Saclay ont déposé, ensemble, leur dossier d'Idex, le 22 décembre 2015. Clôturant une séquence de hautes tensions après les annonces sur Polytechnique. Pour Gilles Bloch, président du pôle francilien, le modèle d'une "université de recherche mondiale intégrée" a triomphé.

Gilles Bloch université Paris-SaclayVous venez de rendre votre rapport au jury de l'Idex. Comment avez-vous réussi à trouver cet accord à 18, quasi miraculeux après les turbulences des semaines passées ?

Cela n'a pas été simple de construire un consensus. Nous avons pris la peine de vérifier que chaque établissement se sente engagé par le rapport remis au jury. Les discussions ont été longues autour de la partie qui concerne le projet pour l'avenir de Saclay. Je ne crois pas aux miracles, c'est la vision que nous avons depuis quatre ans qui l'a emporté. Peu de sujets faisaient débat, hormis la question de la gouvernance intégrée.

Le mot "intégration" est écrit dans notre dossier, noir sur blanc.

Ce concept d'intégration était justement au cœur des tractations ces dernières semaines, l'École polytechnique lui préférant celui de "conjugaison". Avez-vous réellement dépassé ce blocage ?

Certains établissements y étaient d'emblée acquis, d'autres moins. À force d'allers-retours entre les établissements, ainsi qu'avec l'État, c'est le modèle de la grande université de recherche mondiale intégrée qui a gagné

Le mot "intégration" est écrit dans notre dossier, noir sur blanc. Le mot "conjugaison" qui n'a pas beaucoup de sens selon moi, n'y figure pas. Mais ces querelles sémantiques ne doivent pas interférer avec notre objectif, qui est de positionner l'université Paris-Saclay dans les classements mondiaux.

Au-delà de la sémantique, la question de l'intégration est celle du rapprochement entre écoles et universités dans Saclay. Quelles garanties apporterez-vous au jury de l'Idex à ce sujet ?

Il y a tout d'abord la garantie de ce qui a été déjà accompli. Nous avons mutualisé tous nos doctorats, 80% de nos masters et nous sommes arrivés à mettre en place une signature commune.

C'est désormais le chantier de la licence qui s'ouvre à nous, ainsi que la construction d'une stratégie partagée en matière de recherche. L'avenir n'est pas écrit mais l'élan est bien là. Nous avançons ensemble pour mettre en place une offre de formation mutualisée, et non pas que chacun reste dans son coin dans un esprit de concurrence. C'est l'esprit de Paris-Saclay.

L'Idex s'inscrit dans une trajectoire collective. Après, si certaines écoles veulent réfléchir à leur place dans Saclay, rien ne les empêche de le faire.

La crise est donc derrière vous ?

Nous avons obtenu un consensus, mais il y aura d'autres interrogations à l'avenir. L'enjeu, aujourd'hui, est de reconstruire la confiance car il y a eu des crispations. Il est vrai que les annonces du 15 décembre 2015 n'ont pas simplifié le travail de rédaction du rapport dans sa dernière ligne droite. Les propositions de Bernard Attali [dans son rapport remis en juin 2015] n'allaient déjà pas dans le sens d'un rapprochement entre les grandes écoles et les universités. Tout cela couvait donc depuis des mois et, comme souvent, les désaccords se cristallisent quand les projets commencent à s'écrire noir sur blanc.

Mais je n'ai jamais eu de doute sur l'issue de l'accord. Il faut désormais que nous soyons capables de développer un modèle à la française, entre universités, grandes écoles et organismes de recherche. Le rapport rendu aujourd'hui s'inscrit dans cette trajectoire collective. Après, si certaines écoles veulent réfléchir à leur place dans Saclay, rien ne les empêche de le faire.

Le rapport Idex ne contient aucune mention de ce pôle d'excellence, car il ne fait pas consensus auprès de nos 18 membres.

Cette ambition est-elle compatible avec le projet d'un autre "pôle d'excellence", annoncé par le ministre de la Défense le 15 décembre 2015, réunissant uniquement les écoles d'ingénieurs sous sa tutelle ?

Le terme d'excellence a été mal perçu par la communauté universitaire, car l'excellence est présente dans les formations universitaires, les laboratoires, avec des prix prestigieux remportés par nos chercheurs.

Tel qu'il a été remis à l'ANR, le rapport Idex ne contient aucune mention de ce pôle d'excellence, car il ne fait pas consensus auprès de nos 18 membres. Je précise en outre qu'il y a déjà un espace commun pour les écoles d'ingénieurs dans Saclay : la School of engineering and information science and technologies.

Quant au cycle undergraduate de Polytechnique, également annoncé par Jean-Yves Le Drian, il faudra qu'on discute tous ensemble : nous ne voulons pas être dans la mise en concurrence de nos formations.

Marine Miller | - Mis à jour le