Quand Google et les géants du Net draguent le sup

Guillaume Mollaret Publié le
Quand Google et les géants du Net draguent le sup
Facebook a fait don de 22 serveurs GPU à 15 groupes de recherche internationaux, dont trois français. // ©  Denis Allard / R.E.A
Formation gratuite, don de matériel, applications dédiées... Google, Apple, Facebook et Amazon poursuivent leur rapprochement avec le secteur de l'enseignement supérieur à travers diverses formes de partenariat. L'objectif ? Aider, et courtiser, les établissements et leurs étudiants.

C'est un acronyme symbole de la toute-puissance des géants de l'industrie numérique : Gafa. À eux quatre, Google, Apple, Facebook et Amazon cumulent un chiffre d'affaires supérieur à 400 milliards de dollars... La seule valorisation boursière de ces quatre groupes vaut plus que tout le CAC 40.

Ces géants de l'économie numérique recrutent largement dans le vivier formé par les meilleurs établissements d'enseignement supérieur mondiaux afin de satisfaire leurs besoins en compétences.

Mais ils tissent aussi des partenariats avec les universités et les écoles. Ces liens sont encore balbutiants, notamment en France, et concernent en premier lieu les écoles primaires. Au pays de la concurrence numérique, il n'y a pas d'âge pour devenir consommateur.

Malgré tout, des initiatives se mettent en place dans le supérieur. Elles concernent tout aussi bien la formation des étudiants que la mise à disposition de matériel et de services.

Google forme au marketing digital

La première entrée marquante de Google sur les campus français remonte au printemps 2016, avec la mise en place du programme Digital Active, une formation en marketing digital. "Face aux besoins exprimés par le marché, dont Google est témoin sur le terrain lorsque nous accompagnons les entreprises dans leur numérisation, les jeunes diplômés n'ont pas toujours les compétences adéquates. S'ils sont formés aux disciplines traditionnelles, il leur manque, bien souvent, la traduction numérique de ces compétences, c'est-à-dire comment exploiter au mieux le numérique pour servir l'activité de l'entreprise", explique Google France.

C'est ainsi qu'un projet pilote a été lancé en juin dans trois universités (Aix-Marseille, Bordeaux et Paris-Est-Marne-la-Vallée). II a pris la forme de deux jours et demi de formation intensive et a accueilli 365 étudiants au total. "Nous avons voulu l'ouvrir à l'ensemble des filières. Toutes ont répondu présent avec une légère sous-représentation des étudiants en médecine pour une question d'emploi du temps", détaille François Pellegrini, vice-président en charge du numérique à l'université de Bordeaux.

Sur les bords de la Garonne, la formation a attiré 100 étudiants, et recueilli 93 % de taux de satisfaction, ce qui va amener l'université "à travailler plus en amont avec Google pour adapter le format aux besoins que nous avons pu identifier en fonction des filières", indique François Pellegrini.

Apple et son application gratuite de développement

De son côté, Apple se concentre sur la vie étudiante d'une part, et le développement technique d'autre part. Ainsi, la marque à la pomme propose aux étudiants et enseignants de certaines universités partenaires, un peu partout dans le monde, des réductions sur les produits qu'elle commercialise.

Sur le plan technique, Apple permet aux équipes universitaires, au travers d'une application gratuite dénommée iOS Developer University Program, de développer des applications mobiles dans l'environnement Apple en mode collaboratif (jusqu'à 200 personnes). Enseignants et étudiants peuvent échanger sur leurs projets en cours et utiliser les outils tests d'Apple (convivialité, performance, débugage).

En sus, lors de sa grand-messe annuelle organisée à San Francisco le 7 septembre 2016, Tim Cook, patron de l'entreprise, a confirmé le développement du programme ConnectEd, qui permet l'équipement d'écoles américaines en iPad et Apple TV... mais cela concerne uniquement l'enseignement primaire et secondaire.

Facebook accompagne la recherche

Facebook a depuis peu développé ses activités auprès des universités et centres de recherche. Son centre d'intérêt : l'intelligence artificielle. En guise de soutien, le réseau social a, début septembre, annoncé le don de 22 serveurs GPU, des outils qui permettent une grande capacité de calculs parallèles. Ces serveurs, d'une valeur totale de 1,1 million d'euros, ont été donnés à 15 groupes de recherche internationaux disséminés dans neuf pays européens, dont trois en France : l'Inria-Alpes, l'École normale supérieure et l'université Pierre-et-Marie-Curie.

"L'équipe de Recherche intelligence artificielle Facebook (FAIR) s'assurera également auprès des bénéficiaires qu'ils ont les logiciels requis à l'exécution de ces serveurs et collaborera directement avec eux dans le cadre de leurs recherches en cours", explique Facebook, qui a installé l'an dernier en France son seul centre de recherche européen dédié à l'intelligence artificielle.

En outre, le réseau social accueille également trois doctorants hexagonaux (bientôt neuf) sur ce thème de l'intelligence artificielle.

amazon mise sur l'expérience client

De son côté, Amazon concentre avant tout son action sur la vie étudiante. La firme propose aux États-Unis des tarifs préférentiels pour les étudiants, et a commencé à installer l'an dernier des points de livraison sur les campus. Les étudiants peuvent ainsi récupérer ou renvoyer leurs commandes depuis un casier grâce à un code reçu sur leur smartphone.

Innovant, Amazon avait annoncé en juillet un partenariat avec la banque Wells Fargo afin de proposer un prêt étudiant. L'initiative semblait parfaitement "marketée". Elle promettait en effet une réduction de 0,5 % sur le prêt étudiant contracté par un utilisateur premium d'Amazon. L'expérience a avorté un mois après l'annonce du partenariat.

Guillaume Mollaret | Publié le