Grande école du numérique : l'enseignement supérieur peu impliqué

Céline Authemayou Publié le
Grande école du numérique : l'enseignement supérieur peu impliqué
Le nom des 171 formations retenues pour obtenir le label "grande école du numérique" (GEN) a été dévoilé le 3 février 2016 à l'école 42. // ©  Nicolas Tavernier / R.E.A
Les premières formations labellisées "grande école du numérique" ont été dévoilées le 3 février 2016. Sur les 171 cursus retenus, un petit nombre seulement est porté par des établissements d'enseignement supérieur.

Un an après l'annonce de François Hollande, la grande école du numérique se met en ordre de marche. À la suite de l'appel à projet lancé en septembre 2015, 171 formations ont été retenues pour obtenir le label "grande école du numérique" (GEN). Le nom des lauréats a été dévoilé le 3 février 2016 à l'école 42, établissement parisien emblématique de la nouvelle pédagogie dédiée au numérique.

Sur les 360 dossiers déposés, seule une petite moitié aura donc été retenue. C'est tout de même trois fois plus que ce qu'avait promis le président de la République lors du lancement de l'appel à projet.

Ces 171 formations sont portées par 84 structures, ces dernières pouvant donc abriter plusieurs cursus labellisés. Parmi les critères observés par le comité de labellisation : l'ancrage local du projet, le public ciblé ou encore le contenu des formations. L'objectif étant de valoriser les initiatives permettant à des décrocheurs ou des jeunes sans emploi de retrouver le chemin de l'emploi dans le secteur du numérique grâce à une formation courte (de trois mois à deux ans).

une aide financière pour certaines structures

Dans le projet initial, chaque structure abritant une formation labellisée devait recevoir une subvention de 70.000 euros. Les lauréats n'ont pas encore eu confirmation du montant de leur dotation.

Quelques inquiétudes commençant même à naître lorsque les ministres présents ce 3 février ont rappelé que seules certaines structures (72 sur 84) décrocheraient une aide financière d'un montant global de 5 millions d'euros, piochée dans le programme d'investissement d'avenir "Projets innovants en faveur de la jeunesse", qui doit être lancé le 17 février 2015.

Présente lors de l'annonce aux côtés de Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports et de Myriam El Khomri, ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social, Najat Vallaud-Belkacem a seulement rappelé qu'une enveloppe avait été débloquée pour permettre aux apprenants de bénéficier de bourses délivrées sur critères sociaux, via les Crous, sans limite d'âge.

Peu d'établissements du supérieur

Sur les 84 structures porteuses d'une ou de plusieurs formations estampillées "grande école du numérique", les écoles du web (école 42, EPSI, Web Force 3 ou encore Devschool) représentent une bonne partie des effectifs. Des structures associatives côtoient des missions locales, des entreprises (Cisco entre autres) ou des collectivités locales (mairie de Gonesse).

Peu sont des établissements de l'enseignement supérieur. La liste compte deux IUT (Paris-Descartes et Chambéry), deux écoles d'ingénieurs (Centrale Marseille et Télécom Saint-Étienne), le Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et trois universités (université de Haute-Alsace, Rennes 1 et Rennes 2).

"Il faut bien reconnaître que ces formations nouvelles ne représentent pas notre cœur de métier, admet Guillaume Bordry, directeur de l'IUT Paris-Descartes, dont le DU technicien de maintenance informatique et réseau, créé il y a vingt ans, vient d'obtenir le label GEN. Ces cursus nous imposent de sortir de nos modes de fonctionnement habituels et tiennent souvent grâce à la bonne volonté de quelques enseignants très motivés." Des enseignants prêts à offrir un accompagnement personnalisé aux jeunes formés.

Un avis partagé par Jacques Fayolle, directeur de Télécom Saint-Étienne, dont l'école, accompagnée de nombreux partenaires, dont le Cnam, va lancer une formation de dix mois à la rentrée 2016. "Nous nous sommes adossés à Pôle emploi et aux missions locales implantées dans des quartiers sensibles", précise le directeur. Deux enseignants vont être recrutés, pour encadrer quotidiennement les 25 élèves.

"Pour que ces formations fonctionnent et jouent leur rôle, il est essentiel d'offrir un bon taux d'encadrement. Or, dans nos établissements, ce dernier est exsangue. Certains collègues étaient intéressés par l'approche citoyenne de la démarche, mais elle était trop lourde à porter pour eux..." 

Une seconde vague de labellisations est prévue avant l'été.  

Céline Authemayou | Publié le