Idex Lyon : vers une université intégrée sans Lyon 2

Muriel Florin Publié le
Idex Lyon : vers une université intégrée sans Lyon 2
Le 13 février 2018, les membres du conseil d'administration de la Comue Université de Lyon ont validé le périmètre de la future université cible… qui ne comprend pas Lyon 2. // ©  université Lyon 2
Labellisée Idex en février 2017, l'Université de Lyon travaille à la création de son nouveau modèle d'université cible. Approuvée par la Comue le 13 février 2018, la feuille de route acte la naissance d'un établissement composé de cinq membres, parmi lesquels ne figure pas Lyon 2. Une "mise à l'écart" jugée "inadmissible" par la principale intéressée.

C'est une décision qui ne passe pas. Une "mise à l'écart" vue comme "inadmissible" par la présidence de l'université Lumière-Lyon 2. Le 13 février 2018, les membres du conseil d'administration de la Comue Université de Lyon validaient le périmètre de la future université cible, qui devrait être créée dans le cadre du projet Idex Lyon.

Par son vote, le conseil d’administration a confirmé la distinction déjà annoncée mi-décembre entre trois périmètres : celui de l’Idex (consortium de 12 membres), celui de la Comue (12 membres et 25 associés), ainsi que celui de l’université cible, rassemblant cinq membres : l’université Claude-Bernard-Lyon 1, l’université Jean-Monnet-Saint-Étienne, l’université Jean-Moulin-Lyon 3, l'ENS et l'Insa Lyon… Avec l’absence remarquée de Lyon 2.

Deux jours après le vote, la principale intéressée a réagi dans un communiqué de presse. "L’université Lumière-Lyon 2 se trouve ainsi marginalisée quand les trois autres universités du site font partie du périmètre de l’université cible", dénonce l'établissement, qui rappelle compter 29.000 étudiants, 1.200 doctorants, être impliquée dans 31 laboratoires de recherche et quatre Labex (laboratoires d’excellence). "L’université cible se prive de l’université la plus dynamique dans le domaine de la recherche en arts, lettres, langues, droit, économie, gestion sciences humaines et sociales", poursuit-il.

Trop de réserves à Lyon 2 ?

De son côté, l’Université de Lyon justifie le périmètre restreint de cette université cible comme celui des "établissements qui s’engagent sur la base d’une vision transformante et partagée de la construction d’un établissement nouveau, attractif et performant". Sont invoquées les attentes du jury Idex sur la période probatoire de quatre ans, à qui il faut donner des gages. D'autant qu'une évaluation à mi-parcours, en février 2019, est prévue.

"Or, les travaux et réflexions [menés] depuis un an ont démontré des écarts de vision très importants sur ce que doit être l’université cible, des écarts qui ne peuvent pas être réduits dans le calendrier posé par le jury. Il faut être réaliste et se dire raisonnablement que la seule priorité est de réussir", répond Khaled Bouabdallah, président de l’UDL.

Quant à la présidente de Lyon 2, Nathalie Dompnier, elle reconnaît avoir exprimé des réserves sur "la pertinence d’un institut du premier cycle regroupant l’ensemble des filières de tous les domaines disciplinaires". Mais elle rappelle aussi que le 15 décembre 2017, son conseil d’administration a approuvé les principes d’une université unique intégrée le 1er janvier 2020. En répétant que "le projet nécessite qu’on réfléchisse collectivement".

Soucieuse de rassurer ses troupes inquiètes d’un fléchage des moyens Idex sur l’université cible, la présidente souhaite elle aussi poser des jalons avant l’horizon 2020, année où son mandat s’achève. "Nous allons renforcer les axes de recherche qui nous sont propres, ainsi que les axes pluridisciplinaires sur lesquels Lyon 2 possède des ressources et de l’expertise. C’est un travail qui continuera avec nos partenaires. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas dans l’université cible que l’on arrêtera de travailler."

Des demandes de garanties

"Les débats ne sont pas inexistants ailleurs", pointe par ailleurs la présidente de Lyon 2. À Lyon 1, Lyon 3 et à l’ENS, au sein même du périmètre restreint, les membres du personnel ont réclamé des précisions et des garanties sur la feuille de route présentée aux conseils d’administration de leurs établissements, qui les ont en partie rejetées.

À l’Insa, cette feuille de route n’est encore pas inscrite au programme du prochain conseil, en mars. Surtout, son directeur vient de s’abstenir sur le texte "Horizon 2020". Éric Maurincomme justifie sa position en dénonçant "un problème de méthode qui n’implique pas suffisamment les membres du personnel et les étudiants", ainsi qu’un "problème de fond", à savoir trop d’imprécisions sur les engagements académiques, l’évaluation et la coordination territoriale. Des réserves que Khaled Bouabdallah renvoie aux conclusions des groupes de travail prévus dans le document de cadrage.

Muriel Florin | Publié le