Jimmy Losfeld : "Nous avons demandé la création d'une commission de suivi de la réforme"

Laura Taillandier Publié le
Jimmy Losfeld : "Nous avons demandé la création d'une commission de suivi de la réforme"
Selon le président de la Fage, les garanties apportées par le ministère sont suffisantes pour "revenir dans le jeu". // ©  Camille Stromboni
Le retrait du soutien de la Fage au Plan étudiants aura été de courte durée. Reçue par la ministre de l'Enseignement supérieur le 19 février, l'organisation estime "avoir eu des garanties suffisantes" et "revient dans le jeu". Trois questions à Jimmy Losfeld, son président.

Le 15 février 2018, jour du vote du projet de loi au Parlement, la Fage a vivement critiqué le Plan étudiants. Pourquoi ce revirement ?

Plusieurs amendements adoptés par les sénateurs ont dépassé la ligne rouge. La notion de contrôle de l'assiduité des boursiers notamment, mais surtout le lien fait entre la modification des capacités d’accueil et l'insertion professionnelle.

Jimmy Losfeld, président de la FAGE
Jimmy Losfeld, président de la FAGE © Fage

Si les parlementaires membres de la commission mixte paritaire ont atténué la version finale en parlant de "perspectives professionnelles" et en ajoutant d'autres critères dont le recteur doit tenir compte, comme la demande des étudiants et le projet de formation de l’établissement, ce n'est pas suffisant. Les capacités d’accueil sont le nerf de la guerre. Nous voulons des garanties : le nombre de places doit augmenter à la rentrée, pour faire face à l'augmentation des effectifs.

Vous avez été reçu par Frédérique Vidal le 19 février. Avez-vous obtenu ces garanties ?

Nous avons obtenu plusieurs garanties. Tout d'abord, sur le volet juridique. Le premier critère de modification des capacités d’accueil étudié sera la demande des étudiants. Un décret d'application précisera les modalités de mise en œuvre de cette disposition de la loi. Une circulaire actera également la volonté politique d'augmentation des capacités d’accueil.

Nous avons également obtenu des gages financiers : de nouvelles places seront créées à la rentrée 2018, mais le ministère de l'Enseignement supérieur souhaite attendre la mi-mars pour avoir une visibilité sur les formations demandées par les lycéens. Nous serons de nouveau reçus à ce moment-là pour faire le point.

Nous sommes rassurés, donc nous revenons dans le jeu.

Nous avons enfin obtenu une refonte de la filière Staps. Si des discussions ont lieu pour harmoniser les formations avec le ministère du Sport, les choses n'avancent pas. Nous voulons une remise à plat de la mention complémentaire, ainsi que la création du baccalauréat professionnel Sport annoncé il y a quelque temps déjà. Une concertation devrait s'ouvrir d'ici peu pour l'expérimenter.

La Fage soutient-elle encore le Plan étudiants ?

Nous sommes rassurés, donc nous revenons dans le jeu. La Fage sera un acteur constructif dans les négociations qui s'ouvriront, mais nous resterons vigilants sur la mise en œuvre du Plan étudiants. On nous assure que les notes ne feront pas partie des attendus pour entrer à l'université, mais, finalement, sur le terrain, elles seront prises en compte dans l'examen des dossiers... De même, les parcours adaptés sont encore loin d'être mis en place dans toutes les universités, alors que ces dispositifs sont inscrits dans le projet de loi sur la réussite des étudiants. Au fur et à mesure du déploiement de la réforme, des questions se posent et d'autres se poseront.

C'est pour ces raisons que nous avons demandé au ministère la création d'une commission de suivi de l'application de la réforme, qui veille au respect des engagements, à la mise en cohérence avec la réforme du baccalauréat et qui émette des préconisations pour améliorer le dispositif. La création de cette commission, qui regroupera des experts indépendants aux profils politiques et techniques, sera annoncée dans les prochains jours.

Laura Taillandier | Publié le