L'axe franco-allemand s'inscrit dans le paysage universitaire

Marie Luginsland, notre correspondante en Allemagne Publié le
L’année 2009 est à la commémoration des modèles universitaires transfrontaliers franco-allemands. Eucor, la Confédération des universités du Rhin supérieur, fête ses 20 ans d’existence sur trois frontières, tandis que l’UFA, l'Université franco-allemande, souffle ses dix bougies. Des rapprochements aux objectifs et intérêts, pédagogiques, administratifs et politiques, multiples pour la communauté universitaire.

100 000 étudiants, 11 000 enseignants-chercheurs, cinq universités, soit un budget total de 1,5 milliard d'euros : c’est Eucor, une sorte d’université trinationale et virtuelle qui unit depuis vingt ans les universités de Strasbourg, de Haute-Alsace/Colmar-Mulhouse, de Karlsruhe, de Fribourg-en-Brisgau et de Bâle. La mobilité au sein du réseau Eucor, légèrement supérieure à celle d’Erasmus, repose sur l’initiative libre de l’étudiant qui choisit de faire reconnaître ses acquis ou sur l’initiative recommandée par les professeurs de l’une ou l’autre université partenaire.

Sauvegarder des disciplines universitaires en danger

La mise en commun de ces structures universitaires dans un couloir rhénan de deux cents kilomètres a permis de créer des événements spécifiques comme l’Université d’été des sciences de l’environnement qui se tient depuis dix ans. Ou encore de sauvegarder des disciplines en danger comme les études scandinaves qui ne doivent leur survie qu’à une association entre les universités de Bâle et de Fribourg pour gérer un master conjoint. Le master en sciences de l’Antiquité n'a pu subsister que grâce au trinational.

Pas de diplôme unique

Cependant, les diplômes uniques et conjoints restent rares. Plus nombreux sont les triples diplômes comme celui de l’école en biotechnologie. Les problèmes d’harmonisation persistent et ne sont pas prêts de disparaître. Car la réforme de Bologne est loin de simplifier le processus. Les cursus sont plus encadrés tout en devant se conformer au calendrier universitaire propre à chaque pays. « Ces contingences font qu'Eucor ne peut aujourd'hui tirer entièrement parti de son potentiel », regrette le Pr Hans-Jochen Schiewer, recteur de l'université de Fribourg-en-Brisgau et président d'Eucor. Il vient avec ses homologues des quatre autres entités d'émettre l'idée d'un fonds enseignement-recherche destiné à accélérer la création d'une métropole trinationale dans le domaine scientifique. « Eucor doit donner l'exemple au niveau européen dans la formation des doctorants et dans la promotion de la relève scientifique », déclare-t-il.

L’Université franco-allemande, une mise en réseau réussie

Tout aussi virtuelle qu'Eucor, l'Université franco-allemande ne délivre pas davantage de diplôme unique. Cette mise en réseau de près de 180 établissements universitaires (100 français et 70 allemands) de 80 villes a débouché sur la mise en place de plus de 150 cursus intégrés bi et trinationaux et de doubles diplômes dans toutes les disciplines et à tous les niveaux de la licence et du master. Depuis sa création en 1999, cette émanation de deux ministères français et de trois instances allemandes (1) a par ailleurs étendu ses champs d'activité à l'insertion professionnelle et à la recherche.

« L’UFA soutient financièrement des coopérations de grande envergure entre des laboratoires français et allemands », se félicite Pierre Monnet, son président. Il rappelle qu’elle est parvenue à dépasser ses objectifs fixés il y a dix ans : « Nous avions 1 400 inscrits à nos débuts, et souhaitions doubler ce chiffre. Or, nous sommes aujourd'hui à 4 800 étudiants. » L'UFA a franchi bien d'autres frontières. Elle inclut aujourd'hui à ses programmes des universités de dix autres pays européens.

(1) Côté allemand : ministère fédéral de l'Enseignement et de la Recherche, Conférence des ministres de l'Enseignement, ministère des Affaires étrangères. Pour la France : ministère des Affaires étrangères et européennes, ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

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