L'ESC Clermont en voie de refondation

Cécile Peltier Publié le
L'ESC Clermont en voie de refondation
La fondation de l'ESC Clermont devrait permettre à l'établissement de trouver de nouvelles formes de financement pour son développement d'ici à cinq ans. // ©  ESC Clermont
Dix-huit mois après sa sortie de FBS, l'école de management auvergnate monte sa fondation, symbole de sa renaissance. Malgré les efforts accomplis pour remonter la pente, il reste encore du travail, notamment pour attirer de nouveaux étudiants.

Essorée par l'expérience France Business school, l'ESC, qui se bat depuis dix-huit mois avec "l'énergie d'un animal blessé [...] pour reconquérir [sa] place sur le marché", selon les termes de sa directrice, Françoise Roudier, peut compter sur ses diplômés pour redorer son blason.

C'est entourée de trois de ses alumni de marque – Daniel Chaffraix, directeur général adjoint chez Altran, Arnaud Courdesses, directeur général adjoint de Babymoov et Gilles Chetelat, directeur général de Sticky ADS TV, deux PME à succès – qu'elle a fait le déplacement à Paris, le 18 mai, pour présenter sa nouvelle fondation, symbole de sa reconstruction.

"Notre école a traversé une période difficile. Elle n'était pour rien dans la création de FBS, ni dans son échec et en est sortie très affaiblie, soupire la directrice. Les alumni, notamment, ont été extrêmement moteurs dans le redressement de notre école et dans le succès de la fondation que nous sommes en train de créer.

OBJECTIF D'UN MILLION D'EUROS COLLECTÉS EN 2016

Ces 12.000 anciens, "très attachés à leur école", selon Arnaud Courdesses, président de la nouvelle fondation, devraient contribuer pour moitié environ à l'objectif d'un million d'euros collectés ciblés en 2016. Un objectif "ambitieux", reconnaît Françoise Roudier, mais accessible, au regard du soutien déjà affiché par le "réseau des entreprises clermontoises", dont six membres fondateurs (Banque populaire du Massif Central, Groupe Centre France, etc.) ont déjà versé leur contribution.

Un succès lié, selon Arnaud Courdesses, président de la nouvelle fondation, au sérieux de la direction : "Elle a bien géré les derniers mois difficiles et l'argent collecté ne va pas venir combler un trou, mais servir à financer son développement ces cinq prochaines années dans le domaine de l'ouverture sociale, de l'innovation pédagogique, de l'entrepreneuriat et de l'insertion professionnelle." Cinq ingrédients essentiels du plan stratégique Vision 2020, sorti à l'automne 2014.

Aujourd'hui, notre compte d'exploitation n'est pas équilibré par nos recettes propres, mais ce devrait être le cas sur l'exercice 2017-2018  (F.Roudier)

UNE ÉCOLE QUI DÉPEND BEAUCOUP DES SUBVENTIONS

Avec un objectif, retrouver son siège au sein des grandes écoles, et une conviction : celle "qu'une école de province a sa place sur le marché, pourvu qu'elle cultive sa spécificité avec les acteurs locaux et internationaux." La récupération du grade de master, puis la réintégration de la BCE (Banque commune d'épreuves), du Sigem de la CGE fin 2015, et, début 2016, la ré-accréditation par l'AACSB sont autant de signes encourageants. Mais la route est encore longue.

Aujourd'hui, l'école ne compte plus que 1.200 élèves en formation initiale (contre 1.400 il y a deux ans et 1.700 en 2012) et un budget de 12 millions d'euros (contre 15 millions en 2012 et un objectif de 17 millions en 2020), dont une part non négligeable de subventions. Si la dotation annuelle d'1,6 million d'euros de la CCI région Auvergne est pérenne, l'aide exceptionnelle de 4,1 millions d'euros, octroyée en 2015 par la CCI du Puy-de-Dôme, est, comme son nom l'identique, conjoncturelle.

"Aujourd'hui, notre compte d'exploitation n'est pas équilibré par nos recettes propres, mais ce devrait être le cas sur l'exercice 2017-2018", assure Françoise Roudier.

RELANCER LE PROGRAMME GRANDE ÉCOLE

Pour y parvenir, la priorité est à la restauration des effectifs. À commencer par ceux du programme grande école, tombés ces trois dernières années entre "50 et 100" étudiants par an en première année, contre 300 à la grande époque. L'ESC compte sur sa réintégration dans la BCE pour renouer avec les classes prépas.

De même, au niveau du Bachelor, l'école espère retrouver, dès cette année, son niveau de recrutement d'avant la crise : 120 étudiants en première année et 145 en vitesse de croisière. Si ces objectifs sont atteints, d'ici à 2020, l'école devrait retrouver des effectifs de 1.500 étudiants.

"Avec 40 enseignants-chercheurs permanents, c'est la bonne taille si nous voulons revenir sur l'échiquier national,
avec une bonne sélectivité et un accompagnement de qualité."

En formation continue, nous sommes passés de 20 participants avant FBS à 480 cette année
(F. Roudier)

TRIPLER LE CHIFFRE D'AFFAIREs DE LA FORMATION CONTINUE

Mais c'est sur la formation continue que les ambitions de croissance sont les plus fortes. "Nous avons construit un programme complet, avec de la formation intra-entreprises, des programmes diplômants et certifiants, qui répondent bien aux besoins de formats modulaires. Nous sommes passés de 20 participants avant FBS à 480 cette année", se réjouit Françoise Roudier.

La directrice vise un triplement du chiffre d'affaires généré par cette activité à l'horizon 2020 (10% du budget contre 3% aujourd'hui). En parallèle, elle développe une activité de conseil et de recherche-action avec "les acteurs du territoire".

"VACCINÉE CONTRE LES FUSIONS"

Très présentes dans la gouvernance (directoire et conseil de surveillance) depuis le passage de l'école consulaire au statut associatif en 2015, les entreprises de la région (Limagrain, Michelin, etc.) sont "très impliquées dans la vie de l'école", notamment à travers la co-construction de spécialisations.

Elles constituent aussi des interlocuteurs essentiels en matière d'alternance et de taxe d'apprentissage. Celle-ci constitue une ressource importante pour l'école – 10 à 12% de son budget est alimenté par la taxe d'apprentissage – et un mode de financement intéressant pour les étudiants.

Au plan régional, elle poursuit et approfondit sa coopération académique avec GEM, "très attentive à [son] redémarrage". Pour autant, à l'heure où GEM et Lyon annoncent leurs fiançailles, pas question de se lancer dans un nouveau mariage. "Nous n'avons pas été sollicités et, de toute manière, nous sommes vaccinés contre les fusions, ironise Françoise Roudier. Si, un jour, nous devons envisager un rapprochement, nous le ferons lorsque nous serons en meilleure santé !"

Fondation, mode d'emploi

Comme une centaine d'établissements d'enseignement supérieur, le groupe ESC Clermont a choisi de créer sa fondation sous l'égide de la Fondation de France. "C'est un gage de sérieux et de professionnalisme à l'égard de nos futurs donateurs", avance Françoise Roudier, sa directrice. C'est aussi un moyen pour l'école auvergnate de bénéficier du savoir-faire de cette véritable pépinière. "Nous allons prendre en charge tout le volet administratif, la représenter sur le plan juridique, et, notamment en cas de contrôle, mais aussi lui faire bénéficier de notre réseau et de bonnes pratiques", décrypte Marie Vernier, responsable des fondations enseignement supérieur au sein de l'organisation abritante.

En interne, l'école a nommé Laura Miton, du service communication, déléguée générale de la nouvelle entité. Sa mission : mettre en œuvre la stratégie de collecte fixée par le conseil exécutif de la fondation et faire l'interface avec la Fondation. Une première campagne de levée de fonds a déjà été lancée et une seconde est prévue en fin d'année. Un mail a notamment été envoyé récemment aux 12.000 anciens, les invitant à faire leur don sur la plateforme en ligne mise à disposition par la Fondation de France. "Des relances seront ensuite faites par téléphone, de manière individuelle", indique la déléguée générale. Un vaste chantier en prévision.

Cécile Peltier | Publié le