L'Observatoire de la laïcité s'interroge sur la gestion du fait religieux à l'université

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Introduire l'enseignement laïque du fait religieux dans la formation des enseignants, développer les recherches en islamologie, sanctionner les comportements prosélytes à l'université. L'avis de l'Observatoire de la laïcité, publié le 15 janvier 2015, à la suite des attentats contre "Charlie Hebdo" et l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, touche l'enseignement supérieur. Retour sur ses recommandations avec Nicolas Cadène, son rapporteur général.

undefinedVotre avis propose de renforcer la formation des enseignants, afin de promouvoir la laïcité. Qu'entendez-vous par là ?

Nous recommandons d'introduire l'enseignement laïque du fait religieux dans la formation des enseignants. Celui-ci serait assuré non par des religieux mais par des experts du fait religieux (chercheurs, universitaires, intellectuels).
Toutefois, nous ne faisons pas de recommandations trop précises sur la forme que pourraient prendre ces modules : c'est le travail de l'Éducation nationale.

Vous proposez également la création d'instituts privés de formation à l'islamologie, ouverts à tous. Dans quel but ?

Nous observons qu'il existe trop peu de travaux de recherche autour d'une approche théologique de l'islam, ce qui peut expliquer que l'approche littérale des textes puisse être privilégiée par certains. Ces instituts pourraient permettre de développer ces recherches.

Quelle vision de la laïcité portez-vous pour l'université ? En 2013, le Haut Conseil à l'intégration (HCI) avait publié un rapport pointant des atteintes à la laïcité et proposant d'interdire le port de signes religieux – et du voile – à l'université ?

Nous prendrons position sur ce sujet au printemps. Nous n'aborderons pas en propre la question du voile, mais celle de la gestion du fait religieux, en général, à l'université. À ce stade, nous n'avons pas de remontées laissant penser qu'il existe des préoccupations et des problèmes autour du port du voile à l'université, comme l'assurait le HCI. Il existe des cas où le port de signes religieux peut créer une difficulté mais ce n'est pas forcément le fait des étudiants... Ce qui nous semble important, au-delà de la visibilité des signes religieux à l'université, c'est le comportement de ceux qui les portent. Si les cours sont perturbés par exemple par des comportements prosélytes et religieux, il faut alors sanctionner.

Faut-il rouvrir le débat sur l'extension à l'université de la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux à l'école ?

Non, la question ne se pose pas puisque l'université est le lieu où s'exerce la liberté de pensée et de conscience. On ne peut pas limiter la liberté religieuse à l'université, c'est contradictoire avec ses principes. En outre, les universitaires, les syndicats étudiants, la CPU (Conférence des présidents d'université) ne sont absolument pas favorables à l'interdiction des signes religieux à la fac. Les universités sont désormais autonomes et elles ont déjà la possibilité, si elles le souhaitent, d'encadrer le port de signes religieux – durant les examens par exemple – dans leurs règlements intérieurs.

Qu'est-ce que l'Observatoire de la laïcité ?
Rattaché aux services du Premier ministre, l'Observatoire de la laïcité a remplacé en 2013 le Haut Conseil à l'intégration. Il est présidé par Jean-Louis Bianco.

L'Observatoire publiera au printemps son rapport annuel, dans lequel sera notamment abordée la question du voile à l'université.

À lire
L'avis de l'Observatoire de la laïcité sur la promotion de la laïcité et du vivre ensemble (janvier 2015)
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