L'université d'Angers va expérimenter une nouvelle alternative à la Paces

Aurore Abdoul-Maninroudine Publié le
L'université d'Angers va expérimenter une nouvelle alternative à la Paces
Pour sa deuxième expérimentation, l'université d'Angers souhaite diversifier le profil des étudiants admis. // ©  Virginie Bertereau
Seule université à avoir supprimé la Paces au profit d’un modèle radicalement différent, l’université d’Angers ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle souhaite diversifier le profil des étudiants admis en études de santé via une seconde expérimentation.

L'université d'Angers compte bien répondre au troisième appel à candidatures visant à relancer les expérimentations dans l'accès aux études de santé. Son objectif : diversifier les profils des étudiants. "Quasiment tous les admis en études de santé dans notre université sont des bacheliers scientifiques", regrette Isabelle Richard, la doyenne de l'UFR Santé. 

Cette nouvelle expérimentation ne serait pas une première pour l'université qui, depuis la rentrée 2015, s'est lancée dans un projet original avec la suppression de la Paces (Première année commune aux études de santé). À la place, un parcours pluridisciplinaire, dit PluriPass, étalé sur deux ans, a été créé. Avec ce dispositif, les étudiants sont admis en fin de première année ou en cours de deuxième année.

Une nouvelle expérimentation de type AlterPaces

À côté de PluriPass, l'université d'Angers souhaite donc créer, dès la rentrée 2017, une nouvelle voie d'admission aux études de santé via les autres licences de l'université. Elle s'inspire du modèle AlterPaces, déjà expérimenté par sept universités (Paris 5, Paris 7, Paris 13, Poitiers, Saint-Étienne, Strasbourg et Tours). Pour y candidater, les étudiants doivent suivre des unités d'enseignement complémentaires à leur licence et seront admis à l'issue de la deuxième année de licence ou en cours de L3.

Les deux expérimentations seront "complémentaires", assure Isabelle Richard. L'objectif est le même dans les deux cas : "dédramatiser la question de l'entrée dans les études de santé et sortir du système du couperet."

10 % à 15 % du numerus clausus concerné

Si le projet d'expérimentation est retenu par le ministère, il ne concernera qu'une petite proportion des étudiants admis en études de santé, "environ 10 % à 15 % du numerus clausus, et cela n'a pas vocation à évoluer", précise la doyenne.

Les étudiants inscrits dans n'importe quelle licence de l'université pourront alors tenter d'intégrer les études de médecine et de maïeutique. Le champ des licences éligibles devrait être en revanche plus restreint pour accéder aux études de pharmacie.

Il faut dédramatiser la question de l'entrée dans les études de santé et sortir du système du couperet.
(I. Richard)

Gérer la concurrence entre UFR

Pour mettre en œuvre ce dispositif, l'UFR de santé devra toutefois relever plusieurs défis. Dans son bilan de l'Alterpaces, Sorbonne Paris Cité relève notamment que les responsables de licence "ne sont pas toujours très enclins à voir partir leurs meilleurs éléments vers des études en santé."

Un "faux problème" pour Isabelle Richard, qui incite l'ensemble des enseignants à réfléchir "en termes d'alliance. Ensemble, les UFR ont les moyens de rendre l'université plus attractive." Surtout, insiste-t-elle, "l'étudiant doit être au cœur de nos préoccupations. Ces jeunes n'ont que 18 ans quand ils décident de leur orientation ; il est essentiel qu'ils puissent changer d'avis et faire évoluer leur projet."

L'autre gageure est liée à "la faible attractivité" des dispositifs de type AlterPaces, ainsi que le souligne Jean-Paul Saint-André, ancien président de l'université d'Angers, dans son rapport d'évaluation des premières expérimentations dans l'accès aux études de santé.

À Paris 13, notamment, un seul étudiant a été admis en médecine via l'AlterPaces pour 26 places ouvertes. Isabelle Richard se montre néanmoins confiante, la petite taille de son université étant selon elle "un atout", en comparaison avec "les grosses universités multisites, où l'information se diffuse plus difficilement."

Aurore Abdoul-Maninroudine | Publié le