Charlie Hebdo : la communauté universitaire touchée au cœur

Marie-Anne Nourry, Camille Stromboni Publié le
Charlie Hebdo : la communauté universitaire touchée au cœur
L'université est Charlie // ©  Université d'Avignon
Communiqués de presse, messages de soutien sur les réseaux sociaux, rassemblements… La communauté universitaire a massivement manifesté sa solidarité et son émotion suite à l'attentat perpétré contre "Charlie Hebdo", le 7 janvier 2015. Avec les valeurs de liberté et de tolérance en étendard.

Depuis l'attaque de "Charlie Hebdo", le 7 janvier 2015, universités et grandes écoles ont manifesté leur émotion face à une violence inqualifiable ainsi que leur solidarité à l'égard des familles des victimes.

Communiqués et rassemblements

À chaud, les premières réactions se sont matérialisées par des communiqués aux médias : Bordeaux Montaigne, Toulouse Capitole, Sorbonne Universités, Montpellier... Pour l'occasion, le Snesup et l'Unef ont envoyé une déclaration commune : "L’attaque contre "Charlie Hebdo" est une attaque contre la liberté de la presse, les libertés en général et une attaque contre les libertés académiques."

Et sur Twitter et Facebook, tous ont appelé à la mobilisation dès le 7 janvier au soir pour rejoindre les rassemblements populaires. "Sur la place Kleber, à Strasbourg, les étudiants étaient présents avec l'ensemble de l'université", note ainsi Isabelle Barth, directrice de l'EM Strasbourg.

Minute de silence générale

Le 8 janvier à midi, les institutions ont participé en nombre à la minute de silence, en brandissant les affichettes "Je suis Charlie". La semaine étant consacrée aux partiels dans bon nombre d'établissements, les sessions d'examen ont été raccourcies ou adaptées, pour ce moment de recueillement. À l'université de Nantes, les épreuves ont ainsi été interrompues durant une minute. Et dans certaines salles, les étudiants ont levé leurs crayons en marque de leur soutien.

Charlie Hebdo : Geneviève Fioraso à Paris 1Geneviève Fioraso sur le parvis de Paris 1 lors de la minute de silence

Philippe Rimbault, directeur de Sciences po Toulouse, dont Bernard Maris, victime de l'attentat, avait été diplômé en 1968, avant d'y enseigner l'économie a été "agréablement surpris" par la forte mobilisation des étudiants. Le directeur a affiché le portrait de l'économiste devant l'institut, au pied duquel des fleurs ont été déposées en nombre. "Le soir même, on était tous ébranlés, relate-t-il, j'ai alors pris l'initiative d'ouvrir un livre d'or virtuel."

la mobilisation se poursuit

Universités et écoles ne comptent pas s'arrêter là. À Lille 2, le président Xavier Vandendriessche a annoncé par communiqué de presse l'annulation de la cérémonie des vœux prévue le 13 janvier. 

À Paris 8, où Bernard Maris était professeur d'économie depuis 1999, la présidente Danielle Tartakowsky a pour sa part pris la décision d'attribuer le nom de Bernard Maris à la nouvelle salle des thèses de l'université. L'inauguration de celle-ci aura officiellement lieu en février. "Nous allons également produire une petite plaquette avec des dessins de Wolinski sur des combats menés par notre université dans le passé."

L'université, un  lieu de liberté

Si la tragédie de "Charlie Hebdo" a touché la France entière, la communauté universitaire semble ainsi avoir été tout particulièrement affectée. Et attaquée dans ses fondements. "Nous sommes concernés comme citoyens, mais aussi comme universitaires, explique le président de l’université de Strasbourg, Alain Beretz. Sans liberté, il n’y a pas d’université. L’université se caractérise par la liberté de penser, de chercher, d’enseigner, de publier. C’est aussi cela qu’on a voulu tuer à 'Charlie Hebdo'."

Charlie Hebdo :

Pour la directrice de l'EM Strasbourg, c'est la transmission aux jeunes générations qui est en jeu pour les établissements d'enseignement supérieur, et l'idée du "plus jamais ça". Elle souligne également que les caricaturistes, les journalistes et les enseignants-chercheurs utilisent les mêmes outils : "Nous travaillons tous avec un crayon, un ordinateur, des idées, cela crée des affinités. Les caricaturistes ont une prise de distance que nous partageons en tant qu'enseignants-chercheurs. Eux c'est l'humour, nous c'est le décryptage, la théorisation. Et on a déjà tous pu imaginer qu'on pourrait un jour entrer dans une salle de classe pour tuer des enseignants critiques."

Alain Beretz fait d'ailleurs le lien avec la médaille de la résistance décernée à son établissement. "Nous devons résister, comme l’ont fait les universitaires lors de la Seconde Guerre mondiale. C’est une résistance intellectuelle à la barbarie. Il s’agit de faire notre métier, en travaillant à dire la vérité, estime-t-il. D’autant plus quand les choses vont retomber, et que certaines récupérations vont avoir lieu."

Aller plus loin
- Le ministère a recensé une grande partie des actions dans les universités : #JeSuisCharlie : les étudiants et établissements d'enseignement supérieur réagissent

- Étudiants et lycéens sont Charlie (sur letudiant.fr)

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