La Cour des comptes préconise une orientation des élèves après la seconde

Isabelle Dautresme Publié le
Repousser le moment de l’orientation en classe de seconde, voire après, pour lutter contre «l’orientation par l’échec», c’est ce que recommande la Cour des comptes dans un rapport mis en ligne le 14 décembre 2012.

Après avoir enquêté dans trois académies : Lille, Toulouse et Rennes, le constat que dresse la Cour des comptes du système d’orientation français est accablant. Perçu comme «une sanction des résultats scolaires et non comme la construction progressive d’un parcours de formation», trop précoce et profondément inégalitaire, le système d’orientation ne remplit pas les «objectifs qui lui sont assignés», affirment les rapporteurs de la Rue Cambon. En témoigne le nombre trop élevé d’élèves qui sortent du système éducatif sans maîtriser le socle commun de compétences et de connaissances. Quant à l’objectif de 80% d’une classe d’âge au niveau du bac, il n’est toujours pas atteint et plafonne à 72%.

Pointés du doigt par les auteurs du rapport, les dysfonctionnements du processus d’orientation sont nombreux : dévalorisation de la voie professionnelle, dispositifs discriminants de préorientation en troisième, absence de réelles passerelles entre les voies, offre de formation inégale selon les académies... Autant de défis à relever.

Vers une spécialisation plus tardive


Les rapporteurs de la Cour des comptes suggèrent que l'orientation entre les trois voies du lycée (générale, technologique, professionnelle) ne se décide qu’une fois «acquis le socle commun de culture, de connaissances et de compétences», c’est-à-dire «en fin de scolarité obligatoire». Le premier palier d’orientation serait ainsi repoussé de la troisième à la seconde, de nombreux élèves n’ayant pas atteint 16 ans en dernière classe de collège. «Il faut donc créer une école du socle allant du primaire à la seconde», soutiennent les auteurs.

La Cour des comptes affiche clairement son souhait de retarder le plus possible la spécialisation des filières du lycée qui interviendrait progressivement en première puis en terminale avec un enseignement modulaire permettant les passerelles entre les trois voies. En outre, «les bacheliers qui souhaitent opérer une réorientation de leurs parcours doivent pouvoir préparer un autre bac l’année suivante», préconisent les magistrats.

Le dernier mot aux familles


Autre recommandation : «donner aux familles le droit de décision finale sur la voie de l’orientation».

Ces dispositions, si elles étaient appliquées, devraient faire évoluer les conditions de l’orientation. À condition toutefois qu’il y ait «en amont des changements importants dans le système éducatif», ne manquent pas de préciser, prudents, les auteurs faisant ainsi référence à un précédent rapport de la Cour de mai 2010 intitulé «L’Éducation nationale face à la réussite de tous les élèves».


Lire le rapport «L’orientation à la fin du collège : la diversité des destins scolaires selon les académies».

Isabelle Dautresme | Publié le