La CPU dénonce les mesures de Claude Guéant envers les étudiants étrangers

Propos recueillis par Mathieu Oui Publié le
Dans un communiqué du 15 septembre 2011, la CPU (Conférence des présidents d'université) formule sept propositions pour améliorer l’accueil des étudiants internationaux : favoriser la mobilité encadrée, instaurer un titre de séjour pluriannuel ou un forfait de prestations spécifiques d’accueil….  Trois questions à Jean-Pierre Gesson, président de la commission des relations internationale et européennes à la CPU sur les nouvelles mesures du ministère de l'Intérieur envers les étudiants étrangers.

La CPU dénonce le durcissement des conditions d’accueil des étudiants étrangers en France. Pourquoi cette prise de position ?

Le nouveau décret sur la loi relative à l’immigration publié début septembre 2011 par le ministère de l’Intérieur est antinomique avec notre politique d’attractivité envers les étudiants étrangers. Il prévoit une hausse des ressources financières dont doit disposer un étudiant pour obtenir un titre de séjour. Cette hausse passe de 70% à 100 % d’une bourse du gouvernement français. La France est le troisième pays d’accueil dans le monde des étudiants internationaux. Actuellement, beaucoup de pays souhaitent développer leur enseignement supérieur sans être encore au niveau des grands pays d’accueil. C’est le cas de l’Amérique latine notamment. Si on ne répond pas aux demandes du Brésil, de la Colombie ou du Chili, ces pays iront envoyer leurs étudiants se former ailleurs. Prenons l’exemple du Brésil qui aujourd’hui fait de gros efforts financiers avec la création de 75 000 bourses de mobilité sur les prochaines années. Actuellement, moins d’1% des jeunes Brésiliens étudient à l’étranger. Cela laisse une marge de manœuvre et constitue des perspectives intéressantes pour nos établissements. L’accueil des étudiants étrangers en France entraîne toujours des retombées culturelles et économiques pour notre pays. C’est un investissement.

La CPU propose également la délivrance d’un titre de séjour pluriannuel valable pour toute la durée du cycle, et rejoint en ce sens, la demande de certains syndicats étudiants.

Cela procède d’une certaine logique et pourrait participer à une meilleure attractivité de notre pays. Délivrer un titre de séjour de deux ans pour un étudiant en master ou de trois ans pour un étudiant inscrit en doctorat permettrait de leur enlever une épée de Damoclès. Le traitement des dossiers de titre de séjour est très variable d’une préfecture à l’autre mais simplifier cette procédure reviendrait aussi à alléger la pression sur les étudiants.

Comment se positionne la conférence vis-à-vis de la réforme annoncée de Campus France ?

D’ici le 1er janvier 2012, Campus France doit passer du statut de GIP à celui d’EPIC. Les universités étaient membres du GIP et cotisaient à hauteur de 800 000 €. Avec la création de ce nouvel EPIC, les universités n’auront plus ce statut de membre et deviendront clients de la nouvelle structure. Face à ce changement important, la CPU demande à être associée au pilotage politique de ce nouvel opérateur car nous sommes les premiers concernés en matière d’accueil des étudiants et de promotion à l’étranger de l’enseignement supérieur français. Si les universités ne sont pas réellement associées, avec une participation au Conseil d’administration à la hauteur de ce qu’elles représentent en terme de flux d’étudiants, le risque est que nos établissements interviennent en leur nom propre et en dehors de l’opérateur. Cela pourrait menacer la viabilité économique du nouvel EPIC.

Les syndicats étudiants  contre les mesures du ministère de l’Intérieur

Les récentes mesures de restriction  prises par le ministère de l’Intérieur provoquent aussi la colère des syndicats étudiant. Dans un communiqué du 13 septembre 2011, l’UNEF dénonce le durcissement des critères financiers pour les étudiants étrangers. « A l’heure des soulèvements démocratiques outre-Méditerranée, ce que le gouvernement français exige d’un étudiant étranger est indigne d’un modèle de société républicain » écrit l’UNEF.

De son côté, la Confédération étudiante dénonce la circulaire du 30 mai 2011, qui réduit les possibilités  pour les étudiants étrangers de débuter leur carrière en France. La Cé demande « l’arrêt immédiat des refus abusifs d’autorisation de travail pour les étudiants diplômés en phase d’embauche.»

Propos recueillis par Mathieu Oui | Publié le