Les EdTech ne sont pas l’eldorado attendu

Hélène Labriet-Gross Publié le
Les EdTech ne sont pas l’eldorado attendu
Les Edtech ne séduisent pas les investisseurs qui espèrent y gagner de l'argent rapidement, pointe Patrick Brothers. // ©  plainpicture/Cultura/Monty Rakusen
REPÉRÉ DANS LA PRESSE AMÉRICAINE. Dans un article publié sur le site Techcrunch, le PDG de Navitas Ventures, Patrick Brothers, démonte le mythe selon lequel les EdTech seraient un nouvel eldorado pour les investisseurs.

Oubliez tout ce qu'on vous a dit à propos des EdTech". Patrick Brothers n'y va pas par quatre chemin. Dans une contribution publiée sur le site d'informations technologiques Techcrunch, le PDG de Navitas Ventures, fond d'investissement dédié à l'éducation, répond à l'article "Edtech is the next Fintech", publié sur ce même site en août 2016.

Son auteur, David Bainbridge, y prédisait alors que les investissements dans les EdTech s'élèveraient à 250 milliards de dollars (210 milliards d'euros) d'ici 2020, grâce à la généralisation des technologies numériques dans les salles de classe. Selon David Bainbridge, les entreprises du secteur devraient à la fois répondre à la demande d'élèves habitués à utiliser téléphones portables, ordinateurs et tablettes dans leur vie quotidienne avant de s'en servir dans les classes, et au besoin des établissements scolaires, qui devront d'équiper de ces technologies et les intégrer dans leur enseignement.

Dans sa réponse, Patrick Brothers dénonce en premier lieu la surévaluation de la manne financière que pourraient représenter les EdTech. Une étude réalisée par sa propre entreprise sur 15.000 start-up EdTech révèle que seulement 50 milliards de dollars (42 milliards d'euros) ont été investis dans le secteur depuis 1997.

Investissements dans les EdTech = temps long

D'autres études corroborent cette thèse : la base de données CB Insights prévoit 3 milliards de dollars (2,5 millions d'euros) d'investissements mondiaux en 2017 dans le domaine, quand le site spécialisé Edsurge comptabilise un milliard de dollars (800.000 millions d'euros) dans les EdTech en 2016, un chiffre qui devrait rester stable en 2017.

On est donc loin des 250 milliards annoncés : ce chiffre, annoncé par EdTechX et Ibis Capital, se fondait sur une prévision de 157 milliards de dollars (133 milliards d'euros) en 2016, avec une croissance de 17 % en 2017. Or ce chiffre ne représente pas les investissements dans le secteur des EdTech, mais les revenus que l'on peut en tirer, que ce soit via l'équipement des écoles en informatique ou l'accès payant à des plates-formes d'apprentissage.

Selon Patrick Brothers, il est difficile d'évaluer le potentiel économique des EdTech : on ne vend pas seulement une technologie, on y dessine l'éducation des générations futures. Son succès se mesurera à l'adoption de nouvelles méthodes dans la classe par les enseignants et les élèves, mais également les parents, et cela prendra du temps.

La patience n'étant le point fort des investisseurs, les EdTech ne séduisent pas ceux qui espèrent y gagner de l'argent rapidement. L'auteur met donc en garde les investisseurs pressés qui feraient l'économie de comprendre les dynamiques propres au secteur, en particulier le temps nécessaire à l'adoption de nouvelles technologies.

L'article paru sur Techcrunch (en anglais)

Hélène Labriet-Gross | Publié le