La mobilité internationale dans les grandes écoles : "un climat au beau fixe"

Céline Authemayou Publié le
La mobilité internationale dans les grandes écoles : "un climat au beau fixe"
Etudes à l'étranger // ©  Fotolia
La CGE (Conférence des grandes écoles) a publié le 18 mars 2014 son enquête biennale consacrée à la mobilité internationale des étudiants. 48.000 élèves étrangers accueillis en France, autant de jeunes Français partis hors de l’Hexagone… Les flux, équilibrés, poursuivent leur croissance pour cette huitième édition de l’enquête.

Une fuite des cerveaux ? Quelle fuite des cerveaux ? Alors que le débat sur l'expatriation des jeunes diplômés est relancé suite à la publication début mars 2014 d'une enquête de la CCIP (Chambre de commerce et de l'industrie de Paris), le discours de Philippe Jamet, président de la CGE (Conférence des grandes écoles) se veut confiant : "En matière de mobilité internationale, le climat est au beau fixe dans nos écoles ! Plutôt que de parler de fuite de cerveaux, évoquons le flux de l'intelligence. Notre enquête le prouve : il faut dédramatiser le discours !"

L'étude mobilité de la CGE, publiée le 18 mars 2014 affiche des chiffres en croissance. En 2011-2012, la France a accueilli 20% d'étudiants étrangers supplémentaires et a envoyé 12% d'élèves français en plus à l'international. Soit un flux équilibré de 48.000 entrants pour 48.000 sortants.

Les échanges avec l'amérique du Sud s'intensifient

Les étrangers continuent de plébisciter la France pour effectuer une partie de leurs études et pour obtenir, dans la majorité des cas, un diplôme national (programme grande école, doctorat, mastère international, etc.). Ils représentent désormais 20% des effectifs dans les écoles d'ingénieurs et 25% dans les écoles de commerce.

Si plus de 160 nationalités sont représentées, l'Europe, les pays du Maghreb et l'Asie (avec une forte place pour la Chine) constituent toujours le gros des troupes. "Le flux venant de l'Amérique du Nord et notamment des Etats-Unis diminue, note Yves Poilane, président de la commission relations internationales de la CGE et directeur de Télécom ParisTech. Mais nous constatons une belle progression de l'Amérique latine." Le Mexique, la Colombie, le Chili mais surtout le Brésil... 10% des étudiants étrangers sont originaires de l'un de ces quatre pays. "Certaines zones géographiques méritent d'être plus exploitées, à l'image de la Turquie ou de l'Asie hors la Chine, souligne Philippe Jamet. Il faut absolument continuer de recevoir des étudiants étrangers. C'est un capital précieux pour le développement économique de la France."

Au sein de la CGE, 80% des étudiants connaissent actuellement une expérience à l'international au cours de leurs cursus

Les Français préfèrent les stages aux séjours académiques

Du côté des Français, les départs à l'étranger se multiplient eux aussi, avec une nette préférence accordée aux stages. En 2011-2012, 20.500 élèves rejoignaient une université étrangère quand 27.500 intégraient une entreprise. Dans les deux cas, les pays plébiscités sont identiques : la moitié des jeunes choisissent l'Europe, 20% l'Amérique du Nord, 20% l'Asie et près de 10% l'Amérique latine avec une attirance en progression pour le Brésil.

Si de manière globale le nombre de départs augmente, il faut noter cependant une forte disparité entre écoles de management et écoles d'ingénieurs. Ces dernières connaissent une progression bien moins rapides que leurs consœurs "business". "Il reste des progrès à faire sur ce point, concède Philippe Jamet. Cette moindre progression résulte de la forte augmentation de l'alternance dans nos écoles d'ingénieurs. Or, on le sait, les filières par apprentissage sont moins ouvertes à l'international. Le cadre contractuel ne se prête pas facilement à l'exercice et il existe encore peu de dispositifs de soutien type Erasmus pour accompagner les élèves dans leur projet."

Malgré tout, au sein de la CGE, 80% des étudiants connaissent actuellement une expérience à l'international au cours de leurs cursus. Un taux qui reflète bien le fait que de plus en plus d'écoles imposent à leurs élèves de partir à l'étranger pour obtenir leur diplôme, mais qui prouve aussi que tous ne passent pas encore par la case international au cours de leur formation supérieure.

Masters internationaux, le grand questionnement
L’avenir des masters internationaux continue d’inquiéter les grandes écoles. La CGE, de concert avec la CDEFI poursuit son combat pour la préservation de ces diplômes de niche, "véritables éléments d’attractivité de la France en matière de formation", selon Yves Poilane.
Après plusieurs échanges avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la situation semble être bloquée. "Nous n’avons toujours pas compris ce que nous pouvions faire en la matière, ironise le directeur de Télécom ParisTech. Au moment où la France se fixe des ambitions pour conquérir le marché étranger, nous sommes peinés de voir comment est traité le dossier."
Pour l’instant, seule certitude : les écoles privées hors statut EPCSCP devront obligatoirement s’unir à un établissement public pour proposer des masters internationaux.

Céline Authemayou | Publié le