La nouvelle feuille de route du CNRS

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La ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse a adressé, le 27 février 2008, la nouvelle « feuille de route » du CNRS à sa présidente, Catherine Bréchignac. Dans cette lettre, la ministre invite l’organisme à adapter « son positionnement global » aux changements intervenus ces trois dernières années : création de l’ANR, lois « recherche » et « autonomie ».  

La « première priorité » de la présidente du CNRS devra être la réforme du partenariat avec les universités « appelées, dans le cadre de l'autonomie, à devenir des acteurs moteurs de notre dispositif de recherche ». Pour Valérie Pécresse, ce nouveau partenariat devra d'abord s'accompagner d'une « simplification et d'une clarification » de la gestion administrative et financière des unités mixtes de recherche, en lien avec les recommandations du groupe de travail présidé par François d'Aubert, l’ancien ministre délégué à la Recherche.  

Structuration en grands instituts nationaux de recherche

La possibilité de simplifier les tutelles des laboratoires en limitant notamment à deux le nombre des tutelles scientifiques, l'une à vocation nationale, l'autre locale devra être étudiée. « Le rôle du CNRS dans les orientations scientifiques et les modalités de financement récurrent et d'allocation d'autres ressources (équipements mi-lourds, personnels...) devront faire l'objet de discussions approfondies avec les universités », écrit la ministre.  

Cette redéfinition des missions du CNRS implique naturellement une réorganisation de l’organisme, selon Valérie Pécresse. Ainsi donc la présidence du CNRS devra réfléchir à substituer aux départements scientifiques actuels, une structuration en grands instituts nationaux de recherche, dans l'esprit de l'INSU ou de l'IN2P3, « favorisant les coopérations entre les divers acteurs et constituant un ensemble réactif placé sous la responsabilité de la direction générale du CNRS ». Ainsi structuré, le CNRS devrait pouvoir coordonner au niveau national les divers moyens alloués à ses laboratoires.   

L'évaluation à l'AERES

Sur la question de l’évaluation, la feuille de route coupe court à toute spéculation sur le rôle de chacun : « Vous appuierez votre politique scientifique sur l'évaluation de l'ensemble des unités mixtes ou propres du CNRS par l'AERES ».  

Le document insiste également sur le rôle au niveau local du CNRS qui devra favoriser la valorisation de la recherche et les transferts de technologie.  

Gestion prévisionnel des emplois et des métiers

Enfin sur la question des ressources humaines et conformément aux projets annoncés par Nicolas Sarkozy, le 28 janvier dernier à Orsay, les statuts des chercheurs pourraient être aménagés même s’il n’est pas question de précariser, ni de bouleverser l’existant. « Sans remettre en cause le statut des chercheurs en activité et en maintenant un flux de recrutement de jeunes chercheurs propres au CNRS, vous rechercherez les moyens de favoriser une plus grande fluidité entre les corps de chercheurs et d'enseignants-chercheurs », est-il écrit. Certains enseignants-chercheurs de haut niveau pourront consacrer « pendant plusieurs années l’essentiel de leur activité à la recherche ».  

Avant la signature du contrat pluri-annuel, des perspectives prévisionnelles de recrutement devront être réalisées « discipline par discipline, et par type d'emploi ». « Elles sont en effet indispensables pour préparer au mieux le remplacement des nombreux départs en retraite que connaîtra votre organisme et traduire des priorités stratégiques de recherche clairement identifiées », explique la ministre. 30% des chercheurs devraient en effet partir à la retraite d’ici à 2012. Des conventions devront être établies entre le CNRS, les universités et les écoles pour que l’organisme ait une gestion prévisionnelle des compétences et des métiers, « au service de tous les acteurs de la recherche, et mobiliser ses personnels pour contribuer à l'excellence des formations universitaires ».  

Réunion du 4 mars

Dans une lettre adressée aux personnels, la direction du CNRS invite les unités de recherche à faire des propositions « en prenant en compte la lettre de mission ». Et c’est avec un grand sens de l’humour que Catherine Bréchignac et Arnold Migus font référence à la réunion « de travail » qui devait avoir lieu le 4 mars 2008 au collège de France. Réunissant de nombreux directeurs d’unité de recherche, elle « devrait permettre d’élaborer un premier ensemble de réponses à notre demande », indique la direction du CNRS. Or cette réunion du collège de France doit bien au contraire faire le point sur la situation « préoccupante » du système de recherche français et des inquiétudes autour de la modification des missions des grands organismes dont le CNRS…

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