La réponse de Sciences po à la Cour des comptes exonère Hervé Crès

Camille Stromboni Publié le
La réponse de Sciences po à la Cour des comptes exonère Hervé Crès
Sciences po Paris - Jardins - Rue Saint-Guillaume - octobre 2012 - ©C.Stromboni // © 
Sciences po a dévoilé, avant la publication officielle jeudi 22 novembre 2012 du rapport définitif de la Cour des comptes, sa réponse à l'institution de la rue Cambon. Une réplique très détaillée, où l'IEP exonère Hervé Crès des irrégularités de gestion du service des enseignants. Les noms de David Azéma et Jean-Michel Blanquer reviendraient par ailleurs dans la course pour succéder à Richard Descoings.

Rémunérations des dirigeants, gouvernance, double statut privé/public, place dans l'IDEX Sorbonne Paris Cité, antennes délocalisées en région, logements de fonction, utilisation des cartes bancaires, Mission Lycée… Sciences po a répondu, point par point dans un document de 75 pages, au rapport de la Cour des comptes - en en révélant par là même une partie - avant même sa publication prévue le 22 novembre 2012. Une pratique contraire à l'usage qui veut que la réponse d'un établissement soit dévoilée en même temps que le rapport.

Sur la question clé de la gestion des personnels, jugée par la Cour "défaillante", l'IEP conteste cette qualification, dans un développement de huit pages, au sein duquel il tient à préciser la chaîne des responsabilités au sein de l'institut. 


Gestion des personnels : qui arbitrait ?

"In fine, toutes les décisions et tous les arbitrages sont pris par le directeur de l'établissement", déclare l'IEP à propos de la gestion du personnel universitaire affecté à l'établissement, tout en expliquant que le suivi de ces questions relève de la direction scientifique, des unités d'enseignement et de la direction des ressources humaines. Et non de la direction des études et de la scolarité donc, dirigée depuis 2008 par Hervé Crès.

L'IEP y revient à plusieurs reprises. En réponse à la Cour qui écrit que si "la direction des études et de la scolarité a fait état de son intention de remédier à cette situation en fixant notamment les obligations d’enseignement par la voie contractuelle", "elle n’en partage pas moins pour le passé la responsabilité des irrégularités relevées dans la gestion des services des enseignants", l'IEP riposte. "La gestion du service des enseignements n'est pas du ressort de la direction des études et de la scolarité […] mais de celui de la direction de l'information scientifique", assure-t-il de nouveau.

Une manière de dire que l'administrateur provisoire Hervé Crès, qui a été élu par les conseils dirigeants de Sciences po - et dont la nomination doit encore être validée par l'Etat - n'a aucune raison de se voir imputer cette gestion irrégulière des services. Une précision importante, car il s'agit d'un fait susceptible d'être déféré devant la Cour de discipline budgétaire.

Une procédure complémentaire a été ouverte par la Cour, afin de définir si certains dysfonctionnements ou irrégularités constatés dans le rapport étaient susceptibles d'être déférés devant la Cour de discipline budgétaire [ou devant une juridiction pénale, ce qui semble plus improbable]. Si la question de la gestion des personnels sous statut public était "déférée", resterait à savoir à qui la Cour en impute la responsabilité.



L'après Crès ?
A la veille de la publication du rapport de la Cour des comptes, les choses s'accélèreraient du côté de Sciences po. Le duo Pébereau-Casanova ne soutiendrait plus Hervé Crès. Le nom de David Azéma, l'ex n°2 de la SNCF pressenti alors par Richard Descoings pour lui succéder, reviendrait dans la course, bien qu'il ne fasse pas partie de la short-list des quatre candidats retenus. Le nom de Jean-Michel Blanquer qui a quitté la DGESCO aujourd'hui serait également évoqué.


Sciences po est-il comparable aux classes prépas ?
La question est lancinante dans la défense de Sciences po. Si d'un côté, il assure que "la Cour se méprend en notant que Sciences po veut "préserver un modèle, notamment pédagogique, qui le range bien davantage dans l'univers des classes préparatoires et des grandes écoles. Toutes les dimensions du développement de Sciences po au cours des dernières années attestent le contraire", il n'en va pas de même quelque vingt pages plus loin, concernant le coût d'un étudiant. 

"Sciences Po ne peut que constater que c’est principalement avec les classes préparatoires qu’il est opportun d’établir une comparaison sur le plan économique au regard du constat des décisions des familles", écrit l'IEP, qui peut ainsi conclure que l'IEP "est donc une source d'économies budgétaire pour l'Etat".

Camille Stromboni | Publié le