L’association Pasc@line promeut la culture numérique du lycée à la formation continue

Sophie Blitman Publié le
Résolument engagée en faveur du développement de la culture numérique, l’association Pascaline, qui regroupe des entreprises et des établissements de l’enseignement supérieur autour des technologies numériques, insiste sur la nécessité d’agir à tous les niveaux : au lycée, avec la mise en place d’une nouvelle option Informatique et sciences du numérique (ISN), dans l’enseignement supérieur, notamment par le biais de l’apprentissage, mais aussi au-delà, à travers la formation tout au long de la vie.

Si les lycéens d’aujourd’hui, qui font partie de ce qu’on appelle les « natives », ont pour la plupart « une pratique intuitive de l’informatique, non théorisée, beaucoup n’ont pas conscience qu’il y a une réalité professionnelle derrière » : tel est le constat que dresse Alain Bravo, directeur général de Supélec et président de l’association Pascaline.

« Il faut leur montrer que l’informatique, ce n’est pas seulement s’amuser avec des copains et télécharger des programmes plus ou moins légalement », confirme le délégué général de l’association Jean-Louis Bernaudin. C’est la raison pour laquelle Pascaline s’est investie dans le projet de création d’un nouvel enseignement, aux côtés du ministère de l’Education nationale, du Centre national de documentation pédagogique (CNDP), de l’INRIA et de l’Onisep.

Une nouvelle option Informatique et sciences du numérique

« L’approche est résolument pragmatique : les notions fondamentales seront mises en application dans des projets »
Robert Cabane, IGEN

Baptisée Informatique et sciences du numérique (ISN), cette option va être proposée dans 700 lycées à la rentrée 2012, et devrait être suivie par 14 000 à 16 000 élèves de terminale S, soit environ 10 % des effectifs. Un petit millier d’enseignants, essentiellement de mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur, mais aussi de sciences de la vie et de la terre et d’éco-gestion, a été formé à cet effet.

D’une durée de deux heures hebdomadaires, le cours suit « une approche résolument pragmatique, souligne l’Inspecteur général de l’Education nationale Robert Cabane : il s’agit d’apprendre les notions fondamentales de l’informatique et de les mettre en application dans des projets en petits groupes ». Cet enseignement donnera lieu à une épreuve orale au baccalauréat, qui consistera en la présentation d’un projet mené pendant l’année, suivi d’un échange de questions / réponses avec le jury.

Assez logiquement, c’est sur le versant métiers que l’association Pascaline a apporté sa contribution, en rédigeant une mini-encyclopédie en ligne, en accès libre sur le site « SIL : O ! » (Science informatique au lycée : oui !) .
Dans un souci de vulgarisation, il s’agit, précise Alain Bravo, d’apporter « une vision professionnelle pour expliquer ce que sont les métiers du numérique et comment ils fonctionnent, mais avec un langage adapté à la fois aux élèves et aux enseignants de manière à ce qu’ils aient une bonne compréhension de métiers qui leur sont parfois lointains ». Si les chefs de projets et architectes systèmes font classiquement partie de ce qui est conçu comme « un mini-wikipédia », on y trouve aussi les chargés de référencement, webmarketers ou gestionnaires de communautés, alias les community managers.

Pour des Etats généraux de l’apprentissage dans le supérieur

« Selon l’association, le système de financement de l’apprentissage est adapté aux formations à bac+2 ou bac+3, mais pas à bac+5 »

Parallèlement, Pascaline poursuit sa réflexion sur l’enseignement supérieur et la démarche compétence qu’elle a initiée en 2011 .
Dans cette perspective, l’apprentissage lui apparaît comme « un atout pour répondre au développement des secteurs d’avenir », dont fait partie le numérique. En outre, il constitue, aux yeux d’Alain Bravo, une formation « responsabilisante pour le jeune qui a ainsi choisi un statut de professionnel, sous contrat de travail ».

Reste, cependant, à financer l’apprentissage, car, selon l’association, le système est adapté aux formations à bac+2 ou bac+3, mais pas à bac+5, et en particulier pas aux formations d’ingénieurs qui représente un coût d’autant plus élevé que la Commission des titres d’ingénieurs impose que les trois ans du cycle ingénieur se fassent en apprentissage. Résultat : « on travaille à perte », lâche Alain Bravo. Tandis que les petites entreprises se retrouvent en marge du système. Face à cette difficulté, Pascaline propose d’organiser des Etats généraux de l’apprentissage dans le supérieur, réunissant tous les partenaires, privés et publics, afin de trouver une solution de financement de ces formations en alternance.

Développer la formation continue au e-leadership

Enfin, si Pascaline souhaite développer le numérique dans le secondaire et le supérieur, « il faut que cette culture se diffuse ensuite dans l’économie », souligne Alain Bravo qui déplore un manque en la matière. D’où l’idée de former des cadres au e-leadership, « capables d’intégrer dans la stratégie et l’organisation de la société, de l’économie, de l’entreprise, une approche innovante, fondée sur le numérique ».
L’association plaide ainsi pour la création de mastères spécialisés ou de MBA sur cette thématique, ce qui implique de « décloisonner les formations entre l’enseignement des technologies et des sciences, et le management ». Comme le dit le délégué général Jean-Louis Bernaudin, l’objectif est que le numérique ne soit « pas considéré comme un simple facteur de productivité administrative, mais comme un facteur de créativité ».

Sophie Blitman | Publié le