Le Cnam travaille à l'insertion des réfugiés

Aurélie Gerlach Publié le
Le Cnam travaille à l'insertion des réfugiés
Le Cnam a lancé le plan "Un métier pour les migrants" à la rentrée 2015. // ©  Dircom Cnam - P. Haim
"Le Cnam se mobilise pour les migrants". Le colloque du 27 juin avait pour objectif de faire le point sur les actions mises en place par l'établissement pour aider les réfugiés. Avec un objectif principal : leur insertion professionnelle.

"Avant je dirigeais un commerce familial employant 15 personnes. J'ai essayé une fois d'aller voir une banque pour obtenir un prêt... ils m'ont demandé un diplôme !" Saleh Popal, réfugié afghan qui projette d'ouvrir un restaurant, vient de valider le titre "entrepreneur de petite entreprise" désormais ouvert aux réfugiés. Cette formation, lancée par Cnam entrepreneur(s) en Lorraine, a vocation à "révéler et structurer une compétence entrepreneuriale", déclare Jean-Claude Bouly, directeur délégué de cette entité.

Une initiative qui entre dans le plan "Un métier pour les migrants" lancé par le Cnam à la rentrée 2015. Exonération des droits d'inscription de base, collaboration avec l'association France terre d'asile pour donner des cours de français, inscription d'une douzaine de réfugiés suivis par l'Association Pierre Claver à des formations qualifiantes en informatique, ressources humaines, droit ou entrepreneuriat. Les dispositifs lancés par les 30 centres de formation du Conservatoire prennent des formes variées. Quelques dizaines de réfugiés en bénéficient pour le moment.

"Nous misons sur les échanges de bonnes pratiques et la multiplication des partenariats", affirme l'administrateur général, Olivier Faron. L'institution réfléchit ainsi à "développer les synergies avec l'Afpa et avec les universités", ajoute-t-il, évoquant l'élaboration d'un guichet unique de la formation à destination des migrants.

Reconnaître et développer les compétences

Si les étudiants réfugiés ont souvent besoin d'apprendre le français, "nombreux sont ceux qui ont suivi des formations supérieures poussées", souligne Olivier Faron. D'où la nécessité de reconnaître les acquis, de les compléter et d'"offrir des formations professionnalisantes", dit-il.

"En France, on est attaché au diplôme", souligne de son côté Patrick Werquin, professeur associé au Cnam. Une exigence problématique, dans le cas des réfugiés qui ne sont pas en mesure de présenter le diplôme obtenu dans leur pays d'origine, ou dans celui des migrants dont le titre n'est pas reconnu en France. "Il faut miser sur la VAE (validation des acquis de l'expérience) qui constitue une possibilité de certification RNCP [Répertoire national des certifications professionnelles] sur la base d'une évaluation", poursuit-il.

Pour Olivier Faron, la reconnaissance des compétences – notamment informelles –, doit être "simplifiée et avoir lieu dans l'entreprise". Une expérimentation doit démarrer à la rentrée 2017, mise en œuvre par le Cnam Rhône-Alpes et l'association Forum réfugiés-Cosi. "Des entreprises accueillent un refugié en stage pendant quinze jours pour un bilan de compétences en situation de travail. C'est après leur évaluation que l'on construit le parcours", explique Olivier Marion, directeur du centre rhônalpin

Une chaire dédiée aux migrations

Le Cnam vient aussi d'ouvrir une unité d'enseignement dédiée à l'enseignement de l'arabe, et prévoit la traduction d'une sélection de Mooc en 2017.

Mais Olivier Faron veut aller plus loin... et s'investir pour une meilleure connaissance des spécificités et besoins des populations migrantes, et cela à travers la mise en place d'une chaire partenariale sur l'interculturalité, le postcolonialisme et les migrations internationales.

"Il n'existe à ce jour pas de lieu dédié à la réflexion sur ces sujets", indique l'administrateur général. Des propositions devraient être faites en ce sens auprès des instances du Cnam au cours de l'année 2016-2017.

Aurélie Gerlach | Publié le