Le Collegium de Lyon porte les SHS sur la scène de l’excellence

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Le Collegium de Lyon porte les SHS sur la scène de l’excellence
Bibliothèque ENS Lyon // © 
Le Collegium de Lyon ouvre ses portes aux chercheurs. Membre du Réseau thématique de recherche avancée (RTRA) en sciences humaines et sociales, cet Institut d’études avancées (IEA) a accueilli ses premières têtes pensantes françaises et étrangères à la rentrée 2008. L’institut d’excellence lyonnais réunit dix-neuf établissements d’enseignement supérieur. Son objectif ? Donner une « force de frappe » suffisante aux sciences humaines et sociales (SHS) pour s’imposer dans le milieu de l’excellence. Un défi qui n'a, en soi, rien d'évident.

« Ce type de dispositif a été mis en place à Princeton dès les années 1920-1930, explique Olivier Faron, directeur du Collegium et directeur de l’ENS-LSH, en Europe, un IEA existe également à Berlin par exemple». Avec un conseil scientifique souverain à sa tête, qui sélectionne chaque année les heureux élus, le Collegium recrute dans le monde entier. Sur ce marché très concurrentiel de la matière grise, rien n’est laissé au hasard. L’institut a mis en place des « conditions de travail exceptionnelles ». C'est-à-dire ? Tout d’abord, l’invitation ne sera pas conditionnée à des enseignements. Les chercheurs pourront se consacrer exclusivement à la recherche pendant leur séjour d’un an ou d’un semestre.  

La matière grise chouchoutée  

En bonus : des compléments de rémunérations et un accès à l’ensemble des ressources documentaires de la métropole européenne lyonnaise, qui réunit grandes écoles, pôles de compétitivité et pôle universitaire. Et le tapis rouge ne s’arrête pas là : exit les tâches administratives, le Collegium met à disposition des chercheurs des assistants administratifs. « C’est tout un environnement et une qualité de vie », souligne Olivier Faron. Exemple concret à l’appui, « les chercheurs qui viendront en France avec leurs enfants pourront les mettre au lycée international dès leur arrivée. Nous avons signer une convention avec lui», explique-t-il.  

400 000 euros de l’Etat chaque année  

Comment financer cet accueil de qualité ? Premier contributeur aujourd’hui : l’Etat, via le RTRA. Les fonds publics sont alloués à la Fondation de coopération scientifique (FCS) du Réseau, qui les redistribue ensuite aux quatre IEA (Lyon, Nantes, Aix-Marseille et Paris). Pendant la période actuelle de mise en route, les financements dépendent de l’avancement des différents instituts, qui accueillent, au fur et à mesure, leurs premiers groupes de chercheurs. Le Collegium a pour l’instant reçu deux jeunes chercheurs en septembre 2008, cinq vont rejoindre l’institut en février 2009. L’objectif est d’atteindre les vingt chercheurs, moitié seniors, moitié juniors. « Nous sommes tributaires du nombre et de la qualité des candidatures », souligne Olivier Faron. Lorsque les quatre Instituts fonctionneront à plein régime, chacun devrait recevoir 400 000 euros par an de la part de la FCS.  

Les collectivités territoriales, une bonne piste de financement  

Les moyens du Collegium ne se limiteront - heureusement - pas à cet apport étatique. « L’objectif est d’atteindre un million d’euros par an. Il faut trouver des ressources complémentaires », prévoit Olivier Faron. Les collectivités territoriales font figure de partenaires financiers incontournables. A titre de comparaison, les moyens du PRES lyonnais proviennent à 43 % de ces dernières. Concernant l’IEA, les collectivités sont les principaux investisseurs dans la construction de la résidence qui va accueillir les chercheurs du Collegium dès 2010. Négociée dans le cadre du nouveau CPER (Contrat de projet Etat-Région), le financement des travaux sera partagé entre la Région (2 millions d’euros), le Grand Lyon (1 million d’euros) et l’Etat (2 millions).  

L’institut envisage également de monter des chaires, en échange d’un financement. Il est ainsi candidat auprès de la Région pour accueillir une chaire sur la globalisation responsable. Ce dispositif permettrait d’attirer les chercheurs autour de cette thématique. En projet également, l’intégration de chaires de l’ANR (Agence nationale de la recherche).  

De l'utilité des SHS dans le monde économique

Concernant le secteur privé, l’opération s’annonce plus difficile. Spécialisés sur les SHS, les Instituts d’études avancées doivent faire leurs preuves. « Le monde des SHS est difficile d’accès pour les entreprises, qui sont en plus rétives à y entrer », expose Olivier Faron. « Ce secteur n’est pas directement porteur, en terme de ressources ». Souvent par méconnaissance des compétences disponibles dans ces domaines. « De nombreuses pistes de réflexion, ouvertes par les SHS, peuvent être très utiles », affirme Olivier Faron. Notamment les recherches en matière de politiques publiques, qui seront mises à l’honneur par l’institut, très profitables aux collectivités.  

Les recherches interdisciplinaires pourraient également séduire les sociétés de différents secteurs. « Nous favorisons l’articulation entre les SHS et les sciences exactes », précise le directeur du Collegium. Par exemple le programme « santé et société », en partenariat avec un autre réseau thématique lyonnais spécialisé sur l’infectiologie. « Cette passerelle permet de donner une lecture sociale des problèmes de santé, qui pourrait tout à fait intéresser des entreprises comme Sanofi et autres ».  

Facteur de réussite : l’unité des établissements lyonnais  

L’Institut constitue ainsi un moyen d’établir des passerelles entre les différents établissements lyonnais, afin de créer des synergies. « On est capable de faire ce Collegium parce qu’on a l’habitude de travailler ensemble, souligne Olivier Faron, autant avec les collectivités territoriales qu’entre établissements». En effet, ces derniers sont déjà reliés, pour la plupart, au sein du PRES lyonnais. Côté collaboration et unité, « Lyon est véritablement en position de force », se réjouit le directeur du Collegium. D’autres villes n’ont pas cet avantage, Paris notamment, qui reste dans une situation « fragmentée », déplore Olivier Faron.  

Les membres du Collegium lyonnais

17 établissements fondateurs : Ecole normale supérieure Lettres et sciences humaines, Ecole normale supérieure de Lyon, Université Lumière Lyon 2, Maison de l'Orient et de la Méditerranée, Université Claude Bernard Lyon 1, Université Jean-Moulin Lyon 3, Université Jean-Monnet Saint-Etienne, Ecole Nationale des Travaux Publics de l'Etat, Ecole Centrale de Lyon, EM Lyon, Institut d'Etudes Politiques de Lyon, Université Catholique de Lyon, Institut National de la Recherche Pédagogique, Institut National des Sciences Appliquées de Lyon, Ecole Nationale Supérieure des Sciences de l'Information et des Bibliothèques, Centre National de la Recherche Scientifique - Délégation régionale Rhône-Auvergne, Institut des Sciences de l'Homme.
2 établissements partenaires : Ecole Nationale Supérieure des Arts et des Techniques du Théâtre, Institut Lumière.

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