Le financement public des lycées privés toujours contesté

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Le montant du financement de l’État aux classes des collèges et lycées privés sous contrat a été fixé pour 2010-2011. Un montant qui est stable depuis plusieurs années, mais qui reste contesté par les associations laïques.

Le montant de la contribution de l’État aux dépenses de personnel des classes des établissements du second degré privés placées sous contrat d’association a été fixé, pour l’année scolaire 2010-2011 par arrêté . Depuis plusieurs années , il reste stable (+ 0,5 % en un an).

Petit rappel : selon la loi Debré de 1959, l'État prend en charge la rémunération des personnels enseignants. Les collectivités locales participent quant à elles au fonctionnement des classes sous la forme de forfaits. Le forfait d'externat comporte une part « matériel » (frais de fonctionnement) et une part « personnel », qui prend en charge la rémunération des personnels non-enseignants, les techniciens, ouvriers et de service.

Le CNAL n’accepte toujours pas la loi Debré

« Nous sommes bien conscients qu’on ne pourrait pas supprimer d’un seul coup le financement des écoles privées, mais nous aimerions que les Français prennent conscience à quel point l’État laïc finance les écoles privées confessionnelles », déclare Laurent Escure, secrétaire général du CNAL (Comité national d’action laïque) .

« L’État verse 7 milliards d'euros à l’enseignement privé, et les collectivités locales (mairies, conseil général, conseil régional) en alloue 5 milliards, alors que ces écoles ne sont pas soumises aux mêmes obligations que les écoles publiques, ont un caractère religieux, et peuvent choisir leurs élèves », ajoute t-il.

Des élus d’Île-de-France veulent diminuer les dotations aux écoles privées

Un avis partagé par un groupe d’élus du Front de gauche & alternatifs du conseil régional d’Île-de-France, qui ont publié en janvier 2011 l un fascicule intitulé span style="FONT-STYLE: italic">Premier livre noir du financement des lycées privés d’Île-de-France.

« Sur les 61 millions d’euros versés en 2010 par le conseil régional d’Île-de-France pour les lycées privés sous contrat d’Île-de- France, 19,537 millions correspondent à des subventions facultatives », soutient François Delapierre, élu au conseil régional et coauteur du livret, qui commente : « La région ne se contente pas des contributions définies par la loi Debré, il y a notamment 15 millions d’euros versés pour la rénovation des bâtiments ou l’équipement technique, ajoutés aux 4 millions versés pour les livres scolaires. Je ne vois pas pourquoi la région aiderait à financer des bâtiments qui ne lui appartiennent pas, ainsi que les livres scolaires. »

Ces élus ont examiné les chiffres de 48 lycées de la région parisienne. « En moyenne, ont-ils expliqué aux médias, les familles paient aux établissements privés 1.446 € par an, auxquels s’ajoutent les 656 € de dotation de la région Île-de-France. Ce qui fait qu’un lycéen du privé dispose d’une enveloppe de 2.106 €, contre 1.606 € pour un lycéen du public. » « Mais, ajoutent-ils, Jean-Paul Huchon, président PS de la région, est ouvertement pour l’enseignement privé et ne s’en cache pas. »

Les Français restent attachés à la possibilité de choisir leur école

Autre son de cloche. Fernand Girard, délégué général à l’enseignement catholique, estime au contraire que l’État et les collectivités locales ne font qu’appliquer la loi Debré de 1959, c'est-à-dire qu’ils versent autant pour un élève du public que pour un élève du privé. « Mais, complète t-il, ce principe n’est pas tout à fait appliqué, puisque nous avons calculé que l’État dépense 7.500 € pour un élève du public, et seulement 3.500 € pour un élève du privé ».

Malgré ces oppositions, les Français continuent de jouer sur ce système public/privé. D’après un sondage CSA/APEL/La Croix de 2009, la moitié des parents souhaiteraient scolariser leurs enfants dans le privé, dont ils ont une image très positive, même s’ils ne le trouvent pas encore accessible à tous, en particulier au niveau financier. Il y a peu de risque de voir la guerre scolaire redémarrer...

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