Le mouvement des personnels BIATOSS - ITA sort de l'ombre

Publié le
Le mouvement des personnels BIATOSS - ITA sort de l'ombre
"Super Biatos" (11/03/2009) // © 
La coordination nationale des personnels BIATOSS et ITA appelle à une journée "bureaux vides" le 8 avril 2009, après celle du 2 avril. Ceux qui « font tourner la machine » dans les universités et les organismes de recherche marchaient en tête dans le dernier cortège parisien. Passés de l’ombre à la lumière, les BIATOSS et ITA en grève défileront aux côtés des enseignants-chercheurs lors des manifestations organisées dans le monde de l'éducation et de la recherche, ce mercredi 8 avril.

Jeudi 2 avril 2009, manifestation des enseignants-chercheurs. Pour la première fois, les « Invisibles » défilent en première ligne. Les « Invisibles », comme ils se dénomment, ce sont les personnels BIATOSS et ITA (cf. l’encadré ci-dessous).

« Dans les universités et les organismes de recherche, ce sont les travailleurs de fond. Jusqu’ici, on les mettait peu en avant. Ils ne participaient pas aux discussions avec le ministère. Moins accessibles, moins syndiqués (ils changent souvent de poste), disposant de moins de réseau et de moins d’informations, ils se trouvaient moins sur le devant de la scène. Et pourtant ce sont eux qui souffrent le plus. Aujourd’hui, ils prennent davantage la parole au niveau local et même national depuis la création d’une coordination propre, le 21 mars 2009, validée par la coordination universitaire », explique Antonin*, un porte-parole du collectif Papera, qui lutte contre la précarisation dans l’enseignement supérieur et la recherche.   

Une grogne qui monte, qui monte

Les BIATOSS et les ITA sont montés au front un peu plus tard que les enseignants-chercheurs. Pourtant, leur mécontentement n’est pas nouveau... « Il remonte à 2007 et à la loi LRU (la loi sur l’autonomie des universités, NDLR) », estime Yvon Le Bourhis, porte-parole BIATOSS de la coordination nationale des universités. Du côté des organismes de recherche, on cite comme date référence le premier blocage du conseil d’administration du CNRS, en juin 2008 « lorsqu’il a été question de le découper en instituts, avec la crainte que le CNRS ne joue plus le rôle d’opérateur de recherche», rappelle Jean Kister, secrétaire général adjoint du SNTRS-CGT (Syndicat national des travailleurs de la recherche scientifique).

« Puis le discours de Nicolas Sarkozy, le 22 janvier 2009, qui remettait en cause le fonctionnement des UMR (unités mixtes de recherche) avec une gestion par les universités, a mis le feu aux poudres », ajoute-t-il. Le mouvement est réellement né au début de l’année 2009, à partir de la deuxième ou de la troisième coordination nationale universitaire, lorsque les BIATOSS et les ITA ont pris conscience des effets de la politique du gouvernement sur leurs conditions de travail.

Variable d’ajustement

Aujourd’hui, leurs principales préoccupations concernent les suppressions de postes, le repyramidage (le gouvernement échange deux postes de catégorie C contre un poste administratif de haut niveau), l’externalisation des services (entretien, sécurité, reprographie…), le décret sur la mobilité des fonctionnaires, les bas salaires ou encore le problème des non-statutaires. « Les BIATOSS et les ITA considérés comme variable d’ajustement dans la masse salariale, c’est une notion très claire pour tous », résume Antonin.

Tous contre la loi LRU

Réunie le 4 avril 2009, la coordination nationale des personnels BIATOSS et ITA a donc établi une liste de revendications. En première ligne figure l’abrogation de la loi LRU. Mais la coordination réclame également l’abrogation de la RGPP (révision générale des politiques publiques) et du Pacte de la Recherche, l’alignement des droits des personnels non-titulaires sur ceux des titulaires, le maintien et la restitution de tous les postes supprimés au budget 2009 ou en voie de l’être les années suivantes, la fin du processus d’externalisation, le maintien de la fonction publique d’Etat, le maintien de la filière bibliothèques, 1500 € de salaire net pour tous, etc.

« Personnellement, je touche 1284 € net par mois en tant que magasinier des bibliothèques à l’université de Marne-la-Vallée, un poste de catégorie C », témoigne Yvon Le Bourhis. Un emploi en voie de disparition… La fac, autonome, fait de plus en plus appel aux étudiants pour effectuer ce travail.  

Les trois piliers de l’université

Pour faire entendre leur voix, les personnels BIATOSS et ITA multiplient les formes d’actions : assemblées générales, opérations bureaux vides, participation aux « rondes des obstinés », blog , opérations laboratoires ouverts, distribution de tracts dans le RER, etc. Et surtout manifestations depuis janvier-février aux côtés des enseignants-chercheurs et des étudiants. « Nos intérêts convergent. Il y a trois composantes à l’université : les professeurs, les élèves et les BIATOSS-ITA. Il suffit qu’il en manque une pour que le système ne fonctionne plus. C’est ce que nous voulons démontrer avec les opérations bureaux vides », assure Christian Poret, BIATOSS mandaté par l’université Paris 8 à la coordination nationale.

Preuves de solidarité, des « caisses de grève » sont organisées localement dans les universités et les centres de recherche. Pas de quoi payer des journées entières de salaire, mais au moins de quoi fournir une aide aux personnels (surtout des titulaires) qui sont obligés de pointer, contrairement aux enseignants-chercheurs, peu contrôlés. Mercredi 8 avril 2009, une nouvelle journée de manifestation s’annonce. Cette fois-ci, les BIATOSS et les ITA n’auront pas le droit à l’avant-poste. Mais ils souhaitent être visibles. Leur prochaine coordination nationale est programmée pour le 25 avril.


*Antonin – un pseudonyme (« cela permet d’éviter les problèmes avec les employeurs ») – est post-doctorant. Le collectif Papera, créé à l’été 2008, est constitué de précaires et de titulaires de la recherche et de l’enseignement supérieur.

BIATOSS – ITA : qui sont-ils ?

L’acronyme BIATOSS est utilisé pour parler des personnels des bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniques, ouvriers, de santé et de service qui officient à l’université. 55 271 personnels non enseignants travaillaient en 2008 dans les établissements d'enseignement supérieur, IUFM compris.

Les ITA – pour ingénieurs, techniciens, administratifs – travaillent quant à eux dans les organismes de recherche. « Dans les laboratoires, ils représentent la moitié des personnels titulaires », souligne Jean Kister, secrétaire général adjoint du SNTRS-CGT.

| Publié le