Le palmarès 2012 des écoles d’ingénieurs de l’Etudiant

Sylvie Lecherbonnier avec Céline Authemayou et Sophie Blitman Publié le
Le palmarès 2012 des écoles d’ingénieurs de l’Etudiant
Centrale Paris // © 
Nous avons choisi, pour l’édition 2012 du classement des écoles d’ingénieurs de « l’Etudiant », de stabiliser sa présentation. Sur les volets académique et professionnel, coefficients et critères restent identiques à l’année dernière. Seul le volet international subit des modifications. Deux nouveaux indicateurs font leur apparition : le pourcentage d’enseignants-chercheurs internationaux et le pourcentage de premier emploi à l’étranger. Ils permettent de mieux mesurer l’exposition internationale des étudiants et les perspectives d’emploi à l’extérieur de nos frontières.

Principal enseignement : les écoles d’ingénieurs dans leur ensemble sont en progression. Tous niveaux confondus, 20 écoles montent d’un groupe et seules 8 baissent d’une catégorie. Derrière l’indétrônable École polytechnique, l’École centrale Paris confirme sa deuxième place pour la troisième année consécutive grâce à son fort potentiel international. L’ENSTA ParisTech profite, elle, d’une belle dynamique dans le domaine de la recherche pour entrer dans le groupe A+. La plus forte progression du palmarès revient à l’ENSEIRB-Matméca, qui arrive dans le groupe A. Fusion de deux écoles, elle en tire aujourd’hui les fruits avec un potentiel académique décuplé. Quant aux écoles après bac, l’INSA Rouen (groupe A) ou l’EPF Sceaux (groupe B) doivent leur croissance à leur politique internationale, et notamment l’accueil d’étudiants étrangers.


Plus loin dans le classement, l’ISAT Nevers ou l’ESCOM Compiègne entrent dans le groupe C en raison de leur développement académique. L’ISAT a créé un laboratoire de recherche commun avec Danielson Engineering. L’ESCOM tire les bénéfices de sa proximité récente avec l’UTC (université de technologie de Compiègne).


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De plus en plus de regroupements

Cette progression collective ne doit rien au hasard. Pour résoudre le paradoxe de conserver des promotions à taille humaine tout en atteignant une taille critique, les écoles d’ingénieurs se regroupent par affinités, avec les écoles des groupes A et A+ en guise de locomotives.

Les groupes ISAE ou ENSTA se sont ainsi constitués au cours de l’année 2010-2011. Le premier fédère aujourd’hui l’ISAE et l’ENSMA Poitiers, le second l’ENSTA ParisTech et l’ENSIETA, devenue ENSTA Bretagne.

De leur côté, l’Institut Télécom et les écoles des mines mettent en place des statuts d’écoles associées. Aujourd’hui, l’Institut Télécom compte six établissements français associés et les écoles des mines deux (1). Jean-Claude Jeanneret, administrateur général de l’Institut Télécom, assure que « cette stratégie donne de la valeur à nos formations et à nos diplômes, ainsi qu’une plus grande visibilité nationale et internationale à notre potentiel de formation et de recherche ».

Objectif : garantir une longue carrière aux diplômés

Autre force commune aux écoles d’ingénieurs : l’insertion professionnelle. La dernière enquête de l’APEC (Association pour l’emploi des cadres) le montre clairement : le taux d’emploi qui progresse le plus, et qui aussi est le plus élevé, est celui des titulaires d’un diplôme d’ingénieur. Ainsi, 78% des ingénieurs diplômés en 2010 avaient un emploi au printemps 2011, contre 71% pour l’ensemble des jeunes diplômés de niveau bac+4 et bac+5 de l’année précédente. Soit une augmentation de 14 points en un an.

Bien évidemment, l’insertion professionnelle immédiate leur importe, mais les écoles d’ingénieurs se préoccupent avant tout aujourd’hui de garantir l’employabilité de leurs diplômés tout au long de leur carrière. Le directeur général d’Arts et Métiers ParisTech, Jean-Paul Hautier, ne dit pas autre chose : « Nous devons former nos élèves à apprendre à apprendre pour qu’ils soient adaptables en toute circonstance. Une démarche qui doit favoriser leur esprit d’innovation. »

Et c’est sur cette capacité précise à anticiper les nouveaux besoins économiques que les écoles les plus dynamiques marquent des points. Arts et Métiers ParisTech est, par exemple, en train d’équiper ses huit centres régionaux de plates-formes technologiques dotées de machines et de bancs de tests très sophistiqués. Son objectif ? Faire travailler ensemble étudiants, enseignants-chercheurs et industriels sur des projets pluridisciplinaires.

Des liens toujours plus forts avec les entreprises

Plus globalement, les écoles d’ingénieurs engagent une nouvelle étape dans leurs relations avec les entreprises, pour à la fois les faire participer à la vie de l’établissement et assurer les moyens de leur développement. Exemple avec un « outil » en vogue : les chaires d’enseignement et de recherche. Dans ce cas, un ou plusieurs industriels financent des cours et des activités de recherche dans un domaine donné. Sur ce sujet, la championne toutes catégories est l’École polytechnique, qui ne compte pas moins de 20 chaires et cumule près de 8,5 millions d’euros sur l’indicateur « participation des entreprises ».

Les écoles d’ingénieurs essaient ainsi de créer un cercle vertueux entre la formation, les relations avec les entreprises et les activités de recherche – activités qui garantissent un corps professoral, et donc une formation à la pointe des avancées scientifiques. L’année 2011 a d’ailleurs marqué une reconnaissance accrue du potentiel académique des écoles d’ingénieurs.

Les enseignants-chercheurs de plus de 70 établissements font partie d’au moins un laboratoire ou un équipement reconnu d’excellence par le gouvernement dans le cadre du grand emprunt. Une implication prise en compte, entre autres, dans le critère « performance de la recherche ». La palme revient à l’ESPCI ParisTech, qui rejoint l’École polytechnique et les meilleures écoles sur cet indicateur. L’école du prix Nobel Pierre-Gilles de Gennes a toujours lié fortement enseignement et recherche. Aujourd’hui, ses élèves ingénieurs passent la moitié de leur temps de formation dans les laboratoires, en contact direct avec les chercheurs. Au final, 65% des diplômés poursuivent leurs études par une thèse. Un profil de plus en plus apprécié par les entreprises.

Résolument tournées vers l’international

Autre prérequis pour une carrière d’ingénieurs : l’international. Les écoles d’ingénieurs mettent en œuvre des stratégies pour à la fois mettre en contact sur leur campus leurs étudiants français avec des étudiants étrangers et les faire partir pour un séjour ou un stage dans une université hors de l’Hexagone. Les cours en anglais sont en expansion. À côté des séjours obligatoires à l’étranger, l’ECE Paris a mis en place des sections internationales en deuxième année de cycle ingénieur pour trois de ses sept majeures. Comprenez : des cursus en langue anglaise pour la quasi-totalité des cours.

« Ce développement nous a amenés à recruter des enseignants-chercheurs permanents anglophones », affirme l’école, qui, de ce fait, se place parmi les meilleurs établissements sur notre critère « pourcentage d’enseignants-chercheurs internationaux ».

Parmi les autres établissements en pointe sur l’international, citons Télécom ParisTech, où 41% des ingénieurs diplômés en 2011 sont de nationalité étrangère. De quoi faire « baigner » les étudiants français dans un environnement multiculturel.

Ces stratégies ne sont pas sans conséquences sur l’insertion professionnelle, puisque 21% des diplômés français de la promotion 2010 de Télécom ParisTech ont trouvé leur premier emploi à l’étranger. Un pourcentage bien supérieur à la moyenne des écoles, qui se situe aujourd’hui autour de 11%.

Il reste un challenge pour ces établissements : convaincre les lycéens de choisir leur filière, à l’heure où seul un bachelier S sur cinq se dirige vers une classe prépa scientifique ou un premier cycle d’écoles d’ingénieurs. Un défi qui conditionne tous les autres…

(1) L’ENSIIE, l’ESIAL, Télécom Saint-Étienne, Télécom Physique Strasbourg (ex-ENSPS), l’ENSEIRB-Matméca, l’ENSEEIHT pour l’Institut Télécom, l’IFMA Clermont-Ferrand et l’ESIGELEC Rouen pour les écoles des mines.


Classements internationaux : où sont les écoles françaises ?

Souvent trop petites, les écoles d’ingénieurs apparaissent peu dans les classements internationaux des universités qui font florès ces dernières années. À une exception près : l’École polytechnique, qui figure dans tous ces classements (« rankings »). Elle est classée 36e dans le QS World University Ranking Engineering & Technology 2011, 63e dans le Times Higher Education, et entre la 301e et la 400e place dans le classement général de Shanghai. L’ESPCI ParisTech (catégorie « entre 301 et 400 ») et l’École des mines de Paris (catégorie « entre 400 et 500 ») sont également classées dans le palmarès chinois. Lorsque ces classements sont déclinés de manière thématique, de nouvelles écoles d’ingénieurs font leur apparition. C’est le cas de trois d’entre elles dans le QS, où Grenoble INP atteint pour la première fois la 102e place, l’École centrale de Paris le 124e rang et l’École des ponts ParisTech la 137e position.
Ces résultats accélèrent les regroupements en cours. Si tous les établissements du plateau de Saclay, écoles et universités confondues, concouraient ensemble, ce campus scientifique en devenir figurerait à la 19e place du classement de Shanghai.

Sylvie Lecherbonnier avec Céline Authemayou et Sophie Blitman | Publié le