Le plan stratégique de Patrick Gérard pour réformer l'ENA

Céline Authemayou Publié le
Le plan stratégique de Patrick Gérard pour réformer l'ENA
Patrick Gérard entend notamment diversifier les recrutements des élèves, en instaurant un quatrième concours. // ©  Frédéric Maigrot/REA
Développer le recrutement de docteurs, s'adapter à la transition numérique… Deux mois après son arrivée à la tête de l'ENA, Patrick Gérard détaille sa stratégie pour l'établissement, dans un entretien accordé à "La Croix". Le directeur général y évoque la possibilité de rejoindre Paris Sciences et Lettres.

La piste est à l'étude. Après avoir quitté la Comue Hésam en novembre 2016, l'ENA envisage sérieusement de se rallier à un autre regroupement parisien, PSL (Paris Sciences et Lettres). C'est ce que confirme Patrick Gérard au quotidien "La Croix", dans un entretien publié le 19 octobre 2017. En mars 2017, PSL et l'ENA concluaient un partenariat stratégique, se traduisant notamment par la création de chaires. À l'époque déjà, l'accord signé par Nathalie Loiseau et Thierry Coulhon, alors président de PSL, laissait entrevoir une possibilité d'association.

Rejoindre le regroupement – réunissant de façon ostentatoire des établissements "d'excellence" – illustre la volonté du patron de l'ENA de voir son institution s'ouvrir à de nouvelles collaborations. "On doit montrer aux élèves qu'il n'y a pas une seule façon de raisonner, argumente Patrick Gérard. Qu'un énarque ne peut pas tout faire tout seul".

Toujours et encore plus de diversité

L'ouverture, tel semble être le maître-mot du nouveau directeur général, arrivé le 21 août 2017 à l'ENA, suite au départ de Nathalie Loiseau pour le gouvernement. Ouverture en termes de recrutement tout d'abord : Patrick Gérard souhaite créer un quatrième concours de recrutement, exclusivement dédié aux titulaires d'un doctorat, notamment scientifiques. Un outil qui devrait permettre à l'école de porter le taux de docteurs dans ses rangs de 2 à 5 %.

Le directeur entend également féminiser les promotions et introduire davantage de diversité dans les recrutements. Une feuille de route qui s'inscrit dans la continuité du mandat de Nathalie Loiseau. "Nous pourrions créer, hors de Paris, une deuxième classe préparatoire intégrée, destinée à d'anciens boursiers", détaille le directeur. La première existe depuis huit ans, avec un bilan mitigé.

Des hackathons à l'ENA

Du côté de la formation, là aussi, l'heure est à l'élargissement des horizons. Voire au grand écart. Le directeur prévoit par exemple d'organiser deux hackathons avec l'école d'informatique Epitech pour créer des "applications en réponse à des problématiques données". L'objectif ? "Apporter du caractère, de l'imagination et de la créativité" aux élèves.

Sur la question délicate du pantouflage pour les énarques décidant de passer dans le privé, Patrick Gérard se dit favorable à un durcissement des conditions, en raccourcissant la période de mise en disponibilité, aujourd'hui établie à 10 ans.

Enfin, le changement des statuts de l'école est évoqué, visant à transformer l'ENA en un grand établissement. "Une telle évolution permettrait de disposer d'enseignants permanents, là où aujourd'hui, nous faisons appel à des intervenants extérieurs", argumente le directeur.

De façon plus générale, le plan stratégique porté par Patrick Gérard vise à poursuivre la transformation de l'institution, souhaitée par l'ancien gouvernement. Le cas des statuts est emblématique : fin 2016, dans le contrat d'objectifs et de performances signé entre l'établissement et l'État figurait déjà cette évolution. "Il faut transformer l'ENA en une vraie université de la recherche en matière de politique publique", plaidait alors Thierry Mandon, secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur.

Céline Authemayou | Publié le