L’enseignement supérieur à l'heure de la blogosphère

Marine Relinger Publié le
 L’enseignement supérieur à l'heure de la blogosphère
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La blogosphère ? Les internautes français l'adorent (1), les enseignants des collèges et des lycées y sont particulièrement créatifs, mais les enseignants-chercheurs et responsables d’établissements supérieurs font preuve de plus de… pudeur. EducPros a tenté de comprendre quelles étaient leurs motivations pour s’investir dans un blog. Nous avons recensé, sans prétention d’exhaustivité, près d’une cinquantaine de blogs animés au nom d’établissements ou de particuliers, par des responsables d’écoles ou d’universités, mais aussi par des enseignants-chercheurs et des étudiants…

« Quand j’ai lancé mon blog en 2002, les détracteurs, dans le milieu, y sont allés bon train. Selon eux, je n’avais pas à étaler mon travail universitaire via un outil encore assimilé aux « skyblogs » des pré-ados », déplore Olivier Ertzscheid, maître de conférence en sciences de l’information à l’université de Nantes. Depuis, les enseignants-chercheurs sont de plus en plus nombreux à créer des blogs permanents ou éphémères, autour de leur thématique de recherche, d’événements ou de sessions de cours (voir le blog pédagogique de Bruno Bousquet, enseignant à Bordeaux 1 ).


Décloisonner l’activité de recherche

Les motivations rapportées sont diverses. Le blog de Jean Véronis , professeur de linguistique et d’informatique à Aix-Marseille 1, lui permet de diffuser des analyses ayant un intérêt d’actualité, alors que « dans le circuit traditionnel, il faut trois ans pour publier ! », rapporte-t-il. Résultat : son site, lancé fin 2004 autour des technologies de l’information sous l’angle du langage (et notamment des moteurs de recherche), se positionne aujourd’hui parmi les plus fréquentés dans son domaine.

Olivier Ertzscheid, qui compte 150 à 250 lecteurs quotidiens, souligne recevoir des contributions « très enrichissantes de gens de tous bords », qu’il n’aurait pas côtoyés autrement. Ce dernier suit lui même près de 500 blogs, référencés dans son agrégateur (2) : « Aujourd’hui, je ne pourrais plus me passer de mon blog, qui est entré dans mes habitudes de travail », conclut-il.

Outils de com à moindre coût

Pour les blogs à visée plus institutionnelle, les enjeux sont différents. Le directeur d’INT Management Denis Lapert est, selon nos informations, le premier directeur d’établissement supérieur français à avoir sauté le pas, fin 2005. Suivi depuis parRichard Descoings , le directeur de Sciences Po. Notons également l’existence, des blogs de la présidence - rédigés par l’équipe de direction - des universités de Nice et de Toulon .

« Dépenser les deniers publics dans une campagne de com dans la presse magazine ne me motive pas, explique Denis Lapert. Envoyer des courriers aux jeunes ? Ils ne les lisent pas… » Aujourd’hui, le directeur de l’école de commerce consacre en moyenne une demi heure par jour à son blog. Entre 5 000 et 6 000 personnes par semaine « dont un certain nombre d’étudiants et d’anciens » viennent prendre connaissance de ses réactions quant à l’actualité de l’enseignement supérieur et à la vie de l’école. « Certains m’ont dit que le contenu du blog, proche de la vie de l’établissement, les a aidés à mieux connaître l’école et à confirmer leur désir d’inscription », assure-t-il.

La com corporate

Dans la catégorie des blogs rédigés au nom d’un établissement (et non d’une personnalité) l’objectif est d’autant plus marketing. L’ESSEC a ainsi décidé l’an dernier de lancer le blog Management Education pour « animer la communauté de la formation permanente réunissant les anciens, les futurs participants, les professeurs et les professionnels RH », explique Caroline Hunkeler, en charge du développement du blog. Ce dernier, édité par une agence de conseil en marketing, draine « 1000 visites par mois, dont un tiers débouche sur le site Internet de l’ESSEC Management Education, et 50 % de lecteurs permanents », rapporte-t-elle. Bref, un nouvel outil de communication ludique et au moindre coût.

(1) 20% des internautes déclarent lire des blogs et 10% les commenter, soit davantage que la moyenne européenne (respectivement 17 % et 7 %), selon une enquête Forrester Consumer Technographics réalisée début 2007 sur 50.000 sondés dans sept pays.
(2) Comme Netvibes.com.

Marine Relinger | Publié le