Les chercheurs dénoncent la réforme du CNRS dévoilée par Pécresse

Fabienne Guimont Publié le

Sur le fond et dans la forme, la réforme du CNRS de Valérie Pécresse ne passe pas. Son annonce dans Le Monde daté du 21 mai 2008 , à la veille du conseil d’administration du CNRS qui devait en examiner le texte - théoriquement encore en consultation - a mis le feu aux poudres. Pour protester contre ce qu’ils considèrent comme « une « agression », les quatre représentants syndicaux siégeant au CA ont quitté la séance après avoir lu un texte. «Sous la langue de bois du « décloisonnement » et les promesses de « maintien du périmètre », le statut décidé pour les sciences de la vie et les sciences informatiques est le prélude d’un morcellement qui sera fatal à l’organisme ».

Sciences de la vie et informatique rattachées à d'autres organismes

La ministre a en effet annoncé au quotidien du soir que le CNRS serait transformé en une fédération de huit instituts (mathématiques, physique, chimie, sciences de l’ingénieur, sciences humaines et sociales, écologie et biodiversité, s’ajoutant aux deux existants en physique nucléaire et sciences de l’Univers) et deux directions (sciences du vivant et sciences informatiques). Ces deux directions seraient co-pilotées par l’INSERM, l’INRA et le CEA pour la première, et par l’INRIA pour la seconde. Les sciences humaines et sociales, qui craignaient d'être "sorties" du CNRS pour passer dans le giron exclusif des universités, deviendraient dans cette architecture nouvelle du CNRS le plus gros des instituts...

La pilotage de la recherche ramené au ministère

Les syndicats dénoncent une « vente à la découpe » du CNRS et « une main mise » du ministère qui nommera désormais les directeurs d’instituts alors que les directeurs scientifiques des départements sont actuellement nommés au sein du CNRS. Une manière cavalière de la ministre de passer outre l’avis du conseil scientifique du 14 mai 2008 qui avait voté pour que les directeurs des instituts soient nommés par la gouvernance du CNRS. Une intersyndicale appelle à s’opposer au démantèlement du CNRS. « L’academic pride » prévue le 27 mai 2008 à Paris risque de mobiliser davantage que prévu.

Fabienne Guimont | Publié le