Les écoles d'ingénieurs réclament leur licence

Delphine Dauvergne Publié le
Les écoles d'ingénieurs réclament leur licence
Un cours à Arts et Métiers ParisTech // ©  Arts et Métiers ParisTech
Les écoles d’ingénieurs envisagent d’élargir leur offre de formation en proposant aux étudiants une licence professionnelle, distincte du diplôme d’ingénieur de niveau bac+5. Une concurrence pour les universités ?

La France manque d'ingénieurs : c'est ce que ne cesse de répéter la Cdefi (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs). Pour pallier le nombre insuffisant de diplômés des écoles, l'association propose, dans son rapport destiné au comité d’expertise de la stratégie nationale de l’enseignement supérieur, de créer une licence dans les écoles d’ingénieurs.

Ce nouveau diplôme, généraliste, à visée professionnelle, permettrait de décrocher par exemple un poste d’assistant-ingénieur. Distinct du diplôme d’ingénieur bac+5, il n’a "pas pour but d’être un diplôme intermédiaire, mais un cursus différent", rappelle Christian Lerminiaux, président de la Cdefi. Cette licence serait sélective, mais plus facile d’accès que le parcours en cinq ans.

Les écoles d’ingénieurs veulent ainsi "suivre l’exemple des établissements anglo-saxons, qui développent des bachelor in engineering", souligne Christian Lerminiaux. Arts et Métiers ParisTech a d’ailleurs annoncé qu'il allait lancer son propre bachelor à la rentrée 2014. Destiné aux bacheliers STI2D, celui-ci peut leur permettre de poursuivre des études d’ingénieur, alors que la licence proposée par la Cdefi recruterait des profils plus variés, avec pour seul débouché l’emploi.

Un diplôme concurrent des formations universitaires ?

"Aujourd’hui, les entreprises sont en demande, affirme le président de la Cdefi. Si ce diplôme est assez attractif et l’embauche suffisante, les étudiants de licence n’auront pas envie de poursuivre d’autres études". Du côté des écoles, il ne relève "pas d’opposition particulière, même si certaines sont moins prêtes que d’autres à ouvrir rapidement un tel diplôme".

"Cela ne sera pas simple à mettre en œuvre, il faut convaincre le ministère de l’Enseignement supérieur que les écoles d’ingénieurs peuvent décerner d’autres diplômes que ceux d’ingénieurs", défend-il. Cette nouvelle formation risque de faire concurrence aux diplômes scientifiques déjà délivrés dans les universités. "La licence en école d’ingénieur sera plus adaptée au marché du travail et peut avoir un effet d’attractivité plus important", admet Christian Lerminiaux. Une manière de riposter aux masters d'ingénierie développés dans les universités ?

Delphine Dauvergne | Publié le