Les grandes écoles travaillent leur image

Cécile Peltier Publié le
Les grandes écoles travaillent leur image
La CGE prépare une campagne de communication pour mettre en avant ses 36 écoles de management. // ©  Christian Rivière
À l'inverse des discours anti-élite ambiants, une majorité des personnes interrogées dans le cadre d'un sondage CGE /TNS Sofres rendu public le 16 mars ont une bonne image des grandes écoles, synonymes d'une insertion professionnelle réussie. Ces établissements restent cependant méconnus.

Les filières sélectives ont la côte. Alors que les étudiants et les lycéens interrogés par L'Etudiant-EducPros se déclarent favorables à la sélection en master, 72% des 1.405 personnes interrogées dans le cadre d'un sondage CGE-TNS Sofres sur la perception des grandes écoles par les Français, rendu public mercredi 16 mars 2016, estiment que "les formations qui sélectionnent leurs étudiants offrent un diplôme mieux reconnu sur le marché du travail."

Une insertion qui apparaît comme une préoccupation essentielle. Pour six sondés sur dix, c'est la priorité d'une formation dans l'enseignement supérieur, loin devant l'épanouissement, le salaire ou les connaissances. 

Pour trouver du travail, ces interviewés font d'abord confiance aux BTS (41% des réponses), suivis par les grandes écoles (32%), les DUT (14%) et les universités (13%).

Les grandes écoles font rêver... les parents

Les grandes écoles ont bonne presse (80% d'opinion positive), en particulier chez les 16-20 ans (84%) et leurs parents (84%). Ils sont plus de 7 sur 10 (72%) à espérer que leurs rejetons intègrent une grande école et une prépa (70%). Les 16-20 ans, eux, ne sont "que" 50% à rêver d'une grande école et 41% à espérer entrer en prépa.

43% des sondés estiment que "le niveau scolaire et intellectuel requis" pour entrer dans une grande école n'est pas "accessible", contre 50% seulement des 16-20 ans et 51% des CSP -. Une forme "d'autocensure" contre laquelle Anne-Lucie Wack, présidente de la CGE (Conférence des grandes écoles) souhaite lutter.

Des ÉTABLISSEMENTS méconnus

Mais, à y regarder de plus près, la vision que les jeunes et leurs familles ont des grandes écoles est relativement floue. 78% estiment qu'il est difficile de s'orienter après le bac, en raison notamment d'une mauvaise information sur l'enseignement supérieur (66%).

Si 76% des sondés sont capables de citer au moins une école, les noms qui ressortent se limitent aux quelques établissements les plus prestigieux : l'ENA, Polytechnique, HEC, Sciences po, etc. Une vision élitiste, "qui ignore la grande diversité des 219 grandes écoles réparties à travers la France", déplore Anne-Lucie Wack.

Méconnues, les grandes écoles effraient en raison du coût des études, qui, pour la moitié des interviewés, constitue la principale différence entre une grande école et une université... "Ils ignorent que 60% des grandes écoles et 90% des CPGE sont publiques et donc presque gratuites", pointe-t-elle.

Une communication moins institutionnelle

La CGE va s'appuyer sur ses résultats pour améliorer sa communication en direction du grand public. "C'est un grand challenge : on va changer de braquet et passer d'une communication B to B [business to business] à une communication B to C [business to consumer]", poursuit la présidente de la CGE, qui vient d'investir dans une campagne de communication pour faire connaître ses 36 écoles de management. 

Francis Jouanjean, délégué général de la Conférence plaide pour une occupation du terrain : "Il faut aller dans les écoles, dans les lycées, informer les conseillers d'orientation, les professeurs en s'appuyant sur les outils modernes, comme les Mooc."

Selon lui, c'est la condition sine qua non pour toucher davantage d'élèves issus de milieux modestes. La Conférence, qui a fait de l'ouverture sociale "son chantier prioritaire", planche sur "un nouveau dispositif qui devrait permettre de passer de 4.000 à 40.000 élèves accompagnés par an, dès la 4e/3e...", selon Anne-Lucie Wack. 

Elle réfléchit aussi à la mise en place d'un "observatoire des coûts" des formations dans les grandes écoles. Autant de projets qui devraient être présentés le 12 mai prochain, lors de la grande journée de débats à Paris, où élèves, étudiants et parents seront appelés à "poser des questions aux directeurs".

 Des diplômés jugés chers par les PME
Les recruteurs ne connaissent guère mieux les grandes écoles que la moyenne des Français. Seulement 48% des DRH et des patrons interrogés dans le cadre de l'enquête CGE/TNS Sofres savent précisément ce qu'est une grande école, contre 84% pour les BTS, 71% pour l'université et 67% pour le DUT...

Un degré de connaissance qui varie fortement selon la taille de la structure. Dans les entreprises de moins de 100 salariés, 37% des interviewés se sentent bien informés, contre 63% chez les plus de 250 salariés et plus. La grande majorité des recruteurs a cependant une bonne image de ces établissements et plébiscite les compétences de leurs diplômés : aisance à l'oral, motivation, formation, capacité d'adaptation, maîtrise des langues étrangères...

Au moment d'embaucher, ces entreprises accordent la préférence aux BTS (à 35%, contre 15% pour les grandes écoles), en particulier dans les petites entreprises. "Un diplômé de grande école est relativement cher pour une PME, et souvent le directeur général, lui-même peu diplômé, hésite à embaucher ce type de profil", résume Francis Jouanjean, délégué général de la CGE. Pour la Conférence, tout l'enjeu sera donc de le convaincre du contraire.
Méthodologie
L'enquête a été menée par TNS Sofres du 7 au 11 janvier 2016 selon la méthode des quotas auprès d'un échantillon de 1.405 individus âgés de 16 ans et plus, interrogés via Internet. Elle s'appuie également sur 200 entretiens téléphoniques réalisés du 1 au 15 février auprès d'entreprises d'au moins 20 salariés.

Cécile Peltier | Publié le