Les lycéens manifestent, toujours plus nombreux

Reportage de Virginie Bertereau Publié le

Les lycéens ont défilé plus nombreux, jeudi 3 avril 2008 à Paris. Environ 6700 (selon la police) et de 15000 à 20000 (selon les organisateurs) manifestants – élèves et professeurs confondus – étaient dans la rue. Au programme, les mêmes banderoles, les mêmes slogans, les mêmes revendications que les jours précédents. « Non, non, non aux suppressions de postes », lit-on en tête de cortège. Une allusion aux plus de 11000 suppressions de postes d’enseignants prévues par le ministère de l’éducation nationale à la rentrée 2008. « Sauvons nos BEP », apparaît en rouge sur une pancarte, en référence à la suppression des BEP en quatre ans.

Tout est multiplié par deux

Il faut dire que le beau temps se prête plus à la promenade qu’aux révisions des examens... « Nous avons commencé à manifester depuis trois semaines, mais c’est aujourd’hui que le mouvement prend vraiment de l’ampleur», affirme Maeva, élève du lycée autogéré de Paris. « Regardez, là-bas, il y a une caméra », lance-t-elle en montrant un journaliste du doigt. « On s’intéresse enfin à nous… Mardi 8 avril, il faut s’attendre à un gros mouvement ». Ce jour-là, les lycéens doivent être reçus par le ministre Xavier Darcos, officiellement pour discuter de la réforme du bac. « Bien entendu, nous allons également l’interpeller sur les sujets qui nous préoccupent aujourd’hui. J’espère que le dialogue sera possible. S’il persiste à vouloir supprimer des postes, il va y avoir un problème... Cela relèverait au minimum de l'irresponsabilité, au pire de la provocation vis-à-vis du mouvement lycéen », déclare Léo Moreau, vice-président de l'UNL (Union nationale lycéenne). « On ne veut pas de réforme de l'École sur une logique de restriction budgétaire », a-t-il ajouté.    

Darcos condamne les débordements

Pour l’heure, au rythme des tambourins, on danse, on chante, on hurle le poing levé. « Ré-sis-tance », « Lycéens en colère, y en a marre de la galère ». Quand les cris s’essoufflent, des « chefs de troupe », armés d’un micro ou d’un haut-parleur, ravivent la flamme. « Vous êtes fatigués ! ». « On n’est pas fatigué ! », répond la foule. Et rebelote… Aux fenêtres des immeubles, les Parisiens regardent défiler le cortège. « Joyeux bordel dans mon quartier » chanterait Olivia Ruiz. Agrippés à leurs boucliers, matraques à la main, les CRS sont également sortis en masse. Ambiance plus tendue… A l’avant du mouvement, un journaliste de l'AFP aurait constaté des lancers de projectiles sur eux et des policiers en civil auraient interpellé plusieurs manifestants.

"Les proportions que prennent ces manifestations, les débordements qui les accompagnent sont regrettables", a déclaré Xavier Darcos, au rectorat de l'académie de Créteil lors de son déplacement pour témoigner son soutien aux personnels après les incidents survenus mardi et jeudi dans cette ville. Le ministre continue d'affirmer que pour lui il n'y avait "pas de raison chiffrée, objective" aux manifestations contre les suppressions de postes.        

Reportage de Virginie Bertereau | Publié le