Les référents racisme et antisémitisme investissent lentement les universités

Sophie Blitman Publié le
Les référents racisme et antisémitisme investissent lentement les universités
François Hollande et Najat Vallaud-Belkacem ont lancé la Semaine d'éducation contre le racisme et l'antisémitisme au musée de l'Histoire de l'immigration, lundi 21 mars. La moitié des universités ont aujourd'hui un référent sur le sujet. // ©  HAYTHAM/REA
Alors que se déroule la semaine de lutte contre le racisme et l'antisémitisme jusqu'au 28 mars, les chargés de mission référents tardent à être désignés dans les universités. Une demande pourtant annoncée il y a plus d'un an par la ministre Najat Vallaud-Belkacem.

Au lendemain des attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher de Vincennes, en janvier 2015, la ministre de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur avait lancé un grand plan de mobilisation de l'école. Najat Vallaud-Belkacem avait notamment recommandé de "désigner un référent 'racisme et antisémitisme' au sein de chaque établissement".

Un an plus tard, seule "la moitié des universités ont nommé un référent racisme et antisémitisme", estime Jean-Émile Gombert, qui suit le dossier à la CPU (Conférence des présidents d'université). Il faut dire que, si le plan de mobilisation date de janvier, les universités n'ont reçu que fin septembre une lettre de la DGESIP (Direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle) demandant officiellement de désigner un référent racisme.

Entre-temps, au mois d'avril, la CPU avait de son côté envoyé un courrier préconisant la création d'un référent laïcité. "On ignorait que le ministère allait faire cette demande qui a rejoint après coup celle de la CPU", explique sans détour Jean-Émile Gombert.

Un manque de concertation qui, ajouté au contexte électoral de nombre d'établissements, peut expliquer la lente mise en place des référents. Résultat : les deux missions sont souvent confiées à la même personne, mais pas forcément – ce qui ne simplifie pas les choses.

Mieux coordonner les événements

Sur le terrain, les référents racisme ont pour objectif d'informer et de sensibiliser le plus grand nombre, notamment lors de la semaine dédiée à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme qui se déroule du 21 au 28 mars 2016. Débats, projections, concours photo… Chaque établissement investit à sa manière l'événement.

"Avoir créé une mission 'égalité diversité' permet de mieux coordonner les événements qui étaient jusque-là plutôt organisés par des associations ou syndicats étudiants et d'en impulser d'autres au nom de l'université", souligne Pascal Tisserant, responsable de cette mission à l'université de Lorraine. Créée en avril 2015, la cellule travaille sur différents motifs de discrimination (âge, sexe, handicap, origine, religion et orientation sexuelle) dont le racisme et l'antisémitisme.

"Nous en sommes à la phase de sensibilisation", reconnaît l'enseignant-chercheur désireux de mettre en place de véritables dispositifs de lutte contre les discriminations. À condition, prévient-il, que l'université et le ministère en donnent les moyens.

Un Mooc et des colloques, mais peu de formation continue
Dans son plan de mobilisation, Najat Vallaud-Belkacem avait annoncé en janvier 2015 la création d'un Mooc dédié à la lutte contre les discriminations, le racisme, l’antisémitisme. Celui-ci s'est effectivement déroulé du 9 février au 22 mars 2016.

Par ailleurs, la CPU a organisé deux colloques sur le terrorisme et la radicalisation en mai 2015 et janvier 2016. Un troisième volet est prévu le 19 mai autour de la laïcité.

En revanche, la formation continue des personnels du supérieur, et notamment des enseignants, peine à se concrétiser sur le terrain.

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