Les syndicats de l’éducation sont d’accord pour l’autonomie des lycées mais pas celle proposée par le ministère

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Les syndicats de l’éducation sont d’accord pour l’autonomie des lycées mais pas celle proposée par le ministère
Etablissement autonomie // © 
Conseil pédagogique présidé par le chef d'établissement, heures laissées à la discrétion des lycées... La réforme du lycée a remis l'autonomie au centre des débats. Si les syndicats de l’éducation et les représentants de parents d’élèves sont d’accord pour donner plus de responsabilités aux établissements scolaires, ils n'adhèrent pas à l’autonomie proposée par le ministère de l’Éducation nationale. Surtout à l’heure des suppressions de postes. Le club Alain Savary a mis ces divergences en perspective.

Mercredi 1er juin 2011, des représentants de syndicats de l’éducation (SGEN, SNES, SNPDEN) et de la FCPE se sont retrouvés au siège de la Ligue de l’enseignement pour échanger sur l’autonomie des établissements scolaires. La réunion se déroulait à l’initiative du club de réflexion Alain Savary, proche de la gauche. Un court historique de la notion a permis de rappeler que l’autonomie, mise en œuvre par décret à partir de 1985, ne date pas d’hier. Dès 1890, des marges de manœuvre ont été laissées aux professeurs. 120 ans plus tard, avec la réforme du lycée et notamment la création d’un conseil pédagogique dans les établissements, l’autonomie revient au cœur des préoccupations.

« Desserrer le nœud de l’éducation » pour le SGEN-CFDT


Pour le SGEN-CFDT, la prise de responsabilités par les équipes pédagogiques est une « aspiration légitime ». « Le pilotage descendant, souvent excessivement tatillon, bloquant, est de plus en plus souvent mal vécu par les personnels, infantilisant », affirme Thierry Cadart, secrétaire général du syndicat, tout en rappelant « qu’une nouvelle articulation entre le niveau national et les initiatives locales est nécessaire ». Pour « desserrer le nœud de l’éducation », le SGEN-CFDT plaide pour une autonomie dans les programmes et les horaires. Il propose une part de la dotation horaire globale, « pas majoritaire, mais pas négligeable », pour la mise en place de projets dans les établissements. Il se dit également favorable à un contrôle des actions a posteriori, un contrat établissement-inspection, sans «évaluation sanction ». Une référence à l'académie du Calvados où les collèges qui afficheront un trop fort taux de redoublement pourraient obtenir moins de moyens à la rentrée 2011.

Réaction de rejet chez les professeurs pour le SNES


Le SNES s’est déclaré lui aussi favorable à l’autonomie, mais pas « façon ministère de l’Éducation nationale ». « Le mot est pollué par les politiques éducatives qui se sont succédées depuis 4-5 ans », lance Daniel Robin, co-secrétaire national du syndicat. Il évoque « une fausse autonomie », qui revient à gérer les situations locales avec moins de moyens, et provoque une réaction de rejet chez les professeurs. Et de lancer une pique : « Depuis 4 ans, tous les textes sur l’autonomie ont visé à renforcer le pouvoir du chef d’établissement, instaurant encore plus de hiérarchie ». Son voisin, Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN (Syndicat national des personnels de direction de l’Éducation nationale) appréciera…

L’éducation fonctionne en mode « tayloriste » pour le SNPDEN


Au SNPDEN, justement, on préfère le mot « responsabilité » à celui d’autonomie, trop « vague ». « Mais des responsabilités sans ressources, cela n’a pas de sens », remarque Philippe Tournier. Le représentant des chefs d'établissement soulève les questions de la gouvernance, de la régulation, du rôle de la communauté éducative… « Aujourd’hui, l’éducation est une succession de métiers hyper pointus, il n’y a pas de travail en commun. On est dans un fonctionnement tayloriste ».

« L’ère de la débrouille », selon la FCPE


Les parents d’élèves, représentés par Jean-Jacques Hazan, président national de la FCPE, s’interrogent également. « Qu’est-ce qu’on veut mettre dans l’autonomie ? ». Pour Jean-Jacques Hazan, il est logique de l’utiliser notamment pour les emplois du temps et les conditions de vie et de travail. Mais des progrès restent à faire car « aujourd’hui, on est dans l’ère de la débrouille, pas de l’autonomie, des responsabilités, de la liberté ».  

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