L’université d’Évry ancre son identité dans la génomique

Sophie Blitman Publié le
L’université d’Évry ancre son identité dans la génomique
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Implantée dans l’Essonne à proximité du bioparc Genopole, l’université d’Évry-Val-d’Essonne (UEVE) s’est imposée dans le paysage de l’enseignement supérieur avec un axe fort autour de la recherche en génomique et postgénomique appliquée à la santé et à l’environnement. Une construction progressive, qui révèle la mise en place d’une réelle stratégie pour affirmer l’identité de l’établissement.


Une réorientation stratégique il y a treize ans

« C’est en 1998 qu’a lieu un véritablement revirement, lorsque s’implante à Évry le Genopole »


L’université d’Évry-Val-d’Essonne (UEVE) a fait de la recherche en génomique et postgénomique sa spécialité, en mettant l’accent sur les applications biomédicales et environnementales, en lien avec les biotechnologies. Cependant, à sa création en 1991, le projet de l’université était axé autour des matériaux, suscitant l’ouverture d’instituts universitaires professionnalisés (IUP) dans ce domaine.

C’est en 1998 qu’a lieu un véritablement revirement, lorsque s’implante à Évry le Genopole, groupement d’intérêt public dont l’UEVE est membre fondateur avec l’Association française de myopathie (AFM). Sa mission : développer la biologie et favoriser le transfert de technologies vers les biotechnologies, alors que la concurrence scientifique avec les États-Unis, l’Allemagne ou l’Angleterre faisait rage.

Désormais, la génomique et la postgénomique sont au cœur du projet d’établissement. « Le Genopole nous a accompagnés dans cette mutation, à travers des incitations financières pour réorienter les recherches des laboratoires sur des programmes communs avec le Genopole », relate Jeanine Tortajada, vice-présidente du conseil scientifique de l’UEVE. Achat de matériel, mise en place de « bourses au retour » afin de faire revenir de l’étranger des postdoctorants dans le giron de l’UEVE, ou possibilité pour de jeunes chercheurs de monter des équipes avec des contrats sur trois ans ont été des appâts efficaces.

Un environnement scientifique privilégié


La réorientation de l’UEVE s’apparente à une seconde naissance, en quelque sorte, qui ancre l’établissement dans son territoire, au sein d’un environnement scientifique privilégié, à la fois public et privé.

En effet, dédié à la biotechnologie et à la génétique, le Genopole compte 24 laboratoires de recherche publics , dont 12 dépendent en partie de l’UEVE (avec le CNRS, l’INRA, l’INSERM et le CEA), et 59 entreprises, auxquels s’ajoutent 17 plates-formes technologiques et infrastructures mutualisées.

Un projet d’établissement affirmé


 « Nous ne pouvons qu’être spécifiques, et bons dans notre domaine »


Si l’UEVE affiche des travaux en ingénierie et en sciences humaines et sociales, le principal axe de recherche est, loin devant tous les autres, la génomique et la postgénomique. Un choix stratégique du fait de la relative petite taille de l’université. « Il est impossible pour nous de rivaliser avec les grandes universités qui nous entourent. Nous ne pouvons qu’être spécifiques, et bons dans notre domaine. » Pour soutenir ce projet, 80 % du budget recherche de l’université sont consacrés à cette spécialité.

L’investissement a porté ses fruits. En 2008, Jean Weissenbach a reçu la médaille d’or du CNRS et dirige aujourd’hui le Genoscope, le centre national de séquençage du génome. Par ailleurs, l’UEVE participe à deux projets lauréats de l’appel à projets Labex des Investissements d’avenir : Sciences des plantes de Saclay en biologie végétale et REVIVE dans le domaine de la biologie des cellules souches.

Une recherche qui doit tirer la formation vers le haut


Côté formation, « nous avons commencé par ouvrir des licences, raconte Javier Perea, professeur d’université du département de biologie de l’UEVE. Au début, nous participions à des DEA dont les diplômes étaient délivrés conjointement par plusieurs universités, avec Paris 6, Paris 7 ou Orsay. Puis est venu le LMD. C’est à ce moment que nous avons construit nos masters, parfois cohabilités. »

Reste à nouer davantage de liens entre la formation et la recherche. Une tâche difficile car les premiers cycles de biologie restent naturellement très généralistes, contrairement aux thématiques de recherche de Genopole qui sont, elles, très spécialisées. « En licence, les étudiants doivent apprendre les bases », rappelle Javier Perea. Néanmoins, certaines licences professionnelles très spécialisées, comme la licence en apprentissage « Biotechnologies appliquées aux industries des agroressources » (BAIA) qui ouvre à la rentrée 2011, peuvent « déboucher sur des emplois dans les laboratoires du Genopole, autour des biotechnologies », souligne Javier Perea.

Une relation plus facile à mettre en place au niveau des masters. Si certains diplômés rejoignent effectivement les laboratoires, « nous souhaiterions développer les connexions dans d’autres disciplines, lance Jeanine Tortajada, par exemple en droit du vivant ou des biotechnologies, mais aussi en économie de la biodiversité et de la santé, en e-médecine ou encore en sociologie du travail dans des biotechs : ce sont les formations de demain ! ».

Crédits photos :
Le futur Institut de biologie génétique et informatique © UEVE.
Les biotechnologies à l’UEVE © Service audiovisuel UEVE.

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