Lyon 3 : la reprise des cours de Bruno Gollnisch contestée

Agathe Rosier, à Lyon Publié le
Lyon 3 : la reprise des cours de Bruno Gollnisch contestée
Manif Unef // © 
Après cinq années de suspension, Bruno Gollnisch a repris cette semaine ses fonctions de professeur à l’université Lyon 3. Mercredi 14 septembre 2011, son premier cours magistral a suscité un rassemblement de protestation. Reportage.

« Ces dernière années, il y a eu un effort global de Lyon 3 pour enterrer ses heures sombres depuis sa création. Aujourd’hui, Gollnisch est synonyme de retour de flamme de l’extrême-droite », juge Nathan de Arriba-Sellier. Vice-président étudiant Unef de l’université, il fait partie des deux-cents personnes rassemblées mercredi après-midi devant l’entrée de l’université, à l’appel de plusieurs associations, partis et syndicats (1).
Bruno Gollnisch est revenu lundi à l’université Jean-Moulin enseigner le japonais et le commerce international, au terme de cinq années de suspension, durant lesquelles il a reçu la moitié de son traitement. En mai 2006, le Cneser l’avait sanctionné pour des « propos discriminatoires contraires à la déontologie universitaire et pour faute disciplinaire grave portant atteinte à la réputation, à l’ordre et au bon fonctionnement de l’Université Jean Moulin Lyon 3 ».

Les forces de l’ordre présentes

Autour d’une banderole « La jeunesse contre l’extrême droite » de nombreux étudiants militants argumentent. « On ne peut pas accepter que quelqu’un comme lui, qui n’a fait aucune excuse depuis cinq ans, soit accepté dans cette université » clame Yoann Sportouch, secrétaire général de l’UEJF Lyon. Raphaël, inscrit en 3e année de droit, a préféré confectionner sa propre affichette : « je préfère apprendre le japonais avec la wii plutôt qu’avec un nazi ». Il insiste : « Gollnisch a purgé sa peine, mais il n’a pas sa place ici parce qu’il est dans un parti anti-républicain frôlant le racisme ». Soudain, des cris couvrent les propos du jeune homme. « Bleu-blanc-rouge, la France aux Français!». Dans la rue, s’avance une douzaine de jeunes en noir se revendiquant du mouvement nationaliste L’Oeuvre Française. « Fachos hors des facs » contre « Gauchistes au goulag » les slogans bien rôdés s’enchaînent en cadence. Après une petite échauffourée avec des jeunes communistes, le petit groupe est isolé par les forces de l’ordre.

La présidence rappelle la motion votée en juillet

Devant le campus, les vigiles de l’université sont un peu tendus. « Il s’agit d’un dispositif exceptionnel, à cause de la manifestation. Nous verrons en fonction de ce qui se passera dans les jours qui viennent », précise Bernard Pascal, directeur général des services de Lyon 3. Le retour de Bruno Gollnisch porte un coup à Hugues Fulchiron, élu à la présidence en 2007 grâce à une « union sacrée » pour rompre avec les précédentes équipes. Mardi, le président a renvoyé par mail aux personnels une motion votée en juillet par son conseil d’administration. Ce texte rappelle l’impuissance de l’université face à «une réintégration de droit» et promet de garantir « la défense des libertés universitaires mais aussi le respect des obligations d’éthique et de dignité qui s’imposent à tous ceux qui font l’Université. »

Bruno Gollnisch serein

L’enseignant contesté affiche de son côté une grande sérénité, voire une certaine jubilation. Tandis que des manifestants s’époumonnent à l’extérieur, il est déjà devant la porte de son amphithéâtre. Ici, il est accueilli chaleureusement par Jean-Clément, étudiant, originaire du Sénégal, ravi d’avoir M.Gollnisch comme professeur. « Je trouve parfaitement ridicule de confondre une opinion politique ou une assertion avec une capacité d’enseignement » explique le jeune homme. Le cours débute. Bruno Gollnisch demande à la quarantaine de présents de remplir une petite fiche de renseignements et commence à discuter en japonais avec certains. « En dépit de la réputation qui m’est faite, j’ai les idées larges » répond-il à une jeune fille qui s’inquiète de savoir si son cursus un peu atypique pose problème. Pas d’autres allusions. Dehors, les étudiants se sont déjà dispersés.

(1) UNEF, LDH, SOS RACISME, LICRA, UEJF, HIPPOCAMPE,JOC, LMDE, ASSOCIATION RENE CASSIN, PARTI SOCIALISTE, PARTI COMMUNISTE,
EUROPE ECOLOGIE, PARTI DE GAUCHE, GAUCHE UNITAIRE, MJS, MJCF, UEC

Agathe Rosier, à Lyon | Publié le