Master en "management des universités" cherche candidats

Jessica Gourdon Publié le
Master en "management des universités" cherche candidats
L'IAE de l'Université Paris-Est Créteil // © 
L’université Paris-Est Créteil (UPEC) a créé en 2009 un master 2 en "management des universités", destiné à former de futurs cadres de ces institutions. Si les diplômés de la première promotion ont trouvé un emploi, la formation peine à attirer les candidats. Premier bilan à l'heure de l'autonomie des universités.

Lorsque l’UPEC (Paris-Est Créteil, ex-Paris 12) a lancé en 2009 un master 2 en « management des universités » , la nouvelle avait été accueillie fraîchement. Le fait que ce soit l’IAE (institut d’administration des entreprises) qui propose cette formation avait crispé certains universitaires, qui y voyaient le sabrage d’une certaine culture du service public. "Il y a eu des malentendus. On a associé management à privatisation. Notre souci, c’est plutôt d’accompagner l’autonomie des universités, et nous enseignons une vision nuancée et critique des logiques de performance", assure Arnaud Thauvron, le directeur de l’IAE.

Embauchés à 30 K€

Plus d’un an après, comment s’en sort la première promotion ? Plutôt bien, même s’il est difficile de raisonner sur des effectifs très limités (10 élèves en 2009-2010, dont 5 en formation initiale). Ces derniers, qui ont tous suivi le master en apprentissage, sont aujourd’hui chargés de mission dans des domaines variés (direction des études, vie étudiante, développement durable…). Embauchés en tant que contractuels, ils ont débuté avec des salaires d’environ 30 K€.

Une diplômée est par exemple chargée de mission "grand emprunt" auprès de la présidente de l’UPEC, Simone Bonnafous . "C’est intéressant car c’est très transversal, avec une dimension politique forte. Je fais à la fois du montage de projets, de la communication. Je suis l’interface avec notre cabinet de conseil, et avec les enseignants-chercheurs", témoigne-t-elle.

Une filière porteuse

Pour Stéphanie Mignot-Gérard, maître de conférences spécialiste des politiques universitaires et directrice du master, pas de doutes : cette filière est porteuse, et les besoins de recrutement sont évidents. "Les universités, en pleine mutation managériale, manquent de cadres très transversaux pour monter des projets, développer les stratégies d’alliances, produire des indicateurs de performance intelligents, des tableaux de bord, monter des partenariats à l’international."

Des compétences dont ne disposent pas forcément les lauréats des traditionnels concours de la fonction publique, et qui nécessitent une connaissance des enjeux globaux de l’enseignement supérieur. Seul bémol : les moyens limités dont disposent les universités pour embaucher ce type de jeunes diplômés. Mais Stéphanie Mignot-Gérard ajoute : "ce master a aussi vocation à former des cadres des grandes écoles, ou des consultants spécialisés".

Peu de candidats

Le vrai problème que rencontre aujourd’hui ce master est le faible nombre de candidats : une trentaine pour 12 admis à la rentrée 2010, alors qu’il est ouvert à tous les profils, notamment en sciences humaines ou sciences politiques. Les autres UFR de l’UPEC, notamment en économie ou en sciences sociales, ne se pressent pas pour en faire la promotion auprès de leurs étudiants, et ceux de l’IAE sont avant tout intéressés par des carrières dans le privé, plus rémunératrices.

"On peine à attirer les étudiants. Cette année, j’ai eu plus d’offres d’apprentissage que de candidats", regrette Stéphanie Mignot-Gérard. Une question d’image, peut-être trop "plan plan", de l’administration universitaire ? "Pourtant, c’est un secteur qui est porteur de sens, et qui est en pleine révolution. Et puis, ce sont des défis énormes : une université comme l’UPEC, ce sont 2 600 salariés et 213 millions d’euros de budget", pointe Arnaud Thauvron. Pas le temps de s’ennuyer devant la machine à café.

Jessica Gourdon | Publié le