Fundraising : après les anciens, l'X cible les entreprises

Propos recueillis par Céline Authemayou Publié le
Fundraising : après les anciens, l'X cible les entreprises
12% des 22.000 anciens de l’X ont contribué à la première levée de fonds. // ©  Jérémy Barande - Ecole polytechnique
De 2008 à 2013, la première levée de fonds en faveur de l’École polytechnique avait permis à la Fondation de l’X de récolter 35,2 millions d’euros. L’institution s’apprête à mener sa deuxième campagne. Cette fois-ci, elle s’adressera aussi bien aux entreprises qu’aux anciens. Explications de Jean-Bernard Lartigue, délégué général de la Fondation de l’X, à l'occasion de la conférence EducPros du 29 janvier sur le fundraising.

Pour la première campagne de levée de fonds, qui s'est tenue de 2008 à 2013, seuls les anciens avaient été sollicités. Vous souhaitez désormais impliquer également les entreprises. Pour quelles raisons ?

undefinedEn France, le don de personnes physiques – contrairement au don de personnes morales – est beaucoup moins développé que dans d'autres pays, anglo-saxons notamment. En 2008, nous souhaitions "marquer le coup" et montrer que nos anciens étaient capables de se mobiliser pour leur établissement. Nous nous étions fixé un objectif de 25 millions d'euros. Les anciens installés en France nous ont dit "vous êtes fous, c'est beaucoup trop" et ceux implantés à l'international, "pourquoi si peu ?". Très vite, nous avons atteint notre objectif et nous avons donc visé 35 millions d'euros. Et récolté au final 35,2 millions d'euros. Sur les 22.000 anciens de l'X, 12% d'entre eux ont contribué à la campagne.
Désormais, la sollicitation des entreprises nous permettra de monter en puissance. La somme visée reste encore à définir mais elle sera bien évidemment supérieure à celle de la précédente campagne.

Cette hausse d'ambition s'avère-t-elle nécessaire, dans un contexte budgétaire tendu pour les établissements d'enseignement supérieur ?

Notre objectif est clairement de soutenir la nouvelle stratégie de l'école, mise en place en 2013. De cette stratégie découlent de nouveaux besoins de financement dans un contexte où les aides de l'État n'augmentent pas. L'école dispose de plusieurs leviers. Je pense, par exemple, au développement de la formation continue. Le mécénat en est un autre.

Les fonds récoltés de 2008 à 2013 ont permis de financer, entre autres, les nouveaux laboratoires de l'école, à hauteur de 9 millions d'euros. Quels seront les prochains grands chantiers soutenus par la récolte de dons ?

Ce ne sont encore que des grandes lignes mais, d'ores et déjà, quatre points apparaissent. Tout d'abord, un gros volet sera cette fois encore dédié aux bourses. Que ce soit les bourses d'excellence ou les bourses à destination des élèves étrangers. Avec une évolution concernant ces dernières : les élèves recevront une partie sous forme de bourse complétée par un prêt. Cela permettra de les aligner sur leurs camarades français, qui devront rembourser leurs études de façon plus structurée que ce n'est le cas actuellement. Ensuite, il y aura une partie ciblée vers l'égalité des chances, une autre vers l'enseignement et la recherche, pour aider notamment l'établissement à recruter des enseignants-chercheurs de stature internationale. Enfin, ce sera la nouveauté, une partie de l'enveloppe sera consacrée à l'entrepreneuriat et à l'innovation, axes importants dans la stratégie de développement de l'école.

Il faut redévelopper avec l'école un business plan des actions à financer dans le cadre de cette nouvelle levée de fonds.

La campagne, officiellement lancée durant le quatrième trimestre 2015 pour une durée de cinq ans, est en phase silencieuse. Quels sont aujourd'hui les axes de travail ?

Outre le bilan à tirer de la précédente campagne, il faut redévelopper avec l'école un business plan des actions à financer dans le cadre de cette nouvelle levée de fonds. Une fois le business plan établi, nous devrons préparer un argumentaire. Il s'agit là d'un véritable travail de marketing, que nous menons avec un cabinet extérieur. Quels seront les axes les plus vendeurs pour nos anciens comme pour les entreprises ? Il ne s'agit pas de dire "nous avons besoin d'argent" mais "voici les projets ambitieux auxquels nous vous proposons de contribuer". En sachant que les grands donateurs peuvent flécher leur don.

Cette campagne va être lancée dans un contexte particulier pour l'École polytechnique, qui rejoint l'université Paris-Saclay. Cette nouvelle situation complexifie-t-elle votre travail ?

Il est vrai que les anciens et les donateurs se posent des questions au sujet de l'université Paris-Saclay. À nous de leur expliquer en quoi cela est une force. L'université sera un pôle d'enseignement et de recherche de taille internationale, tout en permettant aux grandes écoles de garder leur personnalité. Il existe déjà un campus de pointe dont l'X est le cœur. Paris-Saclay offre l'opportunité d'élargir le rayonnement, à l'image de la situation du MIT (Massachusetts Institute of Technology), aux États-Unis.

"Fundraising : comment mieux mobiliser vos réseaux pour lever des fonds ?"
Le programme de la conférence EducPros du 29 janvier 2015.
Propos recueillis par Céline Authemayou | Publié le