Médecine : les ECNi démarrent sans heurts

Virginie Bertereau Publié le
Médecine : les ECNi démarrent sans heurts
Passés sur tablette tactile, les premiers ECNi révolutionnent l'évaluation dans les facultés de médecine. // ©  Virginie Bertereau
Après une série de tests peu concluants réalisés au cours des derniers mois, les premières ECNi (épreuves classantes nationales informatisées) ont débuté lundi 20 juin 2016. Sans aucun bug constaté, pour le moment.

Le moment est-il historique pour l'éducation numérique ? Lundi 20 juin 2016, 8.198 étudiants en sixième année de médecine ont débuté les ECNi (épreuves classantes nationales informatisées) en simultané dans 34 centres d'examen. Une première journée qui s'est déroulée sans heurts. Les épreuves sont organisées sur trois jours. Deux jours "de secours" supplémentaires ont été prévus en cas de bug.

"Pour le moment, cela fonctionne. Nous n'avons pas eu de remontée ni ici, ni au niveau national, assure Jean-Luc Dubois-Randé, le doyen de la faculté de médecine de l'Upec (université Paris-Est-Créteil-Val-de-Marne) et président de la Conférence des doyens des facultés de médecine. Les ECNi représentent toutes un symbole : le passage à l'ère numérique".

Un avant-goût amer pour les étudiants

Pas sûr que la #PromoCrashTest – comme se surnomment les étudiants – partage, pour le moment, son enthousiasme... En décembre 2015, le premier test grandeur nature s'était révélé un échec cuisant. En mars 2016, le système avait planté le troisième jour, durant l'épreuve de LCA (lecture critique d'articles).

Cette fois-ci, le CNG (Centre national de gestion), qui organise les ECNi, a assuré ses arrières et a cédé à la pression des étudiants et des universités : les deux articles proposés à l'étude ont été tirés sur papier.

Un gain d'efficacité, de temps et d'argent

Pourquoi déployer tant d'efforts, au-delà de vouloir moderniser le dispositif ? "Avec les tests, nous nous sommes aperçus que les notes s'étiraient davantage, que nous n'avions plus de 'gros paquets' d'étudiants. L'ECN devient vraiment classant", plaide Jean-Luc Dubois-Randé.

L'intérêt est aussi économique, même si "les ECNi n'ont pas été créées pour cela", assure le président de la Conférence des doyens des facultés de médecine. Les épreuves sont en effet passées au sein même de chaque université et nécessitent donc moins de logistique.

En outre, des économies sont réalisées sur la correction des copies, déshumanisée et automatique. Les résultats doivent donc tomber plus tôt que les années précédentes, le 29 juin 2016.

une diffusion aux autres cycles 

Pour l'heure, la promotion 2016 compose donc, en théorie, jusqu'au mercredi 22 juin. Si ces ECNi se déroulent comme prévu, les facultés de médecine envisagent de donner plus de place aux vidéos et d'intégrer des "tests de concordance de script".

De façon plus générale, elles imaginent déjà avancer sur d'autres projets en matière d'enseignement et d'évaluation numériques : en troisième cycle, pour la formation continue et même en Paces (première année commune aux études de santé), où les cours en présentiel se font de plus en plus rares. L'évolution pourrait également se propager à d'autres filières. "Le droit, la pharmacie, le paramédical...", évoque Jean-Louis Dubois-Randé. La révolution ECNi est en marche.

Vers une évolution du certificat de compétences cliniques
La Conférence des doyens souhaite que le CCC (certificat de compétences cliniques), qui sanctionne aujourd'hui la fin du deuxième cycle, évolue. "La maquette serait nationale, détaille Jean-Louis Dubois-Randé. Pour le décrocher et pouvoir passer les épreuves classantes, les étudiants français et européens [413 d'entre eux passent les ECNi 2016, soit plus du double qu'en 2013] devraient obtenir la moyenne. Basé sur des scénarios, avec l'aide de la simulation, et un examen clinique du patient, il permettrait de revaloriser les stages en amont et de lutter contre le bachotage."

Avec l'accord du ministère de la Santé, le nouveau CCC pourrait être activé en 2017, au moment de la réforme du troisième cycle des études médicales.

Virginie Bertereau | Publié le