Nantes inaugure sa villa Médicis pour chercheurs

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Avec sa résille colorée recouvrant la façade et ses terrasses plongeant sur la Loire, l’Institut d’études avancées (IEA) flambant neuf inauguré le 27 février 2009, à Nantes, est une réussite architecturale (Ferrier/Gazeau/Paillard). Les 17 chercheurs étrangers invités depuis janvier y bénéficient de conditions exceptionnelles pour mener leurs recherches pendant quelques mois : bureau personnel, bibliothèque, salle de réunions… et à terme, des logements qui les accueilleront avec leur famille.

Confronter les points de vue entre chercheurs du Nord et du Sud

Devant recevoir, dès la rentrée 2009, une promotion annuelle d’une vingtaine de chercheurs du monde entier, l’IEA se veut interdisciplinaire dans le large champ des sciences humaines et sociales. Objectif de cette «villa Médicis pour chercheurs » : confronter et enrichir les approches scientifiques entre les pays du Nord et ceux du Sud, et « aider à une meilleure compréhension du monde actuel dans toute sa complexité », selon Alain Supiot son directeur.

Parmi les 17 résidents accueillis en janvier figurent par exemple une historienne américaine travaillant sur les questions de droit et propriétés dans la Russie impériale, un économiste italien étudiant les politiques d’excellence territoriale en Europe, une sociologue brésilienne analysant les changements sociaux liés à la migration et au tourisme ou encore un sociologue indien qui étudie les conséquences de la disparition des villages dans son pays.

«C’est l’occasion d’une ouverture formidable à d’autres approches et champs de la recherche », analyse Danouta Liberski, ethnologue au CNRS qui travaille sur les questions des rapports à la terre en Afrique. « Les collègues des pays du Sud arrivent avec des questionnements un peu différents ce qui donne des pistes nouvelles de réflexion. Et puis même si nos laboratoires de recherche français sont également des lieux d’échanges, les discussions sont souvent plombés par des tâches administratives.»

Totale liberté scientifique après une sévère sélection

Chaque invité est sélectionné par un comité scientifique sur la base d’un projet personnel (sans obligation de production), leur réunion visant à créer une pépinière de liens et de collaborations durables entre intellectuels de tous les continents. «Les chercheurs sont extraits de leur milieu et de leurs obligations professionnelles et nous leur donnons toute latitude et liberté pour développer leur recherche », explique Alain Supiot, professeur de droit à l’université de Nantes.

Un projet de 14 millions d'euros

Installé sur le site de l’ancien stade Marcel Saupin (en lieu et place de la tribune sud), à quelques minutes à pieds du centre-ville, l’IEA partage ses nouveaux locaux avec la Maison des sciences de l’Homme Ange Guépin. Ces deux institutions sont réunies autour de certains services communs comme la bibliothèque et le personnel associé.

Le projet a été soutenu - depuis son origine en 2003 - par Nantes métropole (communauté urbaine réunissant 24 communes), maître d’ouvrage du bâtiment. Celui-ci est mis à disposition gratuitement par la communauté urbaine qui participe également au budget de fonctionnement de l’IEA (450 000 € de subvention annuelle). Autres partenaires ayant financé la construction du bâtiment : l’Etat, la Région, le Conseil général, et le FEDER. Coût total de l’opération : 13,7 millions d'euros.

Une fondation d'utilité publique

Fonctionnant sur le mode d’une fondation reconnue d’utilité publique, l’IEA comprend huit salariés permanents (dont quatre documentalistes) et bénéficie de financements mixtes, publics (Nantes métropole, Région, réseau français des IEA, université de Nantes) et privés (Veolia Eau, Suez environnement). «Ce statut garantit notre indépendance, c’est la grande différence avec le financement contractuel de la recherche », poursuit Alain Supiot.
L’Institut de Nantes est l’un des quatre membres du Réseau français des IEA (avec Paris, Lyon et Marseille), seul réseau de sciences humaines inscrit au titre des RTRA (Réseaux thématiques de recherche avancée), créés en mars 2007.
Pour l’année 2009-2010, vingt chercheurs ont été retenus sur les 45 candidatures enregistrées.

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