Niveau en sciences : les profs aussi ont des lacunes

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Il n’existe pas d’enquête PISA pour évaluer le niveau de connaissances des enseignants dans leur discipline. Mais un récent avis de l’Académie des sciences sur la formation continue des professeurs de sciences* pourrait bien décomplexer les élèves sur leurs performances.

À quelques semaines de l’annonce ministérielle d’un plan pour les sciences à destination des élèves, l’Académie des sciences s’alarme, elle, de la piètre formation continue des professeurs dans cette matière . Toutes disciplines confondues, ce sont toujours les mêmes enseignants qui suivent des stages de formation continue, et ils représentent moins de la moitié du corps enseignant.

Des enseignants déconnectés de leur discipline

En ce qui concerne les professeurs de sciences, ils « sont moins engagés (en volume hebdomadaire) dans le maintien permanent d’un lien avec la science », souligne l’Académie. Celle-ci fait le parallèle avec les médecins ou les ingénieurs pour montrer que l’excellence de la formation initiale ne suffit pas en elle-même pour enseigner une discipline en évolution permanente et à la frontière de plusieurs matières (biologie, physique, chimie, mathématiques...). « Les élèves sont exposés aux grandes questions de l’époque (climat, énergie, environnement, développement) dont les aspects scientifiques relèvent d’une approche globale, pluridisciplinaire et de capacités de synthèse que doivent mettre en œuvre les professeurs. »

Parmi les freins à la formation continue, l’Académie pointe l’absence d’obligation et de reconnaissance des formations dans la carrière. Elle souligne surtout la réelle difficulté de former les enseignants sur le temps scolaire (avec la nécessité de trouver des remplaçants) ou hors temps scolaire (ce que seulement 9 % des profs accepteraient). L’Académie remet aussi en cause le caractère endogame de la formation continue en sciences assurée principalement par des inspecteurs et des formateurs (et pas assez par des chercheurs, des universitaires ou des ingénieurs). Elle souligne également que l’offre de formation « est le plus souvent en prise sur les instructions ministérielles et trop rarement sur les champs scientifiques ».

Un plan pour les sciences à destination des profs ?

Pour « rapprocher les professeurs de la science », l’Académie propose en quelque sorte un plan d’urgence pour les sciences à destination des enseignants, avec des recommandations à court et long terme. Très rapidement, elle propose de « mettre en place une structure nationale de dialogue entre le ministère de l’Éducation nationale, les recteurs et les établissements susceptibles d’assurer des formations continues (universités, organismes de recherche, association de professeurs) ». L’idée est de prendre appui sur des structures qui dispensent déjà des formations pointues mais pas assez reconnues, tels les IREM (instituts de recherche sur l’enseignement des mathématiques) et des organismes comme le CNRS et le CEA.

L’Académie déplore en outre que « la plupart des enseignants ne conservent guère de lien, intellectuel ou pratique, avec l’université qui les a formés ». D’où l’idée d’impliquer davantage les universités dans la formation continue, avec la création, par exemple, d’un diplôme d’université (DU). « Les actions de chaque université devraient même figurer dans le plan quadriennal et être rigoureusement évaluées. »

Derrière « le plan » de l’Académie se dessine aussi la crainte que la masterisation entraîne une concentration des stages de formation sur la première année de carrière des enseignants. « Les moyens de la formation continue tout au long de la vie, déjà rares, risquent d’être absorbés pour pallier l’insuffisance de la formation initiale », est-il précisé dans l’avis.



* « La formation continue des professeurs enseignant les sciences à l’école, au collège, au lycée », Académie des sciences, novembre 2010.

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